Européennes: la campagne à double titre de l'agricultrice LR Céline Imart

A la fois céréalière au parler cash qui arpente seule sur son tracteur ses champs dans le Tarn et numéro 2 tout aussi punchy de la liste LR aux européennes, Céline Imart mise sur les...

Celine Imart, numéro deux de la liste LR aux élections européenne de juin, sur son exploitation céréalière, à Cuq-Toulza, dans le Tarn, le 17 mai 2024 © Lionel BONAVENTURE
Celine Imart, numéro deux de la liste LR aux élections européenne de juin, sur son exploitation céréalière, à Cuq-Toulza, dans le Tarn, le 17 mai 2024 © Lionel BONAVENTURE

A la fois céréalière au parler cash qui arpente seule sur son tracteur ses champs dans le Tarn et numéro 2 tout aussi punchy de la liste LR aux européennes, Céline Imart mise sur les deux tableaux pour une "bonne moisson" en juin.

"Vous conduisez vous-même votre tracteur ?": c'est la question qui met hors d'elle cette agricultrice de 42 ans, qui a repris l'exploitation familiale de 240 hectares il y a 14 ans. "On ne demanderait pas ça à un mec", réplique-t-elle sèchement, très agacée. 

Histoire de bien se faire comprendre, avant de démarrer son tracteur, elle énumère les tâches qu'elle assume elle-même sur l'exploitation: "la moisson, les semis, les engrais, la pulvé. Tout de A à Z, sans prestataire", affirme-t-elle, précisant toutefois avoir embauché un salarié à 50% depuis septembre dernier.

Un emploi du temps qui n'a pas empêché cette ancienne porte-parole de l'interprofession des céréales en France d'accepter à la mi-février de se lancer dans la bataille des européennes en tant que numéro 2 de la liste des Républicains, conduite par François-Xavier Bellamy, qui stagne autour de 8% dans les sondages. 

Pour faire campagne, elle doit quitter la sienne, située dans une zone blanche, à une bonne heure de route de l'aéroport ou de la gare de Toulouse.

Elle rentre un ou deux jours plus tard, souvent dans la nuit, avant de se lever parfois "à 5 heures pour reprendre le boulot", comme au lendemain d'un récent déplacement dans l'Yonne.

Des campagnes très distinctes, mais qui ont pourtant un point commun: "C'est maintenant que tout se joue", aussi bien pour les élections du 9 juin que pour les moissons qu'elle prévoit "d'attaquer" autour du 20 juin.

Ces deux fronts accaparent tout autant l'attention de Céline Imart, propulsée en première ligne des européennes et guettant sur ses champs l'apparition d'une éventuelle trace de maladie avec le retour attendu de la chaleur après les récentes et abondantes pluies printanières. 

-"La campagne s'insère dans la campagne"-

Si elle reconnaît qu'il n'est "pas évident" de conjuguer candidature et agriculture, Céline Imart s'empresse d'ajouter qu'elle apporte de la "richesse" avec un enracinement rural et une activité professionnelle qui fait souvent défaut à la classe politique. 

"C'est même une chance" que de mener à bien ces deux activités, qui s'ajoutent à son rôle de mère de famille, et qu'elle juge compatibles à condition de "s'organiser" et de "planifier" à l'avance les travaux aux champs et les activités politiques.  

"La campagne s'insère alors naturellement dans la campagne", soutient-elle, avant d'insister sur le rôle "de tant de femmes qui se lèvent le matin, obligées de jongler entre les obligations familiales, le travail et l'engagement".

Enfant, elle ne rêvait pourtant pas de devenir agricultrice. D'abord tentée par l'enseignement du français, elle est entrée à Sciences Po Paris avec l'intention d'embrasser une carrière diplomatique qui la mènerait loin de la ferme familiale.

Mais son passage par la prestigieuse école parisienne l'a tellement déçue qu'elle en a renoncé au concours et même déchiré sa "convocation à celui de l'ENA" pour changer de cap et entrer à l'Essec, une école de commerce, avant de reprendre l'exploitation familiale.  

Tandis qu'elle revient vers son pick-up, un cycliste agite frénétiquement sa sonnette pour lui demander de dégager la route. 

"Oh ça va, il y a de place...", s'exclame-t-elle, houspillant en occitan ce "pelut" (chevelu) qu'elle décrit comme un "zadiste". De ceux qui manifestent contre les travaux de la voisine et controversée autoroute A69 et auparavant contre un barrage à Sivens, également dans le Tarn. 

"Cette manière de remettre en cause tout le temps le processus démocratique par la violence, ça m'énerve", argumente-t-elle, tandis que le cycliste s'éloigne en lui adressant une insulte misogyne.

Le regard fixé sur ses champs de blé où fleurissent les premiers coquelicots, Céline Imart se refuse à spéculer sur la moisson "tant que ce ne sera pas récolté". 

Pour les européennes, en revanche, elle se montre moins prudente. "Je pense que la moisson pour LR sera bonne", estime-t-elle, même si les sondages pronostiquent pour le RN une bien meilleure récolte avec plus de 30% d'intentions de vote. 

34RY3GW