Flandres, Wallonie et Nord-Pas-de-Calais recrutent
La Flandre belge frontalière a besoin de maind’oeuvre. Avec un taux de chômage avoisinant 7%, le besoin en ressources humaines est une problématique que le royaume essaie de résoudre en communiquant vers l’étranger, en premier lieu la France. En 2012, plus de 5 300 entreprises belges frontalières comptent procéder à des embauches.
L’enquête BMO transfrontalière No r d – P a s – d e – Calais/Belgique révèle les chiffres clés des besoins d’outre-quiévrain. D’abord en ciblant et en qualifiant les besoins par métier : on cherche des électriciens du bâtiment, des soudeurs qualifiés, des ouvriers du gros oeuvre ainsi que dans le second oeuvre, des maçons, des plâtriers, des carreleurs, des spécialistes de la maintenance mécanique et des ouvriers non qualifiés dans l’extraction. Dans les services, les besoins sont aussi importants : éducateurs spécialisés, employés de maison et femmes de ménage, attachés commerciaux. Les métiers les plus en tension sont les premiers cités. C’est dans ces branches que les Français ont donc le plus d’opportunités. C’est là aussi où les tarifs grimpent au vu de la raréfaction des compétences : les soudeurs français travaillant à Anvers via une agence intérim peuvent espérer près de 4 000 euros/mois (déplacement compris)… Les projets de recrutement des entreprises belges frontalières sont répartis comme suit : 42% concernent les services (soit près de 5 700 recrutements), 25% sont relatifs à l’industrie manufacturière (3 500 postes), 12% relèvent de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire (1 700 emplois). Idem dans le commerce. Enfin, 9% des projets de recrutement proviennent du secteur de la construction.
En Wallonie aussi, la ressource humaine manque. Les zones géographiques les plus attractives de Flandres ne sont pas les plus proches. En effet, les cantons de Furnes et d’Ypres totalisent ensemble près de 3 200 postes à pourvoir tandis que ceux de Courtrai et de Roulers avoisinent 10 500 emplois à prendre. Pour autant, “le pôle de Furnes se démarque fortement des trois autres pôles avec un taux de saisonnalité très élevé et moins de difficultés dans les recrutements que les autres pôles. Le pôle de Courtrai et, dans une moindre mesure, celui de Roulers sont ceux qui pèsent le plus dans les intentions d’embauche de Flandre belge frontalière. Ce sont également ceux qui prévoient le plus de recrutements permanents. Dans le pôle d’Ypres, plus de la moitié des projets sont jugés difficiles et quatre sur dix font l’objet de recrutements saisonniers”, indiquent les auteurs de l’étude. Dans ces quatre territoires, la proportion d’entreprises déclarant embaucher est comprise entre 19,7% (Ypres) et 25% (Courtrai). Plus loin, on observe qu’en Wallonie picarde frontalière, 4 599 projets de recrutement sont à l’oeuvre. Parmi ceux-ci, 39% sont en difficulté, 7% sont des saisonniers et près d’un quart des entreprises de ce territoire comptent effectivement embaucher. Les métiers en tension sont ceux de vendeurs (en particulier en ameublement, équipement du foyer, brico-lage, textile), dans les services comme l’aide à domicile, les ménages, les professions médicales (infirmières, aides médicales), les commerciaux et dans l’automobile (mécaniciens et électroniciens). En 2012, 1 700 entreprises de Wallonie picarde escomptent procéder à des embauches, soit un taux de 23%… Bémol, “les employeurs wallons éprouvent beaucoup plus de difficultés de recrutement que leurs homologues français mais moins que leurs homologues flamands”. La langue ne semble donc pas être un obstacle.
Peu d’encadrants, beaucoup de métiers techniques. A Tournai, premier pôle de recrutement en 2012, on constate que les postes relatifs à la saisonnalité sont presque inexistants contrairement aux territoires de Mons et d’Ath. La proximité géographique ne conditionne pas forcément la saisonnalité des postes basés sur le tourisme transfrontalier. Côté profil de postes, la Wallonie attend avant tout des employés dans la vente, le tourisme et les services (38% des recrutements), 16% de profils dédiés à l’industrie, 12 % dans des métiers divers allant d’ouvriers non qualifiés à ouvriers horticoles, 9% d’employés dans la construction et le bâtiment, 9% dans le social et le médical, 6% dans des fonctions administratives et 2% de techniciens. Et la Wallonie a besoin aussi de 8% de professeurs, d’ingénieurs et pharmaciens. En Flandres, les proportions sont moindres concernant l’encadrement (5%) et plutôt similaires sur les autres types de profils, à part les ouvriers dans l’industrie qui sont plus demandés (20% des profils les plus recherchés). Dans la région, on recrute aussi. Mais moins. En tendance sur deux ans, l’évolution de ces besoins montre un accroissement. Ainsi, les projets de recrutement en Nord-Pas-de- Calais augmentent de 1,2% entre 2011 et 2012. D’autre part, la difficulté à embaucher s’accroît elle aussi : 34% des postes recherchés sont en tension, soit une augmentation de 1,5%. A la baisse, les projets de recrutement des saisonniers qui s’établissent à 26% en 2012, en décrue de 0,8%. Baisse également du nombre d’établissements déclarant vouloir embaucher, avec 17% en 2012, en recul de 0,6%. Dernière baisse, le nombre de projets de recrutement en France entière qui chute d’un demi-point avec un taux de 5%…
La région recrute aussi…La typologie des métiers recherchés est très différente de chez nos voisins belges. Ainsi, la région a fortement besoin de candidats dans les services (voir schéma ci-dessus) : 50 000 postes, soit 67% du total des projets de recrutement. Tous les métiers en forte tension sont issus des services. Au hitparade des postes attractifs, on compte les aides à domicile, les aides ménagères, les ingénieurs, les cadres R&D, les informaticiens, les cuisiniers et les serveurs. Plus que jamais, la concurrence entre employeurs français et belges est de mise mais malheureusement pas assez pratiquée. L’aide à domicile de Zuydcotte a-t-elle ainsi intérêt à ne pas franchir la frontière ? Les disparités territoriales en termes de projets de recrutement sont variables et parfois étonnantes : si Calais ne fait pas preuve d’un grand dynamisme avec une baisse de 0,6% de projets de recrutement, la Flandre française, d’habitude si dynamique, enregistre une baisse de 7,6%. Valenciennes, la Sambre, l’Avesnois, l’Artois et le Ternois sont plus ou moins à la baisse tandis que le Montreuillois, l’Audomarois, le Cambrésis, et la Métropole augmentent raisonnablement. Les plus fortes variations percent dans le Douaisis qui dégringole de près de 25% en termes de projets de recrutement, montrant ainsi l’impact que peut avoir la mono-industrie automobile. Autre variation d’ampleur (positive), les bonds que font le Bassin minier (+23,8%), le Dunkerquois (+19,6%) et le Boulonnais (+13,3%). Les concurrences territoriales pour attirer les meilleurs salariés ne sont plus régionales mais doivent dépasser les frontières proches. Pour tirer vers le haut salaires et productivité.