Eurotunnel passe son tour

Quelques semaines après leur publication, les comptes 2012 d’Eurotunnel ont été présentés et commentés par son PDG, Jacques Gounon, à Paris. Dans le même temps, le groupe renonce à se porter candidat à la gestion des ports régionaux.

« Jacques Gounon présentant les résultats 2012 de Groupe Eurotunnel le 21 mars dernier à Paris ».
« Jacques Gounon présentant les résultats 2012 de Groupe Eurotunnel le 21 mars dernier à Paris ».
CAPresse 2013

Jacques Gounon présentant les résultats 2012 de Groupe Eurotunnel, le 21 mars dernier à Paris.

 

Groupe Eurotunnel n’a finalement pas déposé d’offre suite à l’appel relatif à la gestion des ports de Calais et de Boulogne-sur-Mer. Le 21 mars dernier, Jacques Gounon n’a pas été loquace sur le dossier portuaire pour cause «d’embargo» : l’après-midi, le Conseil régional réceptionnait la seule offre faite, celle de la CCI Côte d’Opale. La candidature de la société franco-britannique gênait-elle le Conseil régional qui avait, sans succès, favorisé un rapprochement des deux opérateurs ? Aux prises avec l’autorité de la concurrence britannique qui l’accuse de porter atteinte au bon fonctionnement du marché en disposant d’une filiale maritime (MyFerryLink), Eurotunnel pouvait légitimement penser que cette candidature était par trop audacieuse sur le Détroit. Jacques Gounon s’est donc ravisé, non sans décocher quelques flèches à l’adresse du transporteur DFDS, présent à Dunkerque et Calais : «On nous dit qu’il y a un opérateur de trop sur le Détroit. Laissez faire la nature : c’est le client qui décide. Seuls les bons resteront.»

 My FerryLink toujours en rodage, Deutsch Bahn sur les rangs. Jacques Gounon a présenté des résultats en hausse par rapport à 2011 : si le chiffre d’affaires n’atteint pas le milliard (993 millions d’euros pour ses activités navettes, sa filiale logistique Europorte, et MyFerryLink), les recettes provenant de l’accord définitif avec les assurances pour l’incendie de septembre 2008 lui procurent un total en produits d’exploitation supérieur au milliard. Le résultat net atteint 34 millions d’euros, les dividendes seront doublés et sa marge d’exploitation affiche 461 millions. Eurotunnel a investi 182 millions d’euros l’an dernier (dont 76 millions dans l’achat de trois navires pour MyFerryLink). Sa filiale maritime reste encore en rodage avec un trafic fret encore symbolique pour les premiers mois (11 417 camions) et un trafic voitures de près de 46 000 véhicules. Le tout pour 7 millions de recettes, contre 20 millions de charges d’exploitation, pas vraiment représentatives «du potentiel de l’activité». En février dernier, la compagnie maritime affichait déjà plus de 17 000 camions transportés. A suivre, des investissements dans un nouveau terminal à Folkestone où la compagnie se trouve à l’étroit, notamment pour les camions. Enfin, sur l’arrivée de nouveaux opérateurs sur le rail français, le PDG d’Eurotunnel a dénoncé le monopole d’Eurostar : «Deutsch Bahn se bagarre pour faire passer ses trains dans le tunnel. C’est absurde. Les flux ne sont pas en compétition.» Les Allemands pourraient apporter jusque 4 millions de passagers annuels après 2015.