Conjoncture

Éviter un mur des faillites en Moselle...

Au regard des notes de conjoncture et des baromètres estivaux, des signaux de fragilisation émergent pour les petites entreprises. La reprise d’activité allant de pair avec le débranchement progressif des aides met en difficulté les entités l’étant souvent déjà avant la crise. Nombre de trésoreries ont tenu de longs mois sous anesthésie économique. Quid de la Moselle dans ce panorama ?

Quelque 2 000 entreprises ont été en défaillances par date de jugement en Moselle depuis janvier 2021.
Quelque 2 000 entreprises ont été en défaillances par date de jugement en Moselle depuis janvier 2021.

Les observateurs économiques abondent dans une analyse commune : le troisième trimestre ne devrait pas causer beaucoup de défaillances d’entreprises avec les vacations judiciaires d’août. Le paysage ne sera sans doute pas le même dès la rentrée de septembre. Ce jusqu’à la fin d’année. Le mois d’octobre étant un mois généralement lourd en défaillances avec les rappels de cotisations. Un élément vient ajouter à ce climat d’incertitudes : les difficultés persistantes sur les matières premières et le manque d’approvisionnement.

Les petites entreprises sous la menace

Indéniablement, le rattrapage va rappeler à la réalité. Il sera progressif, mais rude, ce malgré des dispositifs d’accompagnement comme des moratoires des Urssaf et des tribunaux. Il y aura forcément un retour des recouvrements, des assignations et des faillites. Si on se penche sur les dernières données connues et publiées par l’Insee, sur les six premiers mois de 2021, pour la Moselle, on note quelque 2 350 défaillances d’entreprises. Pour les raisons évoquées ci-dessus et le soutien massif du plan de sauvegarde de l’économie dans le contexte de la Covid-19, ce chiffre est bien entendu largement inférieur aux semestres des années précédentes : 3 612 en 2020, 4 393 en 2019, 3 725 en 2018, 4 982 en 2017 et 5 280 en 2016. Dans les notes de conjoncture décryptées, ce sont les plus petites entreprises qui souffrent le plus. Les PME de 10 à 19 salariés apparaissent également sous tension. En cause : des lignes de trésorerie très courtes. L’arrêt des aides pour certaines entreprises, qui avaient retardé l’échéance par ce biais, signe comme l’ouverture aux liquidations. L’une des professions symbole de cet état de fait : les coiffeurs. Ils ont en même temps subi le télétravail et le couvre-feu, ne retrouvant pas un niveau d’affaires suffisant et toute leur clientèle.

Des procédures de sauvegarde

En Moselle, le nombre de défaillances mensuelles depuis janvier se trouve dans une fourchette de 377 à 412. Pour éviter un défaut, les chefs d’entreprise peuvent solliciter le tribunal pour ouvrir une procédure de sauvegarde ou un dispositif de prévention. 3 procédures sur 4 se concluent sur une liquidation judiciaire directe, voire 8 sur 10 pour les plus petites. Un redressement est plus adapté aux entreprises disposant d’un patrimoine mobilier et ayant des actifs. Enfin, si on scrute les secteurs d’activité les plus en souffrance, et étant susceptibles de l’être dans les mois à venir, le bâtiment est généralement cité comme l’un des plus menacés. Il a été totalement paralysé durant le premier confinement, avec des effets par ricochets. Le quart des défaillances enregistrées depuis un trimestre concerne cette branche, avec des situations complexes pour le gros œuvre, conséquence directe de l’atonie du logement neuf individuel qui repart lentement. Industrie, agriculture et services aux entreprises souffrent également. Le commerce de détail, l’habillement et la restauration tiennent depuis des mois par les aides. Cela c’était avant l’instauration du pass sanitaire, dont on mesurera les répercussions prochainement. Plus que jamais, la rentrée sera celle de tous les dangers socio-économiques.


«Le mois d'octobre est généralement un mois lourd en défaillances avec les rappels de cotisations.»