Flamoval reconduit, le territoire attentif
Le couvert est remis pour le dossier Flamoval. L'incinérateur de déchets - le Centre de valorisation énergétique comme l'appelaient les élus d'avant le dernier scrutin municipal - vient de voir se terminer sa seconde enquête publique. La première avait été attaquée par une association de riverains qui était parvenue à la faire retoquer par le tribunal administratif. La seconde a fait l'objet d'un avis favorable, remis le 1er juillet dernier à la préfecture et au Syndicat mixte de Flandre-Morinie (SMFM).
Le 12 juin dernier, le conseil municipal d’Arques avait émis un avis défavorable sur l’autorisation d’exploiter l’incinérateur Flamoval, devant une foule venue nombreuse assister à la séance. La nouvelle majorité s’oppose désormais à ce projet mais n’a pas, pour l’instant, d’alternative… Selon le docteur Richard, président de l’APSH, la pertinence de cet équipement n’est pas seulement douteuse ; elle est dangereuse et ne constitue même pas la solution «la moins pire». Démonstration : le coût moyen du traitement des déchets en France est de 100 euros/an/habitant (contre 59 euros en Alsace sans incinérateur). Dans l’Audomarois, le docteur Richard indique que 282 570 personnes apportent à l’incinération leurs déchets. Flamoval est, entre autres, prévu pour 30 ans. Selon le médecin, le calcul suivant doit convaincre les pouvoirs publics : 100 euros – 59 = 41 euros/an/habitant : 41 x 282 570 habitants font ainsi près de 11,6 millions d’euros, qu’il faut ensuite multiplier par 30. Conclusion du président de l’APSH : l’économie globale du traitement sans incinérateur atteint près de 350 millions d’euros. «Les filières de recyclage et réemploi sont par ailleurs génératrices d’emploi ; l’entretien d’un incinérateur est très coûteux − 10 millions d’euros. L’image de Bonduelle est dégradée et la préservation des ressources naturelles, compromises. Sans compter les bénéfices sanitaires», égrène-t-il.
«Mon avis n’est pas révolutionnaire». Pendant la seconde enquête publique, l’incinérateur tournait parfois au ralenti. La maintenance et des problèmes de process ont fait monter les stocks de matière jusqu’en avril dernier selon nos informations. Fin mai, la visite du commissaire-enquêteur Jean-Daniel Vazelle pouvait rassurer : «Je n’ai pas vu d’entrepôts pleins (….). Mon avis n’est pas révolutionnaire», assure-t-il. Son avis, rendu le 2 juillet, vient tout juste d’être rendu public par la préfecture, tandis que le SMFM ne souhaite pas communiquer avant que les 15 jours de procédures juridiques ne soient échues : «le juge du tribunal administratif peut encore demander des éléments complémentaires», indique l’ingénieur en chef du Syndicat. Dans les conclusions du commissaire-enquêteur, on notera les recommandations suivantes : «poursuivre la réduction à la source des déchets par voie de tri sélectif, réemploi et recyclage, (…) concrétiser l’étude de faisabilité technico-économique pour la réalisation d’un CVO par une gestion appropriée des déchets organiques, faire évoluer éventuellement le plan de surveillance de l’environnement autour de Flamoval, faire compléter les prélèvements et analyses des rejets d’incinération, (…) réaliser lors de la prochaine campagne de surveillance l’étude d’analyses des différentes formes d’arsenic présentes dans les sols proches du sites». En attendant, Flamoval tourne 24 heures sur 24 et engloutit les ordures ménagères à hauteur de près de 90 000 tonnes/an. La valorisation énergétique atteint 98% des déchets entrants : 23 000 tonnes de mâchefer, 2 000 tonnes de métaux, 1 000 tonnes de produits sodiques résiduaires… Au rayon électrique, près de 50 000 MWh/an sont au programme, dont près de 40 000 dirigés vers le réseau ERDF (soit l’équivalent de 26 000 foyers alimentés par an). Joël Duquenoy, ancien maire d’Arques, tient à souligner les effets positifs de l’incinérateur eu égard à la production d’électricité : «C’est un outil performant. Cet équipement nous donne de l’avance pour anticiper l’interdiction de l’enfouissement à l’horizon 2020. Il a une valeur économique puisqu’un projet prévoit qu’il revende de la vapeur aux Cartonneries de Gondardennes, ce qui permettrait à cette entreprise de 350 salariés d’économiser 1 million par an sur sa facture d’énergie.». Et de rappeler que tous les élus avaient voté à l’unanimité pour la réalisation de l’équipement…