Européennes: à la peine dans les sondages, Maréchal reprend les fondamentaux zemmouristes
"Voulez-vous d'une Europe islamisée ou d'une Europe encore européenne?" Marion Maréchal, tête de liste Reconquête, s'est attachée dimanche à dramatiser l'enjeu du scrutin du 9 juin, dans un effort pour remobiliser l'électorat d'Eric Zemmour de...
"Voulez-vous d'une Europe islamisée ou d'une Europe encore européenne?" Marion Maréchal, tête de liste Reconquête, s'est attachée dimanche à dramatiser l'enjeu du scrutin du 9 juin, dans un effort pour remobiliser l'électorat d'Eric Zemmour de la présidentielle d'il y a deux ans.
Lors d'un premier grand meeting de campagne, au Dôme de Paris, il s'est agi de faire mentir des sondages inquiétants: une étude Elabe parue samedi relègue la liste Maréchal à 4,5% des intentions de vote, en-dessous du seuil qui permet d'envoyer des élus au Parlement européen.
Après la diffusion d'un clip qui montrait notamment des musulmans en train de prier - scène copieusement sifflée par quelque 5.000 sympathisants -, Mme Maréchal s'est lancée dans un discours de trois quarts d'heure autour de "La France fière" et la dénonciation de "l'avancée fulgurante et les conséquences de l'islamisation".
Pour l'ex-députée (2012-2017) du Vaucluse -alors encartée au Front national de sa tante Marine Le Pen-, cette campagne est celle de sa propre survie politique, voire celle du mouvement zemmouriste.
"Il y a douze ans, je m'engageais et je devenais la plus jeune députée de la nation. A l'époque, je le faisais par devoir. Aujourd'hui, je le fais aussi par amour, par amour pour mes filles, Olympe et Clotilde", a lancé la tête de liste.
Charia, ramadan, mariages forcés, mais aussi "lectures de drag queen auprès de nos petits dans nos bibliothèques": la candidate s'est appuyée sur les fondamentaux zemmouristes pour relancer une campagne à la peine.
"Ne zappez pas!", avait d'ailleurs haussé le ton Eric Zemmour à l'entame du grand raout parisien, en dressant un exposé historico-politique sur l'Europe convoquant Alexandre Le Grand, Jeanne d'Arc ou Napoléon, le tout sur fond de Mozart: "Voilà le beau, voilà le bien, voilà l'Europe". A l'inverse de la chanteuse Aya Nakamura, dont l'évocation a été huée par la salle.
Le numéro deux de la liste, Guillaume Peltier, avait avant lui résumé: "Il y a plus grave que le pouvoir d'achat ou le réchauffement climatique; l'enjeu, c'est de sauver la France du grand remplacement islamique".
Et, face à des sondages qui placent en tête le Rassemblement national de Jordan Bardella, un autre vice-président de Reconquête!, Nicolas Bay - lui-même ancien lepéniste - a mis en garde: "Le RN est arrivé en tête aux européennes de 2014 et à celles de 2019. Ça n'a pas eu le moindre impact sur les politiques européennes (et) ça n'a été utile qu'à une seule chose, la réélection d'Emmanuel Macron".
"Notre enjeu énorme, c'est parler à nos électeurs de 2022", résumait avant le meeting un stratège de la campagne, nostalgique des 7,07% d’Eric Zemmour à la présidentielle d'il y a deux ans.
Problème: seule une moitié d'entre eux entend rester fidèle à Reconquête!, lorsque 45% s'apprêtent à porter leur suffrage vers M. Bardella, selon une étude BVA parue fin février.
Chemin" avec Jordan Bardella
"Marine, Jordan, je veux vous dire que nous ne sommes pas des ennemis", a lancé dimanche Marion Maréchal à l'endroit de Mme Le Pen et M. Bardella, les estimant "d'une façon certaine, complémentaires", avec elle.
Alors que zemmouristes et lepénistes siègent dans deux groupes d'extrême droite distincts dans l'hémicycle de Strasbourg, Marion Maréchal a vanté "ce chemin que nous trouverons pour travailler ensemble au Parlement européen".
"Je veux que demain nous le trouvions aussi en France", a-t-elle ajouté, sans précision.
Dimanche, dans une tribune parue dans le JDD, Eric Zemmour avait pourtant considéré que "Macron-Le Pen, c'est le contraire d'un duel: c'est un duo", en dénonçant le "+en même temps lepéno-bardelliste" du RN "qui dit tout et son contraire".
Mais l'ex-polémiste s'est voulu dimanche conciliant envers leurs convoités électeurs: "On vous aime", a-t-il lancé aux sympathisants RN comme LR.
A propos des Républicains, eux-aussi à la peine dans les sondages, Marion Maréchal a d'ailleurs reconnu "respecter personnellement" leur tête de liste, François-Xavier Bellamy, mais qui selon elle "ne représente que lui-même".
"LR, finalement c'est 50 % de Macron qui ne s'assument pas et 50 % de Zemmour qui ne s'assument pas", a-t-elle ensuite attaqué. "A la fin, ça donne 100 % de promesses trahies".
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