Européennes: la dynamique Glucksmann se confirme

La dynamique de la tête de liste du PS et de Place publique Raphaël Glucksmann se confirme dans les intentions de vote aux élections européennes, les 8 et 9 juin, et l'écart se réduit avec la candidate Renaissance Valérie Hayer...

La tête de liste du PS et de Place publique aux élections européennes, Raphaël Glucksmann, le 26 avril 2024 à Bourges © Guillaume Souvant
La tête de liste du PS et de Place publique aux élections européennes, Raphaël Glucksmann, le 26 avril 2024 à Bourges © Guillaume Souvant

La dynamique de la tête de liste du PS et de Place publique Raphaël Glucksmann se confirme dans les intentions de vote aux élections européennes, les 8 et 9 juin, et l'écart se réduit avec la candidate Renaissance Valérie Hayer, même si l'essayiste se garde de tout triomphalisme.

A six semaines du scrutin, avec 14% des intentions des votes (+2,5 en un mois), la liste de Raphaël Glucksmann se rapproche de celle de la majorité présidentielle conduite par Valérie Hayer, à 17% (-1), selon une étude Cevipof-Ipsos-Institut Montaigne-Fondation Jean-Jaurès pour le Monde publiée lundi et portant sur 10.651 personnes.

Et la livraison de lundi du sondage quotidien Ifop-Fiducial pour LCI, Le Figaro et Sud Radio donne la liste de l'eurodéputé à 14,5% (+ 2,5 points sur une semaine), à seulement 1,5 point de celle de Valérie Hayer (16%, -1 point en une semaine).

Les socialistes comme les macronistes restent largement distancés par le Rassemblement national de Jordan Bardella, crédité de 32% par Ipsos, 31,5% par l'Ifop.

"Il y a une dynamique claire" qui s'est établie en faveur de M. Glucksmann, estime Gilles Finchelstein, secrétaire général de la Fondation Jean-Jaurès.

Il souligne notamment un enseignement marquant: "les sympathisants socialistes redeviennent des électeurs socialistes". "En 2019, 40% seulement des sympathisants socialistes étaient des électeurs socialistes. Là on est à près de 90%".

Avec un score avoisinant celui de Mme Hayer, en tenant compte des marges d'erreur des sondages, M. Glucksmann peut en théorie nourrir l'espoir d'un croisement des courbes entre les deux listes. 

"Nous nous engouffrons dans un espace qui était complètement étouffé par Mélenchon et Macron. On voit qu'on peut écarter les murs, donner de l'air", a commenté lundi soir l'eurodéputé en marge d'un meeting à Grenoble.

Mais, l'essayiste, devenu la cible de l'extrême droite, de la macronie, et même de ses concurrents de gauche, reste prudent. Il se refuse à évoquer un éventuel croisement des courbes, assurant savoir "trop bien" la déception que cela pourrait engendrer si, au soir du 9 juin, il ne dépassait pas Valérie Hayer.

"Être bon dans les sondages, cela ne suffit pas, on ne se laisse pas griser, on est dans le temps du combat", a-t-il relevé. "Si on se fixe un objectif (de pourcentages de voix, NDLR), on se perd".

Au sein du PS, certains ne cachent pas pourtant espérer doubler la liste macroniste. "Si on arrive à capter ceux qui s'abstiennent, il peut y avoir un croisement", assure une cadre du parti. "Les gens qui s'abstiennent, souvent ils ont voté efficace la dernière fois, soit Jean-Luc Mélenchon, soit Emmanuel Macron, et aujourd'hui ils sont déçus".

Et les militants commencent aussi à y croire. Il y a "une nouvelle dynamique", "il faut casser le duo Macron-Le Pen", commente Loris Dumont, un étudiant de 21 ans en marge du meeting de Grenoble. Thomas Pibouleu, ingénieur chimiste de 26 ans, craint toutefois que les jeunes ne se mobilisent pas assez, "ils sont dégoûtés de la politique, pas connectés, ça ne les intéresse pas".

Dans tous les cas, pour Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos, "Glucksmann prospère sur la faiblesse de ses concurrents", et notamment "parce que LFI et les écologistes vont mal", rappelle-t-il dans une tribune au journal Le Monde.

L'essayiste profite aussi "à plein des difficultés d’Emmanuel Macron et récupère 17% de ses électeurs à la présidentielle", note-t-il. Des voix qui "comptent double", dans la chasse à la deuxième place du scrutin, souligne M. Finchelstein.

Enfin, "Raphaël Glucksmann fait tout simplement une bonne campagne", juge M. Teinturier, car il parle d'Europe, met "l’accent sur la transition écologique" et a "une ligne claire s’agissant de l'Ukraine, mais aussi de Gaza".

Mais pour le sondeur, le croisement des courbes reste "peu probable" en raison de la volatilité de son électorat (55% seulement sont sûrs actuellement de voter pour lui).

Il suffit que certains électeurs encore indécis "repartent vers EELV, LFI ou la majorité présidentielle pour que (son) score se tasse".

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