Européennes de juin: l'extrême droite française, en tête des sondages, lance sa campagne
A cent jour des élections européennes, le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) est donné largement favori en France, emmené par sa jeune tête de liste Jordan Bardella, qui donne...
A cent jour des élections européennes, le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) est donné largement favori en France, emmené par sa jeune tête de liste Jordan Bardella, qui donne dimanche le coup d'envoi de sa campagne.
A 28 ans, Jordan Bardella tient dimanche après-midi un premier meeting géant à Marseille (sud-est) où quelque 8.000 personnes sont attendues, pour tenter d'asseoir la dynamique qui le porte. Jusqu'à présent, le RN est en tête de tous les sondages sur les intentions de vote - crédité de 28% à 30% des suffrages.
En ouverture, Marine Le Pen a fustigé les "postures guerrières" du président Emmanuel Macron.Elle a dénoncé le "cynisme" d'un "président en état de siège, sifflé au Salon de l'agriculture, et qui croit pouvoir trouver le salut politique dans des postures guerrières qui ont stupéfié les Français", en allusion aux récents propos du chef de l'Etat sur l’envoi possible de troupes en Ukraine.
En moins de cinq ans, Jordan Bardella, président du RN depuis 2021 alors que Marine Le Pen se tient en réserve pour une candidature à la prochaine élection présidentielle, s'est imposé dans le paysage politique.
Arrivé en tête (23,34%), il a ensuite méthodiquement investi le paysage politique et médiatique, porté par ses talents de débatteur. En 2022, lors de la troisième candidature à l'Elysée de Marine Le Pen, il était l'un de ses porte-parole les plus dévoués.
Le scrutin européen du 9 juin doit parachever cette ascension fulgurante, avec une double condition : "arriver en tête et avec un score supérieur à celui de 2019" (23,34%), résume l'un de ses proches.
Une ambition que les sondeurs et les experts jugent tous raisonnable.
Les stratèges du parti de Marine Le Pen s'autorisent, en privé, à viser la barre des 30% et espèrent surclasser d'au moins dix points le parti du président Emmanuel Macron, avec lequel ils avaient fait jeu quasi-égal en 2019.
En assumant de "nationaliser" le scrutin pour en faire des "élections de mi-mandat" contre l'exécutif et la majorité, ces européennes doivent être le marche-pied à une quatrième candidature de Marine Le Pen à l'élection présidentielle dans trois ans.
Selon l'institut de sondages BVA, un tiers des Français entend utiliser son bulletin de vote aux Européennes pour "exprimer (son) opposition à la politique actuelle".
Mais certains s'inquiètent d'un statut de favori qui pourrait démobiliser l'électorat - un talon d'Achille historique du RN, qui l'avait notamment empêché de remporter la moindre région aux élections régionales de 2021, au mépris des pronostics.
Le meeting marseillais est l'occasion d'éprouver un nouveau slogan : "La France revient", sous-titré "L'Europe revit", clin d'oeil à la formule de Ronald Reagan "America is back".
Jordan Bardella a déjà dévoilé jeudi dernier une "stratégie tricolore" - comme les feux de circulation - faisant le tri entre les coopérations communautaires qu'il "approuve" (en vert, par exemple Erasmus), celles pour lesquelles il réclame de "nouvelles conditions" (orange, comme pour Schengen) et des "lignes rouges", notamment l'immigration.
Mais il l'assure : "Pas de +Frexit+, ni public, ni caché", se disant non pas "contre l'Europe", mais "contre l'Union européenne".
L'un de ses concurrents, l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, qui porte la liste socialiste, lui a répondu dimanche en qualifiant les lepénistes de "patriotes de pacotille (...) au service de Vladimir Poutine".
Et quelque 600 manifestants ont défilé dimanche à Marseille avant le meeting de l'extrême doite, décidés à "marquer leur opposition" au Rassemblement national.
34KG3C7