FertigHy : le grand projet à 1,3 milliard d'euros est lancé
FertigHy et son usine de production d'engrais « vert » bas-carbone, à Languevoisin-Quiquery dans la Somme, démarrent officiellement ce mardi 3 décembre avec la réunion publique d'ouverture et le lancement de la concertation préalable jusqu'au 31 janvier.
Rollon Mouchel – Blaisot, le préfet de la Somme, n'hésite pas à parler de « dossier majeur pour la France et l'Europe, bien qu'il passe un peu sous silence. FertigHy est en effet un immense projet agro-industriel, il vise à redonner au pays sa souveraineté alimentaire, une reconquête industrielle dans ce domaine. C'est aussi le grand projet dans le département de la Somme, il avait été annoncé dans les grands investissements du sommet Choose France. »
FertigHy, en référence à « fertilizer » (engrais en anglais) et « hydrogène », est une société créée en juin 2023 par un consortium d'actionnaires européens (EIT InnoEnergy, RIC Energy, Maire, Siemens, Financial Services, InVivo et Heineken). Sur une même chaîne de valeurs, l'ensemble a pour objectif « d'ouvrir la voie à la transition vers une industrie européenne des engrais à faible émission de carbone. La société vise à produire localement, de manière indépendante, communique-t-elle, ces engrais à bas-carbone pour les agriculteurs européens et accélérer la décarbonation tout au long de la chaîne alimentaire. »
Un dossier stratégique pour la France et l'Europe
Alexis de Bienassis, directeur du développement, et Thomas Habas, chef de projet de FertigHy, confirment « le caractère stratégique pour la France et l'Europe. La France est le premier consommateur d'engrais mais deux tiers de ceux-ci sont importés au-delà de l'Europe, et bien souvent auprès de pays qui nous posent aujourd'hui des difficultés géopolitiques. »
FertigHy est dans le même temps le premier projet européen exclusivement dédié à la production d'engrais à partir d'hydrogène renouvelable et bas-carbone, l'installation prévoyant une production annuelle de 500 000 tonnes d'engrais minéraux azotés, de type CAN 27, à l'horizon 2030. Alexis de Bienassis précise à titre de comparaison : « La filière agricole de la région Hauts-de-France consomme 300 000 tonnes d'azote par an. La substitution de l’hydrogène « gris » par de l’hydrogène renouvelable et bas-carbone dans le procédé industriel permettra la décarbonation de la production d’engrais azotés, une activité aujourd’hui dépendante du gaz ou du charbon, et fortement émettrice de gaz à effet de serre. Le secteur agricole et l’ensemble de la filière agro-alimentaire pourraient ainsi bénéficier d’une production ayant un bilan carbone réduit de 80 à 95% par rapport aux autres usines d’engrais utilisant des énergies fossiles. »
Au croisement des grands axes
Un temps pensée en Espagne, cette unité de production sera donc montée à Languevoisin-Quiquery, sur le territoire de la communauté de communes de l'Est de la Somme, au sein d’une future plateforme agri-logistique et à proximité immédiate du canal du Nord et du futur canal Seine-Nord Europe. Un emplacement là aussi stratégique, au croisement des grands axes de transports multimodaux et au cœur d'une région agricole.
Ce
choix a également été établi en France, en raison de son réseau
d'électricité particulièrement sûr et développé. Ceci d'autant
plus que le projet nécessitera le raccordement de la future usine au
Réseau Public de Transport d'électricité, sous maîtrise d'ouvrage
de la RTE (Réseau de Transport d'Electricité). Christophe Garcia,
le responsable projet au raccordement électrique expose : « Le
raccordement consistera à créer une liaison souterraine à 225 000
volts, d'environ 12 km entre le poste électrique de Pertain à
Hypercourt et la future installation. »
Mise en service en 2030
FertigHy démarre officiellement son
projet avec le lancement de la concertation préalable de la
Commission nationale du débat public (CNDP) jusqu'au 31 janvier
2025. Alexis Favre-Gilly et Jean-Raymond Wattiez seront les garants
de cette concertation qui permettra d'informer, débattre, échanger,
proposer et donner son avis durant ces deux mois de temps d'échanges.
Une attention toute particulière sera portée sur ce futur site
classé Seveso seuil haut. La première réunion publique est ouverte
ce mardi 3 décembre à 18h, à La Nouvelle Scène de Nesle, suivie
dès le lendemain, mercredi 4 décembre, par la première rencontre
de proximité, de 14h à 16h à la médiathèque de Ham, et un site Internet est dédié à cette concertation.
Après études, instruction du dossier
et enquête publique, le démarrage du chantier de l'usine est
programmé en 2027, pour un début de fonctionnement en 2030.
Le projet FertigHy en chiffres
1,3 milliard d'euros d'investissement estimé
500 000 tonnes / an de production d'engrais azotés bas-carbone
1 million de tonnes de CO2 / an évitées
250 emplois directs, 700 emplois indirects et jusqu'à 1 000 emplois pendant le chantier
200 MW de puissance de l'électrolyseur pour la production d'hydrogène bas-carbone
20 hectares d'emprise foncière
2030, l'année prévisionnelle de mise en service de l'usine