"Failles", "impuissance": l'exécutif sous pression après Arras, Darmanin répond

L'exécutif se retrouve sous pression après le meurtre d'un enseignant à Arras par un homme fiché "S" et surveillé par les services de renseignement : la droite exhorte à instaurer "l'Etat d'urgence", l'extrême droite pointe des "failles" et appelle à la démission du ministre de l'Intérieur...

Des enquêteurs de la police judiciaire devant le lycée Gambetta après la mort d'un enseignant poignardé lors d'un attentat islamiste, le 13 octobre 2023 à Arras, dans le Pas-de-Calais © Ludovic MARIN
Des enquêteurs de la police judiciaire devant le lycée Gambetta après la mort d'un enseignant poignardé lors d'un attentat islamiste, le 13 octobre 2023 à Arras, dans le Pas-de-Calais © Ludovic MARIN

L'exécutif se retrouve sous pression après le meurtre d'un enseignant à Arras par un homme fiché "S" et surveillé par les services de renseignement : la droite exhorte à instaurer "l'Etat d'urgence", l'extrême droite pointe des "failles" et appelle à la démission du ministre de l'Intérieur, qui a rétorqué n'avoir "pas les mains qui tremblent".

"Combien de Français allons nous regarder mourir ?", s'est insurgé vendredi sur X le patron des députés LR Olivier Marleix, sur fond de crainte d'importation du conflit entre Israël et le Hamas. "Ce nouvel attentat symbolise toute l'impuissance de notre État", a-t-il martelé.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait le lien sur TF1 "entre ce qui s’est passé, sans doute, dans le Proche-Orient et le passage à l’acte" à Arras. "Nous n'avons pas les mains qui tremblent", a-t-il assuré.

Quelques minutes plus tôt, Matignon a annoncé le passage de la France en alerte "urgence attentat", un dispositif qui permet aux autorités "la mobilisation exceptionnelle de moyens" dans un temps limité. 

L'assaillant d'Arras, Mohammed Mogouchkov, qui a tué un enseignant et blessé trois autres personnes, est fiché S. Il faisait l'objet d'"un suivi actif" de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et avait été contrôlé jeudi "sans qu'aucune infraction ne puisse lui être reprochée", selon une source du renseignement. 

Il était "depuis quelques jours sous écoute téléphonique, mais les conversations qu’il a eues (...) ne prévoyaient aucun attentat", a confirmé M. Darmanin. 

Le patron du parti LR Eric Ciotti a demandé l'instauration de "l'état d'urgence", exhortant l'exécutif à "ne plus trembler face à l'islamisme et à l'immigration de masse". Il a appelé à une "mobilisation la plus forte possible" des forces de l'ordre en faisant appel aux réservistes de la police et de la gendarmerie.

Avant l'attaque d'Arras, Eric Ciotti avait déjà fustigé "un signe de faiblesse de l'Etat" alors que des manifestations pro-Palestiniens interdites se sont tout de même déroulées sur le territoire. 

"Le ministre de l'Intérieur n'est pas en mesure de faire respecter les décisions que lui-même a prises". 

la loi immigration dans le débat

Et le RN met déjà sur la table sa "démission".

"Il y a eu des failles dans toute la chaîne de responsabilités, qui devraient conduire à la démission immédiate du ministre de l’Intérieur", a déclaré sur X Jordan Bardella, président du parti. Un peu plus tard, il a dénoncé une "faillite morale et politique du gouvernement".

Né en Russie, selon une source policière, l'auteur de l'attaque d'Arras, âgé d'une vingtaine d'années, serait arrivé en France en 2008 et avait entrepris des demandes d'asile rejetées. "Cet assassin aurait déjà dû être expulsé", a insisté Eric Ciotti.

"Ca fait 15 ans que la loi française (...) empêche le ministre de l'Intérieur d'expulser les personnes arrivées avant 13 ans sur le territoire", a argué Gérald Darmanin, assurant que son projet de loi immigration pouvait y remédier.

Mohammed Mogouchkov a également été contrôlé jeudi, "pour vérifier s’il n’avait pas d’armes sur lui", "regarder son téléphone et notamment les messageries cryptées", a ajouté le ministre.

Vendredi, après l'attaque, la police l'a interpellé au moyen d'un taser. 

"La police a pu intervenir quatre minutes après l'appel. C'est par la rapidité de sa réaction (...) que nous avons sans doute pu éviter un bilan encore plus grave", a salué Emmanuel Macron qui s'est rendu au lycée d'Arras vendredi après-midi.

Il a surtout lancé un appel aux Français à rester "unis" et à "faire bloc" face à "la barbarie du terrorisme islamiste". 

"La lutte ne nous divisera pas, elle nous rassemblera", a assuré de son côté le chef des députés socialistes Boris Vallaud, après une minute de silence à l'Assemblée. 

"Je dis notre détermination sans faille à nous dresser face au terrorisme", a déclaré au nom de LFI Sophia Chikirou. LFI est au coeur de la polémique depuis l'attaque le 7 octobre du Hamas contre Israël pour ses réticences à qualifier le mouvement islamiste palestinien d'organisation terroriste.

"Je sais pas comment, trois ans après (Samuel Paty) on va pouvoir refaire semblant qu'on est en sécurité dans les écoles", s'est inquiétée pour sa part la cheffe d'EELV Marine Tondelier, originaire du Pas-de-Calais. 

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