Entreprises
Un horizon au multiples défis pour les ETI
Après des débuts encourageants, l’année 2023 risque de se terminer sur une note moins positive pour les ETI (entreprise de taille intermédiaire). Le 10e Baromètre Palatine-METI confirme cette tendance baissière. Quelles conséquences pour les ETI du Grand Est ? De Moselle ? Décryptage.
L’ETI (entreprise de taille intermédiaire) est définie par le décret d'application (n°2008-1354) de l'article 51 de la loi de modernisation de l'économie, relatif aux critères permettant de déterminer la catégorie d'appartenance d'une entreprise pour les besoins de l'analyse statistique et économique. Ici une entreprise qui a entre 250 et 4 999 salariés, et soit un chiffre d'affaires n'excédant pas 1,5 milliard d'euros, soit un total de bilan n'excédant pas 2 milliards d'euros. Une entreprise qui a moins de 250 salariés, mais plus de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires et plus de 43 millions d'euros de total de bilan est aussi considérée comme une ETI. Les ETI constituent une catégorie d'entreprises intermédiaire entre les petites et moyennes entreprises (PME) et les grandes entreprises. Dans la région Grand Est, on compte 380 ETI qui génèrent un CA global de 65 Mds€ (168 M€ en moyenne) et emploient quelque 200 000 salariés (560 en moyenne).
Des trésoreries fragilisées
Le 10e Baromètre Palatine-METI du financement des ETI, réalisé du 31 août au 11 septembre 2023 auprès de plus de 1 200 ETI, met en lumière un fléchissement conjoncturel lié à l’accumulation de difficultés. Toutefois, les ETI résistent et préservent à ce stade leur dynamique d’investissements. Près de 4 ETI sur 10 jugent que la situation de leur secteur d’activité s’est dégradée sur un an (contre 30 % en mars) et la même proportion rapporte un carnet de commandes en berne par rapport au second semestre 2022. Également, 1 ETI sur 5 redoute que son chiffre d’affaires évolue à la baisse en 2024. L’activité devrait néanmoins se maintenir en 2023 : près de 2 ETI sur 3 attendent un chiffre d’affaires en hausse par rapport à 2022. La confiance reste à un niveau relativement élevé : 70 % des dirigeants sont assez ou très confiants pour la fin de l’année. La situation financière des ETI est moins confortable qu’en début d’année. 1 ETI sur 3 fait part d’une situation de trésorerie en dégradation, plus d’1 sur 4 d’un endettement net total en dégradation. L’utilisation des lignes de crédit court terme progresse sensiblement par rapport à mars (50 % contre 34 %), tout comme la part des ETI manifestant un besoin de crédit court terme supplémentaire (28 % contre 17 %). L’augmentation des taux d’intérêt commence aussi à se faire sentir : elle a déjà un impact sur les projets de plus de 15 % des ETI.
Inflation et crise de l'énergie
Les difficultés conjoncturelles observées depuis 2022, liées notamment au
contexte inflationniste et à la crise de l’énergie, continuent de peser lourd
sur l’activité des ETI. La hausse des prix de l’énergie est toujours un
problème pour 96 % d’entre elles. 30 % des ETI connaîtront ainsi en 2023 une
hausse de leur facture supérieure de plus de 100 % par rapport à 2021. La
hausse de la masse salariale, résultant des revalorisations liées à l’inflation
mais aussi des difficultés de recrutement, est de plus en plus problématique
pour les ETI. De façon générale, 1 ETI sur 3 est confrontée à une augmentation
de ses coûts de production de plus de 10 %. Ce n’est donc pas une surprise si
la multiplication de ces contraintes pénalise la rentabilité de plus de 9 ETI
sur 10 et les projets de 2 ETI sur 3. Les ETI font preuve de constance et
de persévérance dans leurs projets de croissance : la croissance organique sera
au rendez-vous pour 63 % d’entre elles en 2023, et la croissance externe pour
près de la moitié d’entre elles. Ces projets se concrétisent toujours très
majoritairement en France. L’enveloppe et le nombre d’emplois associés
demeurent significatifs mais affichent là encore une tendance globalement
baissière par rapport au précédent baromètre, à l’exception des créations
d’emplois liées aux projets de croissance organique : 53 % des ETI concernées devraient
ainsi générer en 2023 au moins 50 emplois en lien avec ces projets (contre 42 %
en mars).
Patrick Ibry, directeur général délégué, Banque Palatine : «Cette rentrée de septembre est, pour les ETI françaises, synonyme de défis à relever en matière de carnets de commandes, de trésorerie, de contraintes liées à l’inflation et aux sujets énergétiques qui impactent la rentabilité des entreprises. Cette rentrée 2023 est aussi la formidable démonstration de la capacité des ETI à : - maintenir leur dynamique d'investissements, avec une croissance organique attendue pour 63 % d'entre elles en 2023, - participer activement à la création d'emplois liées à cette croissance, - à être pour 1 ETI sur 2 approchée pour un rachat ou une entrée au capital cette année. Quelle meilleure preuve d'intérêt accru pour les ETI par le monde économique. Ce baromètre confirme également qu'une fois encore les ETI participeront activement à la hausse de la croissance économique française. Une croissance révisée à la hausse par la Banque de France.»
Frédéric Coirier, PDG du groupe Poujoulat et co-président du
METI : «S’ils ne sont pas surprenants au
regard de l’évolution de la conjoncture observée ces derniers mois, ces
résultats n’en sont pas moins relativement inquiétants. De nombreux indicateurs
se dégradent, y compris ceux relatifs à la santé financière des ETI. Ces
dernières font face, en effet, à des contraintes toujours plus nombreuses qui
sont pour l’essentiel le fruit de la tendance inflationniste et se traduisent
notamment par une hausse significative des coûts de production. Celle-ci met
non seulement sous tension la rentabilité de nos entreprises mais menace
également, à terme, leur compétitivité. Nous pouvons compter sur les ETI pour
faire de la résistance et traverser ces vents contraires. L’activité et la
dynamique d’investissements en 2023, qui semblent globalement se maintenir, en
témoigne. Mais la situation actuelle appelle à une vigilance particulière et
souligne combien le chemin de la compétitivité est long et semé d’embûches.»