Européennes: l'écologiste Marie Toussaint lance sa campagne "sensible", entre "douceur" et danse

Marie Toussaint, tête de liste des Ecologistes aux Européennes, est entrée officiellement samedi en campagne avec un premier meeting à Paris où elle a fait vibrer "la corde sensible" et appelé à "écouter les pulsations du...

Marie Toussaint, tête de liste des Ecologistes aux Européennes, le jour de sa désignation le 10 juillet 2023, à Paris © Ludovic MARIN
Marie Toussaint, tête de liste des Ecologistes aux Européennes, le jour de sa désignation le 10 juillet 2023, à Paris © Ludovic MARIN

Marie Toussaint, tête de liste des Ecologistes aux Européennes, est entrée officiellement samedi en campagne avec un premier meeting à Paris où elle a fait vibrer "la corde sensible" et appelé à "écouter les pulsations du vivant", avec pour défi de gagner en notoriété.

Largement inconnue du grand public, elle a créé la surprise en proposant lors de son meeting qu'elle voulait "différent", une séance de "Booty Therapy", sorte de danse du fessier, qui a fait se déhancher, avec plus ou moins de bonne volonté, la cheffe des écologistes Marine Tondelier, le sénateur Yannick Jadot, le maire de Grenoble Eric Piolle ou encore la députée Sandrine Rousseau, dans la salle de l'Elysée Montmartre.

Respectée en interne pour son combat au sein de "l'Affaire du siècle", qui a fait condamner l'Etat français en 2021 pour ses manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique, l'eurodéputée a choisi de mener une "campagne sensible".

Samedi, elle a invité les militants à "écouter les pulsations du vivant", c'est-à-dire "comprendre que la vie est un miracle fragile, qui ne tient, en somme, qu'au frottement des ailes d'une abeille".

A plus de six mois des élections européennes, prévues en juin 2024, ce premier meeting était un défi: "Chez les écologistes, c'est une élection à part entière, aussi importante que la présidentielle", justifie Marie Toussaint, pour expliquer ce départ en campagne précoce. 

Le parti, qui a refusé de faire une liste commune Nupes, au grand dam de La France insoumise, ambitionne un meilleur score que la liste de Yannick Jadot en 2019 (13,5%). Les sondages créditent aujourd'hui la liste de Marie Toussaint de 8 à 10% des intentions de vote.

A 36 ans, l'eurodéputée élue en 2019 doit surtout se faire connaitre, alors qu'elle ne bénéficie pas de la même surface médiatique que son prédécesseur.

Manière de se démarquer, Marie Toussaint prône la "douceur" en politique.

"Il n'y a pas de meilleur moment pour la douceur que quand la violence étend un voile spectral sur notre avenir", a-t-elle justifié devant quelques 850 militants.

"Mais ça ne veut pas dire tendre l'autre joue", a-t-elle précisé à la presse, après avoir été huée aux journées d'été de La France insoumise par des militants réclamant une liste commune de la gauche aux européennes.

C'est surtout face à "l'alliance de la droite et de l'extrême droite" contre l'écologie, qu'elle se prépare.

Vent de face

"Contrairement à 2019, où on avait de l'espoir, "aujourd'hui on fait campagne avec le vent de face", a prévenu cette juriste de formation.

Elle dénonce "la propagande mensongère" des droites qui "font croire que les classes populaires et rurales sont contre l'écologie". 

Pour elle, "l'enjeu, c'est: +est-ce qu'on se met en capacité de défendre la vie humaine sur terre?+", insiste-t-elle, au moment où la Commission européenne a décidé de renouveler pour 10 ans l'autorisation du glyphosate, herbicide controversé classé cancérigène probable. 

"C'est pas les écologistes qui agitent les peurs. Nous on dit: il y a des réponses, ce qui n'est pas le cas des droites et d'Emmanuel Macron", souligne l'eurodéputée qui n'a pas digéré que le chef de l'Etat ait réclamé en mai dernier une "pause sur les règlementations environnementales" au niveau européen.

Celle qui s'est distinguée au Parlement européen par son combat pour la reconnaissance de l'écocide, a été désignée tête de liste en juillet dernier, devant l'ex-secrétaire national du parti David Cormand.

Elle a tout de suite posé les jalons de son projet: faire adopter un "traité environnemental européen" et "faire de la lutte contre la pauvreté la colonne vertébrale de l'Europe", via un droit de "véto social", qui consiste à "étudier l'impact de chaque projet sur les 10 ou 20% les plus pauvres". 

Dans ce souci de défendre justice sociale et justice environnementale, elle a fait intégrer sur la liste écologiste l'ex-gilet jaune Priscillia Ludoski, avec qui elle a publié un livre, mais aussi Amine Kessaci, président de l'association marseillaise Conscience. Deux symboles pour elle de l'écologie de la France périphérique et des quartiers.

346Q3BV