Fin de l'Etat-providence, Europe...: Le Maire publie un livre aux allures de programme

Fin de l'Etat-providence à la française, coupes budgétaires, communauté européenne de l'intelligence artificielle, souveraineté européenne... Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a étalé sa vision politique dans une interview fleuve au Journal du Dimanche, parue...

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, le 12 mars 2024 à Paris © Ludovic MARIN
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, le 12 mars 2024 à Paris © Ludovic MARIN

Fin de l'Etat-providence à la française, coupes budgétaires, communauté européenne de l'intelligence artificielle, souveraineté européenne... Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a étalé sa vision politique dans une interview fleuve au Journal du Dimanche, parue à l'occasion de la sortie d'un nouveau livre.

Si "La voie française", à paraître chez Flammarion, est un "acte de foi envers la France" et non un programme présidentiel, assure Bruno Le Maire, son interview de trois pages a pourtant l'allure d'un programme politique. 

Le locataire de Bercy depuis sept ans, à qui l'on prête régulièrement des ambitions présidentielles, dit être "totalement engagé dans les élections européennes" et évite la question de 2027.

Dans le contexte de déficit public élevé, le ministre a de nouveau prôné une rigueur et des choix à faire dans la dépense publique. "Nous devons remplacer l’État-providence par l’État protecteur", lance-t-il.

Selon lui, "partout en Europe", mais "surtout en France","l'État-providence a fini par devenir une machine à empiler de nouvelles dépenses publiques" et "nous devons reprendre la maîtrise de ce système devenu incontrôlable."

Le modèle actuel a selon lui comme "but ultime la gratuité de tout, pour tous, tout le temps: c’est intenable!". "Le temps des choix est venu", pour sortir du "mirage de la gratuité universelle", affirme-t-il.

Bruno Le Maire plaide encore pour une "meilleure organisation des services publics", estimant que "nous n'en avons pas pour notre argent", et annonce qu'"avec le ministre des Comptes publics" Thomas Cazenave, après la revue en cours des dépenses publiques, il invitera "en avril toutes les forces politiques à participer à un échange sur les priorités des dépenses".

Après une première réforme des retraites menée par le gouvernement en 2023, et deux réformes controversées en 2019 et 2023 sur les droits à l'assurance-chômage, Bruno Le Maire en remet une couche sur sa volonté de durcir encore les conditions de l'assurance-chômage, "plus généreuses" qu'ailleurs en Europe.

En février, il avait annoncé un plan d'économies de 10 milliards pour 2024, concrétisé rapidement par un décret au Journal Officiel, face à une révision en baisse de la prévision de croissance pour cette année, de 1,4% à 1%. 

Et pour 2025, ce sont au moins 20 milliards qui devront être économisés, avec les dépenses de Sécurité sociale dans la ligne de mire de Bercy. A terme, l'objectif est de faire repasser le déficit public sous la barre des 3% du PIB en 2027 (contre 4,9% en 2023).

Europe, Russie, égalité...

Mais pour l'heure, la France est dans le viseur des agences de notation, dont S&P qui a pointé des "incertitudes" et risques qui pèsent sur les finances publiques françaises.

Le ministre de l'Economie souhaite aussi bousculer l'Union européenne (UE), qui a besoin d'"accélérer" et de "mettre en oeuvre" une "nouvelle stratégie" de souveraineté économique, face à "une Chine de plus en plus interventionniste" économiquement et "des États-Unis de plus en plus protectionnistes".

Il prône "la création d'une communauté européenne de l'intelligence artificielle" (IA) afin de permettre à l'UE de "remporter la bataille de l’IA" et "d’embrasser l’innovation et le risque, en privilégiant l'investissement massif avant la réglementation".

Cette feuille de route nécessite plus de financements et implique donc, selon le ministre français, de progresser dans la construction d'une "union des marchés de capitaux", projet pour lequel il attend "de l’Allemagne un véritable engagement", dit le ministre, qui se rend lundi et mardi à Berlin.

Sur le plan géopolitique, Bruno Le Maire, qui se présente en phase avec Emmanuel Macron, estime que "l’Europe doit adopter une posture de fermeté absolue à l’égard du pouvoir russe" et que "Vladimir Poutine n’entendra que la force".

Pas oubliés dans cette interview: l'égalité femme-homme, avec une proposition d'instaurer des quotas dans "les classes préparatoires scientifiques"; l'organisation de l'Etat et son "système de gouvernance sclérosé, au niveau local comme au niveau national", selon Bruno Le Maire; ou encore le pouvoir d'achat, avec un appel aux entreprises à augmenter les salaires en 2024.

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