Florange : et le Mittal gagnant ?
L’annonce de la fermeture des hauts-fourneaux P3 et P6 de Florange par ArcelorMittal a mis la Lorraine sous le choc. La chasse aux repreneurs est annoncée par le gouvernement et le fameux projet Ulcos (de fabrication d’acier propre) s’affiche comme l’un des saluts du site lorrain… si la Commission européenne le retient !
Empêcher la fermeture d’usine est-il un combat sans fin ? Au moment où Florange, la vallée de la Fensch et toute la Lorraine sont «sous le choc» pour reprendre les termes de Roger Cayzelle, président du Conseil économique social et environnemental (CESE) Lorraine, après l’annonce d’ArcelorMittal, le 1er octobre en comité central d’entreprise, de la fermeture définitive des hauts-fourneaux P3 et P6 (à l’arrêt depuis plus d’un an), la question est, souvent à couvert, posée même par celles et ceux qui luttent depuis quatorze mois pour tenter de sauver le dernier bastion de la sidérurgie lorraine. Leur combat est grand, fort, exemplaire, déterminé, mais comment faire face à une économie dictée par des lois de marché dévastatrices. C’est tout simplement un «meurtre social» qui se prépare à Florange. 629 emplois de la filière liquide (celle qui permet via les hautsfourneaux de produire la fonte, puis des plaques d’acier à partir de minerai de fer et de charbon) seront détruits sur le site qui compte 2700 salariés plus les dommages collatéraux pour les sous-traitants et toute l’économie locale construite autour de l’usine. Même s’il reconnaît les savoir-faire lorrains, Henri Blaffard, vice-président d’Arcelor Mittal Europe, justifie la fermeture des hauts-fourneaux par la chute de la demande d’acier. Une chute estimée à 25 % par rapport à 2007 avant la crise. «ArcelorMittal fait le choix d’une stratégie de ressources financières de court terme privilégiant ainsi des investissements dans les activités minières plutôt que dans la sidérurgie (…) Il fait également preuve d’une vision de court terme en prenant prétexte d’une conjoncture actuellement défavorable pour l’acier en Europe. C’est sous-estimer la caractère éminemment cyclique de l’acier», rétorque le président du CESE Lorraine en se basant sur le rapport de Pascal Faure, expert chargé par le gouvernement de trouver un repreneur pour les hauts-fourneaux lorrains.
Chasse au repreneur
La chasse au repreneur est donc ouverte et l’échéance est fixée au 1er décembre. «Nous nous mobilisons pleinement pour assurer la recherche d’un repreneur disposant d’un véritable projet industriel afin de pérenniser l’activité du site de Florange. Nous sommes vigilants à ce qu’ArcelorMittal donne accès à toutes les informations nécessaires pour que cette recherche ait les meilleures chances de réussir», assure Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif. Une vingtaine de potentiels repreneurs seraient dans le viseur de l’Etat mais il est encore trop tôt pour faire des plans sur la comète. Si la mobilisation est toujours forte, avec blocage de l’usine et venue en masse des différentes personnalités syndicales nationales, la résignation est palpable. L’acier lorrain se meurt depuis plus de trente ans mais personne ici ne peut (ne veut) croire à sa totale disparition. Le 16 octobre, le plan social devrait démarrer à en croire la CGT, avec un accord de méthode. La CGT refuse de participer à la négociation et appelle les autres organisations syndicales au boycott. La Lorraine, coeur d’acier…à jamais.