Les matinales de la finance durable : des opportunités à saisir !
Afin de les aider à financer leur transition écologique, les entreprises peuvent prétendre à une panoplie d’aides et de subventions, que beaucoup d’entre elles ignorent toutefois en raison de la dispersion des dispositifs existants. Organisé par l’association Lille Place Financière le 3 octobre dernier, l’événement «Les matinales de la finance durable» a été l’occasion de sensibiliser leurs dirigeants sur le sujet, et plus largement sur les bénéfices à retirer en s’engageant dans une démarche RSE.
Publié en mai 2023 par France Stratégie et souvent cité comme référence, le rapport de Jean Pisani-Ferry et de Selma Mahfouz consacré aux «incidences économiques de l’action pour le climat» évaluait à 66 milliards d’euros l’effort d’investissement additionnel à consentir par les secteurs public et privé, chaque année d’ici à 2030, afin que la France honore ses engagements climatiques. Face à l’ampleur des investissements nécessaires, les entreprises ont heureusement à leur disposition une large palette d’aides et de subventions… qui s’apparente toutefois à un vaste maquis. «En augmentation ces dernières années, ces dispositifs, qui sont aujourd’hui assez nombreux, sont disséminés dans de multiples guichets, aux niveaux local, national ou communautaire», a en effet commenté Philippe Portenseigne, directeur Associé BU Innovation et Energie au sein du cabinet de conseil en optimisation Epsa Tax, lors de l’événement «Les matinales de la finance durable» organisé par l’association Lille Place Financière le 3 octobre dernier.
Une multitude de dépenses concernées
Accordés par divers collectivités (communautés de communes, Régions…) et organismes (Ademe, Agence de l’Eau, Bpifrance, fonds européens…), ces «financements additionnels» couvrent un large spectre de dépenses, «allant des études d’éco-conception aux mécanismes de récupération d’énergie, en passant par des projets photovoltaïques de petite taille, la réalisation de bilans carbone, le développement de solutions de décarbonation ou encore l’organisation de formations», a ainsi énuméré Philippe Portenseigne. Pour aider les dirigeants de TPE-PME à s’y retrouver, Bercy a notamment publié, en avril dernier, un guide non exhaustif recensant les principaux dispositifs pour la transition écologique.
Cette matinale a également été l’occasion pour la Banque de France de présenter son nouvel «indicateur climat». «Celui-ci a pour objectif d’évaluer la stratégie de transition des entreprises – seules les plus émettrices de gaz à effet de serre sont concernées dans un premier temps –, leur exposition aux risques physiques et leur degré de maturité dans ce domaine», a détaillé Carine Japin, directrice régionale de l’institution monétaire. Enfin, plusieurs tables rondes ont permis de passer en revue les bénéfices à retirer pour une entreprise s’engageant dans une démarche RSE, que ce soit en termes d’accès au financement, de développement de l’activité, de recrutement mais aussi d’économies à réaliser. Cherchant à auditer sa consommation d’énergie, de matière et d’eau, le fabricant de distributeurs automatiques alimentaires Le Casier Français, basé à Templemars, a par exemple eu recours à un service commercialisé par Bpifrance, baptisé Diag Eco-Flux. «En raison de son coût, de l’ordre de 5 000 euros, j’étais quelque peu hésitant au départ», a d’abord reconnu son directeur général, Manuel Moutier. «Mais en mettant en œuvre les propositions préconisées dans le rapport final, ce diagnostic a été rentabilisé en deux mois seulement grâce à l’allégement de nos factures !». À bon entendeur.
«Le développement durable, c’est aussi du développement rentable»
Grégory Sanson, président de Lille Place Financière
Lille Place Financière a organisé le 3 octobre la première édition des «Matinales de la semaine durable». Pourquoi la tenue d’un tel événement, qui a rassemblée une centaine de participants ?
La finance durable est un thème cher à Lille Place Financière, qui est par ailleurs membre du World Forum for a Responsible Economy depuis plusieurs années. Si nous avons tenu à organiser ce nouveau rendez-vous que nous souhaitons annuel, c’est déjà pour sensibiliser les chefs d’entreprise sur le fait que la RSE est une formidable source d’opportunités, en termes par exemple de développement du chiffre d’affaires et d’attraction/rétention des talents. Mais c’est aussi, et surtout, pour leur montrer que des solutions concrètes existent afin de les accompagner dans cette voie : aides et subventions, offre de financements durables à des conditions attractives, couvertures assurantielles, etc. L’événement a ensuite été l’occasion de faire un point d’étape sur l’actualité réglementaire et, plus précisément, sur la mise en œuvre sur la directive européenne relative à la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (directive CSRD). Des dirigeants ayant déployé une démarche ESG au sein de leur société se sont également exprimé. Et ce que leur témoignage a permis de mettre en lumière, c’est que le développement durable était aussi du développement rentable.
Beaucoup de dirigeants régionaux l’ignorent-ils encore ?
Disons que les problématiques RSE sont encore trop souvent perçues comme des contraintes, notamment sur le plan réglementaire. Or nous avons la chance dans les Hauts-de-France d’avoir des acteurs très engagés et en soutien dans ce domaine, qu’il s’agisse par exemple des banques, des fonds d’investissement ou encore de la Région, comme en témoigne la dynamique Rev 3.
Quelles prochaines initiatives en lien avec la finance durable Lille Place Financière prévoit-il de lancer ?
Portés au sein de l’association Les Places Tertiaires par les clubs Lille Place Financière et Les Places Juridiques, les Grands Prix de l’innovation et de la performance Droit Finance Assurance reviendront le 10 décembre prochain pour la 3ème édition, au cours desquels la finance durable sera mise à l’honneur. Parallèlement, nous menons actuellement une réflexion en vue de créer une « Charte de la finance durable » en région.