Ferroviaire : Inveho UAB poursuit sa montée en puissance et se diversifie

Le site Inveho UAB d’Achiet-le-Grand, spécialisée dans la révision et la modernisation des wagons industriels, prépare la montée en puissance annoncée du fret ferroviaire. La structure, qui a été la première du groupe à bénéficier du plan France Relance, mise également sur la diversification de ses activités.

Jean-François Duhautois et Régis Murat du groupe Inveho. © Aletheia Press/DLP
Jean-François Duhautois et Régis Murat du groupe Inveho. © Aletheia Press/DLP

Seul atelier privé du Nord - Pas-de-Calais, le site Inveho UAB d’Achiet-le-Grand compte aujourd’hui 70 salariés et traite 1 500 wagons par an, en révision ou en modernisation. «Les révisions intermédiaires interviennent généralement tous les trois ans ; les révisions globales, tous les huit ans. Mais nous pouvons aussi traiter des wagons qui ont déraillé et pour lesquels les travaux de remise en état sont importants», détaille Jean-François Duhautois, directeur du site de 6 hectares où est implanté un bâtiment de 8 800 m², inauguré en 2010.

Pour ce faire, l’entreprise, qui assure une maintenance ferroviaire depuis 1946, peut compter sur 55 personnels qualifiés, dont des chaudronnier-soudeurs, des spécialistes dans l’analyse des freins, des lettreurs... «Ce sont tous des experts dans leur domaine, qui sont présents dans l’entreprise depuis 40 ans pour certains. Nous avons une problématique de recrutement, surtout sur le poste de chaudronnier-soudeur. Nous avons également mis en place des actions de tutorat pour conserver des savoir-faire pour lesquels il n’existe pas de formation», poursuit-il. Inveho, qui regroupe 850 salariés, compte 6 ateliers en France et 3 en Allemagne.

Gagner en compétitivité

«Le modèle économique du fret a considérablement évolué ces dernières années. Auparavant, les industriels faisaient le choix de louer une grande quantité de wagons, ce qui permettait une certaine souplesse sur le temps d’immobilisation. Aujourd’hui, nous sommes dans une logique de réduction des coûts. Les flottes sont plus resserrées et l’objectif est qu’un wagon reste le moins de temps possible à l’arrêt», explique Jean-François Duhautois, qui, sous l’impulsion du groupe, a dû diviser par deux son temps d’intervention.

Une révision intermédiaire doit à présent se faire en moins de 15 jours et une révision globale, en moins de 28 jours. «A Achiet-Le-Grand, nous sommes en dessous de ces chiffres, nous avons pour cela totalement revu notre organisation de flux et recruté une personne qui est entièrement dédiée au cadencement.» Une performance qui doit aussi permettre à la structure de monter progressivement en puissance pour répondre à la volonté de l’Etat de doubler la part de fret ferroviaire d’ici 2030. «Dans cette logique, nous nous sommes agrandi il y a deux ans, pour passer de 15 à 25 emplacements pour accueillir les wagons», précise Jean-François Duhautois.

1 500 wagons par an passent dans les ateliers d’Achiet-le-Grand. © Aletheia Press/DLP

Miser sur la diversification

Malgré cette perspective d’augmentation significative d’activité, le site d’Achiet-le-Grand a également fait le choix de miser sur la diversification pour consolider sa rentabilité. Depuis octobre 2020, l’entreprise a internalisé la fabrication de réservoirs d’air. «Auparavant, il fallait compter entre deux et deux mois et demi pour obtenir un tel produit. Ce n’était pas compatible avec nos objectifs. En installant cette activité ici nous gagnons en productivité», analyse Jean-François Duhautois.

Si le dirigeant avait évalué dans un premier temps la production de 1 000 réservoirs par an, la demande est en passe de dépasser l’offre, encourageant le site à revoir ses prévisions à la hausse. «Nous allons faire construire un nouveau bâtiment pour pouvoir traiter cette partie et je pense que nous allons devoir doubler les équipes», confie-t-il. Estimant aussi que l’activité peinture est actuellement sous-utilisée, Jean-François Duhautois a noué des liens avec le secteur du BTP pour proposer des prestations type traitement de surface sur des grues de chantier.

320 000 euros d’aide de l’Etat dans le cadre du dispositif France relance

La moitié de la subvention a déjà été versée. © Aletheia Press/DLP


«Il y a deux ans et demi, nous avions monté un dossier pour être éventuellement accompagné par l’Etat, mais cela n’avait pas abouti. Alors, en octobre 2020, lorsque l’Association des industries ferroviaires des Hauts-de-France nous a alerté sur le dispositif France relance, j’ai aussitôt tenté ma chance», raconte Jean-François Duhautois qui loue la réactivité de ses interlocuteurs. 

Doté de 100 milliards d’euros, le Fonds d'accélération des investissements industriels dans les territoires déployé dans le cadre du plan de relance a pour but «l’accélération de la transition écologique, la compétitivité économique et de favoriser la cohésion sociale». A ce titre, Inveho UAB a décroché une subvention de 320 000 euros, dont 50% ont d’ores et déjà été versés. «Cela va nous permettre notamment de remplacer une partie de nos 35 voies d’accès. C’est un poste lourd que l’on budgétise chaque année ; là, nous allons pouvoir devancer notre prévisionnel», se réjouit le directeur du site. Le reste de la somme viendra appuyer le développement de l’entreprise, notamment sur sa stratégie de diversification. «Achiet-le-Grand est le premier à bénéficier du soutien de France relance, deux autres dossiers sont en cours à Orval et Fos-sur-Mer», confie de son côté Régis Murat, directeur opérationnel au sein du groupe Inveho.