Février 2018 : un mois record pour la Socarenam
Le mois passé, le chantier Socarenam de Boulogne a mis à l'eau pas moins de trois navires en deux semaines : deux chalutiers pour les frères Sagot, à la tête de deux armements distincts au Tréport, et un bateau-pompe pour les marins-pompiers de Marseille.
Le 1er, sont sortis de la cale couverte du chantier deux chalutiers identiques, longs de 25 mètres et larges de 8. Ils présentent la particularité d’être équipés de deux treuils scindés symétriques sur le pont supérieur pour la pêche au chalut, mais aussi de deux treuils de coulisse, situés l’un derrière l’autre, pour la pêche à la senne, une pêcherie qui gagne des adeptes dans les Hauts-de-France depuis trois ans. Le Tigers’III remplace le Tiger’s II, un chalutier de 24 mètres construit en 1986 par le chantier naval Caloin à Etaples. «J’ai commencé ma carrière à bord, à 16 ans, avec mon père Jean-Louis, j’en ai 44 aujourd’hui. Mes frères, Sébastien et Jean-Baptiste, ont également navigué dessus», raconte Jean-Pierre Sagot, qui en était devenu propriétaire il y a neuf ans. Il pense au renouvellement en embarquant son fils Pierre. «On repart sur du neuf, précise-t-il, avec une nouvelle technique de pêche, la senne danoise, tout en continuant le chalut de fond et le pélagique. Cela nous permettra de pêcher des espèces non soumises à quotas (rouget-barbet, calamar, seiche).» Le sister-ship, le Sainte Marie de la Mer II, commandé par Sébastien Sagot, le frère de Jean-Pierre, remplacera le Sainte Marie de la Mer. «Nos bateaux, que nous avons conçus pour 9 hommes d’équipage, explique le cadet, sont écorés par le boulonnais Unipêche et adhèrent à l’organisation de producteurs From Nord.» «Leur coût est d’environ 4 millions d’euros», annonce Philippe Gobert, le patron de la Socarenam.
Un bateau-pompe pour Marseille
Deux semaines plus tard, son chantier a remis le couvert pour fêter la mise à l’eau d’un navire pour les pompiers de Marseille. Le Capitaine de corvette Paul Brutus, en souvenir du marin décédé dans l’exercice de ses fonctions le 14 février 1989 lors d’un dramatique incendie dans les Bouches-du-Rhône, a été lancé au bassin Napoléon le 16 février, en présence de Frédéric Cuvillier, président de la communauté d’agglomération du Boulonnais, et de tous les salariés du chantier naval réunis autour de leur patron Philippe Gobert. Sa construction a nécessité 90 000 heures de travail.
Ce bateau-pompe léger (long de 34 mètres) est dédié aux missions du bataillon des marins-pompiers de Marseille dans le port et la rade de la cité phocéenne, mais aussi sur la zone côtière environnante. Il interviendra notamment sur des sinistres comme les incendies ou les voies d’eau à bord de tous types de navires, engins flottants, bâtiments ou ouvrages terrestres. Il peut embarquer 16 marins de la Marine nationale avec leurs équipements. Un sister ship, déjà en construction à Boulogne, sera livré à la Ville de Marseille en décembre 2018.
Un carnet de commandes bien rempli
Le chantier naval de Boulogne-sur-Mer doit livrer 27 navires au cours des vingt prochains mois, dont 8 chalutiers pour diverses façades maritimes. En dehors de la pêche, Socarenam est engagée dans la construction d’Ostrea, une drague (navire de service chargé de racler le sable, gravier ou vase présents dans les fonds) innovante et écoperformante (avec gaz naturel liquide) pour le GIE Dragages ports et GPM de Bordeaux : 40 mètres de long, une commande de 20 millions d’euros. «Nous serons le premier chantier français à utiliser cette technique à propulsion gaz liquide, ce qui peut nous ouvrir de belles opportunités», se réjouit Philippe Gobert qui développe ses autres sites du Pas-de-Calais. Ainsi, à Étaples, la filiale Socarenam Côte d’Opale achève, pour un contrat de 20 millions d’euros, la construction de 21 vedettes de liaison de 16 mètres destinées aux ports militaires (Brest, Toulon, Cherbourg, outremer…), sur le modèle de la Naïade mise à l’eau en octobre 2015. Les vedettes nos 15 à 18 sont prêtes à être livrées. Par ailleurs, la Socarenam, qui est aussi présente à Saint-Malo, a démarré une activité de construction sur son site de Calais, géré par Charles Gobert. «Nous y débutons deux vedettes d’assistance de plongée pour la Direction générale de l’armement, explique son père, Philippe Gobert, mais aussi un navire de 14 mètres pour un artisan pêcheur de Normandie.»