Eurasanté : la crise n'entame pas le dynamisme des entrepreneurs
Il semblerait que l'année 2021 soit celle de l'accélération pour Eurasanté. Malgré une année marquée par la crise Covid, le parc a enregistré des chiffres records, tant sur les transactions que sur le nombre d'entreprises incubées.
Une centaine de nouveaux emplois créés par la filière santé-nutrition sur 2021 : un chiffre qui ne cesse de grimper d'année en année, et un secteur d'activité soutenu par le plan France relance et son 1,5 milliard d'euros d'investissements industriels planifiés sur les trois ans à venir dans les Hauts-de-France, pour un objectif de 3 500 emplois. A horizon 2025, la filière devrait compter près de 40 000 salariés pour 1 100 entreprises.
Ainsi, «2021
a été l'année de l'accélération. Autant sur la recherche
académique, qui n'est pas en reste dans les Hauts-de-France, que sur
le nombre d'entreprises accueillies sur Eurasanté», explique Etienne Vervaecke, directeur du GIE Eurasanté, qui compte
aujourd'hui 200 entreprises (contre 170 fin 2019 et 190 fin 2020)
pour 3 700 salariés.
Avec
33 transactions – 19 nouvelles implantations et 14 extensions –, le parc poursuit sa belle ascension, déjà entamée depuis plusieurs
années. Citons notamment l'extension de Lattice Medical (première
bioprothèse personnalisée de reconstruction mammaire après
mastectomie permettant une reconstruction naturelle et qui se résorbe
au bout de quelques mois pour ne laisser aucune trace dans le corps),
ou encore d'X'Prochem. «Nous
sommes spécialisé dans la synthèse chimique de protéines
thérapeutiques. L'idée, c'est de relocaliser
la production
de ces principes actifs en France d'ici la fin de l'année», explique Reda Mhidia, CEO de la start-up qui vient d'agrandir son
unité de production et compte huit salariés, avec un objectif de 10
millions de chiffre d'affaires d'ici deux ans.
Plus
de 8 millions d'euros levés
Même
dynamisme du côté du bio-incubateur qui accompagne à ce jour 91
projets, dont 34 nouveaux et 12 créations rien que sur l'année
2021. Mais surtout, ce sont 8,1 M€ qui ont été levés par les
start-up de la filière régionale et l'accueil – pour la
première fois – d'une société indienne, Niramai, qui développe
un nouveau dispositif médical basé sur un logiciel pour détecter
le cancer du sein à un stade beaucoup plus précoce que les méthodes
traditionnelles.
Belle
année également du côté d'Euralimentaire sur le MIN de Lomme, le
site d'excellence dédié aux produits frais, locaux et à leur
logistique, et qui a accompagné 72 porteurs de projet depuis sa
création il y a trois ans, permettant la création de 35
entreprises pour 200 emplois et 12 M€ de fonds levés, dont 4 M€
uniquement en 2021.
Eurasenior
à Arras
L'année
2021 aura également vu la naissance d'Eurasenior, premier
incubateur dédié à la silver économie d'Europe,
basé à Arras. Avec un lancement sur les chapeaux de roues – il
accompagne à ce jour 20 start-up en à peine un an –, Eurasenior
promet de belles pépites, à l'image d'Eppur, dirigée par Colin
Gallois. «Nous
avons conçu Dreeft, une paire de roues adaptable à n'importe quel
fauteuil roulant manuel, incluant un système de freinage qui permet
de ralentir et de tourner sans aucun frottement sur la main et avec cinq fois moins d'efforts», explique-t-il.
En effet, 35%
des 650 000 utilisateurs de fauteuils roulants en France
souffriraient de pathologies aux épaules et aux membres supérieurs
six mois seulement après l'utilisation d'un fauteuil roulant. Le
lancement commercial de Dreeft est prévu pour septembre 2022, et
Eppur entame actuellement sa première levée de fonds (800 000 €),
notamment pour lancer une étude clinique. Eurasenior ambitionne
d'accompagner 85 projets en silver économie et la création
de 25 entreprises à horizon 2025.
L'économie
circulaire s'invite dans la filière
«Nous
lançons trois initiatives : l'expérimentation d'une 'recyclo-tech'
pour reconditionner et réemployer les aides techniques usagées,
comme les fauteuils roulants par exemple, avec l'objectif d'un
lancement fin 2022. Mais aussi la relance du projet de la chambre
d'hôpital écoconçue, ainsi que le lancement d'un second fonds
d'investissement», explique Etienne Vervaecke. Ce fonds, baptisé «De
la fourche à la fourchette»,
prévu pour fin 2022, vient renforcer CapTech Santé Nutrition qui a
commencé un premier closing à 15 M€ fin 2021 et devrait être
doté, à terme, de 30 à 40 M€.
«Le
succès de nos entreprises, c'est l'accès au capital-investissement.
Il nous faut résoudre les inégalités flagrantes dans l'accès aux
fonds. Encore trop de fonds sont donnés en Ile-de-France», regrette Etienne Vervaecke.
Le Hub Eurasanté dès l'été 2024
Pour
faire face au développement croissant du parc, un nouveau bâtiment
de 3 600 m2 est prévu sur Eurasanté. Il abritera le Hub Eurasanté
ainsi qu'une usine-école. En août 2021, Eurasanté a lancé le
concours d'architecte pour une durée de six mois, avec pour ambition
de sélectionner le groupement qui se chargera de la conception et de
la réalisation de ce bâtiment. L'usine-école, sur 700 m2,
permettra de former les collaborateurs face aux évolutions
constantes des métiers et des outils de production, via un plateau
technique. Son objectif ? Former 1 500 personnes chaque année.
Le
permis de construire devrait être déposé pour l'été 2022 avec un
lancement des travaux en décembre.