Ferlam technologies révolutionnele composite à base de fibres de carbone
L’industrie textile, c’est aussi les fils et produits techniques fabriqués pour d’autres industries. Dans ce secteur très pointu, la créativité est de mise pour s’imposer sur ce marché à la concurrence mondiale. A Roubaix, Ferlam technologies est un vivier d’innovations, dont la dernière, à base de fibres de carbone, a de beaux jours devant elle.
“Le textile c’est bien, à condition d’en sortir !”, commence par dire Xavier Decant, PDG de Ferlam technologies. Ce chef d’entreprise sait de quoi il parle puisqu’il vient du fil à tricoter et de la mode, avec l’alpaga et l’angora. C’était aux débuts d’Achille Bayart, l’autre entreprise qu’il dirige aussi, créée en 1936 et sise à Roubaix, derrière la Condition publique, sur un site partagé aujourd’hui avec Ferlam technologies depuis les années quatre-vingt-dix. Les deux sociétés sont intimement liées, la seconde (précédemment en Normandie avant son rachat par le Roubaisien) étant cliente de la première. “Achille Bayart a un savoir-faire particulier – savoir résoudre les problèmes des moutons à cinq pattes – mais se trouvait très en amont de la chaîne. Ferlam technologies avait, quant à elle, une connexion directe avec le client final”, raconte le dirigeant. La réunion des deux entreprises fait des étincelles.
La créativité pour avancer. Une première étape a été de passer aux textiles techniques, pour la décoration au départ. “Il s’agissait aussi de se rapprocher de nos clients, en évitant la chaîne des intermédiaires”, explique Xavier Decant. La créativité est déjà de mise, puisqu’une technologie inventée ici est vendue à DuPont de Nemours. Le vrai virage date de 1995, lorsque le dirigeant choisit de se positionner sur le recyclage de fibres comme l’aramide (plus connue sous le nom commercial de Kevlar®), pour les destiner aux industriels. Les ingénieurs maison mettent au point une technique de récupération des fibres des chutes de confection des gilets pare-balles et des vêtements de protection industrielle. “Nous avons mis près de sept ans pour y arriver, en fabriquant nous-mêmes les machines”, souligne le PDG. Résultat : un fil qui garde intactes ses propriétés thermiques exceptionnelles. Parfait, entre autres, pour l’industrie verrière à qui il est vendu partout dans le monde (45% du CA se fait à l’exportation). “Nous sommes les seuls à proposer non seulement une gamme complète, mais aussi issue du recyclage, ce qui permet d’avoir des prix moins chers”, ajoutet- il. Pour autant, pas question de se reposer. Le secteur est exigeant. Ferlam technologies met au point un nouveau produit, 100% Inox cette fois-ci, destiné à confectionner des tresses de protection thermique pour la même industrie. Et va jusqu’au bout du processus en fabriquant même les pièces de rechange des machines destinées à la manipulation des bouteilles. Copiées par les Chinois, “mais sans la qualité” affirme Xavier Decant dans un sourire.
Un nouveau marché exceptionnel. La dernière création est inattendue, aux dires du dirigeant qui rappelle à l’envi que ce sont souvent les demandes spécifiques et sur mesure de ses clients qui boostent la recherche de nouveaux produits. Pour le dernier-né, la société roubaisienne s’est fait aider par un professeur de l’Ecole des mines de Douai. Ensemble, ils ont mis au point… un vrai mouton à cinq pattes : un complexe de fibres de carbone discontinues à trois axes. L’exploit et l’originalité sont la régularité du poids au mètre carré, sa légèreté (69g/m2), ses propriétés mécaniques de résistance exceptionnelles (grâce aux trois axes) et sa totale déformabilité.
Là aussi, il a fallu inventer des machines capables de réaliser ce produit ultra-technique qui a fait, en 2009, l’objet d’un brevet européen, soutenu par Oséo, la LMCU, la Région et le Feder. L’automobile, l’aéronautique, le ferroviaire, les équipementiers, mais aussi l’éolien, le sport et la bagagerie sont concernés par ce nouveau matériau qui permet d’alléger tout en renforçant. Le marché est colossal, surtout avec les normes d’allègement prochainement obligatoires pour l’automobile. Des accords de développement commencent à être signés, sur ce secteur notamment. Mais le dirigeant est conscient que les enjeux sont peut-être trop grands pour sa petite société roubaisienne et qu’il lui faudra peut-être s’adosser à un acteur plus important.
En attendant, la recherche de nouveaux produits ne s’arrête toujours pas. Une nouvelle création est dans les cartons, à base d’acier inoxydable. “Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre”, confie Xavier Decant, infatigable. Les affaires ont été bonnes les deux dernières années. Et 2012 s’annonce de bon augure.