Développement

Fanystyle tisse une nouvelle filière textile

À Moreuil, dans la Somme, l'entreprise Fanystyle se réinvente au quotidien durant cette crise sanitaire et économique sans précédent. Fany Ruin, sa fondatrice, vient d'embaucher en nombre après un déménagement bien utile pour accueillir ses nouvelles lignes de production.


Fany Ruin retrouve son métier d'origine qu'est la fabrication textile sur-mesure.
Fany Ruin retrouve son métier d'origine qu'est la fabrication textile sur-mesure.

Après de nombreuses années passées à Ailly-sur-Noye, l'entreprise Fanystyle s'est installée en septembre dernier à Moreuil dans des locaux plus grands afin de s'équiper en coupe, stylisme, modélisme, confection et packaging-conditionnement. « Nous nous sommes dotés d'équipements qui représentent un investissement important pour nous. Ce sont des surjeteuses, piqueuses, boutonnières, recouvreuses. Nous nous sommes équipés aussi pour pouvoir fabriquer de la lingerie, des lignes de vêtements enfants et bébés ou même des rideaux acoustiques. Bref on a tout prévu pour se diversifier, créer de l'emploi et ramener de la compétence sur notre territoire. C'est juste le quatrième métier ou virage que j'opère avec Fanystyle. De nos jours, avec ce qui se passe, les entreprises savent qu'elles doivent sans cesse se réinventer, » assure Fany Ruin, qui a fondé son entreprise en 1998, elle avait 23 ans. 

À l'époque, ses rencontres la conduisent à aller à la source de la fabrication textile européenne : au Portugal. Elle se rapproche alors d’une entreprise de contrôle qualité qui la met en relation directe avec les usines de fabrication textile. Elle y noue de solides contacts avec les fournisseurs et les acheteurs, de grandes marques comme La Redoute, Sonia Rykiel, Eden Park... En résonance avec son esprit d’initiatives et sa vision, elle n'hésite pas à faire évoluer l'activité de Fanystyle, de la création de vêtements sur-mesure à la création d’objets de communication innovante. 

Consciente des enjeux sociaux que représente une intégration optimale dans l’espace professionnel de chacun, Fany Ruin s’attache dans le même temps à développer la qualité de vie au sein de son entreprise. L’apprentissage est venu lui montrer à quel point le contact des plus expérimentés est important.

1612868893_Fany2.jpg
De nombreuses marques de prêt-à-porter commencent à contacter Fanystyle pour reproduire localement leurs produits.

S'adapter et innover

Puis, son entreprise évolue vers la création d'objets publicitaires, des vêtements professionnels et des outils d’aide à la vente. L’entreprise imagine et réalise durant plusieurs années de nouveaux produits en fonction des besoins et envies de ses clients. De la PME à la multinationale, sa mission est de répondre à toutes les attentes du client en matière de communication par l’objet et le vêtement

« Un jour, nous travaillons avec du plexiglass, le lendemain avec du métal ou du tissu. Nous oeuvrons sur des références en stock mais surtout de plus en plus en fabrication sur mesure. Par réalité économique comme par éthique, nous faisons travailler différentes industries et entreprises locales dans tous les domaines, comme l’entreprise Boutté pour du décolletage ou l’entreprise Malterre pour le tricotage », souligne Fany Ruin qui a donc choisi de se rapprocher de ce dernier pour recréer de toute pièce une toute nouvelle filière textile. 

« Un jour, nous travaillons avec du plexiglass, le lendemain avec du métal ou du tissu »

En effet, durant le premier confinement, la chef d'entreprise comprend très vite l'obligation de rebondir et d'innover en ouvrant son atelier de confection de masques de protection de catégorie 1 avec l'aide de la Communauté de Communes Avre Luce Noye. « Nous étions déjà investis dans les métiers du textile. Là, il s’agissait juste de répondre avec nos moyens à la situation actuelle, explique Fany Ruin. J’ai donc embauché quelques couturières. J'imaginais déjà que ce premier atelier servirait à développer sur place une véritable activité textile made in Somme par la suite. Et voici chose en passe d'être faite. » L'entreprise est donc passée de 8 à 34 salariés investis dans la fabrication de textile sur mesure, de A à Z. « On part d'une bobine de fil et on arrive à un produit fini. Et donc le fil vient de chez Malterre juste à côté. »

1612868916_Fanystyle3.jpg
Les clients de Fanystyle demandent de plus en plus du Made in France.




Une nouvelle filière se tisse du fil au produit fini jusqu'au packaging

Depuis septembre, c'est tout un pôle textile qui s'anime dans la zone artisanale de Moreuil entre Fanystyle et sa voisine Malterre. Dotée d’un atelier de tricotage, la société que dirigent Patricia et Laurent depuis 1981 est spécialisée dans la fabrication d’étoffe à maille et opère sur de nombreux marchés, dont principalement le balnéaire, la lingerie, le prêt-à-porter mais aussi dans les secteurs militaire et médical. Elle s’est aussi faite une spécialité des marchés de niche comme la conception de housses de cercueils pour transport en avion. 

Avec la crise sanitaire, cette entreprise avait vite réussi a produire un masque anti-projection après une semaine de prototypage. « Nous avions acheté du matériel pour monter une nouvelle ligne de production de masques. Cela nous permettait d’augmenter la cadence a environ 30 000 masques par jour pour les livrer principalement dans l'est de la France, aux hôpitaux, maisons de retraite mais aussi aux usines vitales pour le pays. En tant que tricoteur, nous fabriquons nous-même notre propre tissu. Alors cela nous semblait plus que pertinent d'avoir la compétence des équipes de Fany Ruin à nos cotés », témoigne le patron, Laurent Malterre, ravi de faire front commun désormais avec Fanystyle.