Européennes: Le Pen prend rendez-vous, Maréchal tend la main à LR

Marine Le Pen a fixé dimanche la date de son "prochain rendez-vous avec l'histoire": les élections européennes du 9 juin 2024, objet d'un jeu de billard à droite, comme l'illustre la main tendue de Marion...

Marine le Pen, cheffe de file des députés du Rassemblement national, le 10 septembre 2023 à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais © FRANCOIS LO PRESTI
Marine le Pen, cheffe de file des députés du Rassemblement national, le 10 septembre 2023 à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais © FRANCOIS LO PRESTI

Marine Le Pen a fixé dimanche la date de son "prochain rendez-vous avec l'histoire": les élections européennes du 9 juin 2024, objet d'un jeu de billard à droite, comme l'illustre la main tendue de Marion Maréchal, tête de liste Reconquête, aux électeurs LR.

Depuis son fief d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), où elle effectuait sa rentrée politique à l'occasion de la braderie, après un été silencieux, la cheffe de file des députés du Rassemblement national a braqué les projecteurs sur le scrutin européen, qualifié de "rendez-vous démocratique fondamental pour les Français".

Car le RN, qui était arrivé en tête en 2019 (23,34%) et fait encore figure de favori dans les sondages, y voit une "élection de mi-mandat" destinée à sanctionner la politique d'Emmanuel Macron, dont Mme Le Pen a fustigé encore dimanche le "subtil mélange de marketing et de malhonnêteté.

Les enjeux sont "extraordinairement importants", a insisté Mme Le Pen depuis la tribune, "tant l'Union européenne est un accélérateur de nos maux et de notre longue glissade".

Si Mme Le Pen a de nouveau confié les commandes de la liste à Jordan Bardella, elle a annoncé qu'elle présenterait elle-même, le week-end prochain depuis Beaucaire (Gard), une "proposition qui devrait réunir tous ceux qui sont attachés à leur nation et qui sont conscients que sans elle, il n'y a plus ni liberté, ni prospérité, ni identité, ni sécurité, ni progrès".

Effort vain

Le RN est en effet guetté par le danger du morcellement, alors que se lançait formellement dimanche à Gréoux-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) la liste Reconquête menée par Marion Maréchal, la nièce de Mme Le Pen.

"Je pense que cette candidature est susceptible de diviser les voix dans une période où tout le monde est d'accord pour dire que nous pouvons gagner la prochaine élection présidentielle", s'est désolé M. Bardella dimanche sur France 3

"Si la France est en danger de mort, comme le disent Marion Maréchal et Éric Zemmour (...) alors à ce moment-là on se présente pas dans son coin pour faire 5 ou 6% à une élection et pour participer d'une forme de division des voix au moment même où nous devrions les unir pour envoyer un message très clair face à Emmanuel Macron", a-t-il insisté.

Tout en concédant que cela ne restera sans doute qu'"un effort vain", M. Bardella a donc plaidé pour l'union: "je ne désespère pas de voir Marion Maréchal rejoindre un jour le camp de ceux qui peuvent gagner", a-t-il glissé.

Un appel entendu ? Marion Maréchal n'en a dit mot dimanche durant son quart d'heure d'allocution sous un soleil de plomb. 

Trahison

L'ancienne députée du Vaucluse a préféré envoyer de nouveau des signaux de fumée à LR, dont elle a étrillé les élus - accusés d'"incohérences" et de "trahison" - tout en choyant les sympathisants. 

En toile de fond, les récents sondages qui donnent Les Républicains sous la barre des 10% d'intentions de vote, talonnés par Reconquête autour de 7%.

"Je lance un appel à tous les électeurs LR, à tous les électeurs de droite: rejoignez-nous", a-t-elle exhorté devant quelque 2.000 personnes. Ajoutant une main tendue à l'eurodéputé François-Xavier Bellamy, tête de liste LR en 2019, pour lui dire explicitement qu'il "devrait être à (ses) côtés" lors de cette campagne. 

"Ce sont les électeurs qui peuvent faire l’union des droites", salue ainsi Mireille Mouren, 66 ans, militante Reconquête de Lozère qui a "voté un peu pour tout le monde, du RN à LR". 

Il faut "un travail de conviction, d’ouverture de paupières encore closes", poursuit Calixte Joüon, 70 ans, venu de Loire-Atlantique, pour qui également "l’unité viendra de la base".

Unité dont le temps ne semble pas encore venu, comme l'a souligné dimanche sur Radio J le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, en ironisant sur le "combat fratricide, absurde" entre Marine Le Pen et Eric Zemmour.

"Il est clair qu'une liste Philippot, une liste Dupont-Aignan, une liste Marion Maréchal, une liste Bardella, une liste Bellamy, ça fait trop de listes qui vont décevoir nos concitoyens", a-t-il également prévenu.

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