Euramaterials au cœur de la relance avec les industriels régionaux

L'industrie régionale de la transformation des matériaux a été au centre des dynamiques d'investissement dans le cadre du plan de relance : 35 millions d'euros d'aides publiques auprès de 30 projets accompagnés par Euramaterials, à 95% émanant de PME. Soutenues par le cluster, bon nombre d'entre elles ont pu se lancer sur de nouveaux marchés.

Une trentaine de couturières travaillent dans la salle blanche.
Une trentaine de couturières travaillent dans la salle blanche.

Né de la fusion d'Up-Tex et de Matikem, Euramaterials – basé au CETI à Tourcoing – a joué, en 2020 plus que jamais, son rôle d'agrégateur et d'accompagnateur. Site d'excellence, il regroupe 180 membres (dont 120 entreprises) spécialisés dans les industries de transformation des matériaux dans des domaines d'application comme l'industrie graphique, la protection et le bien-être de la personne, les transports, la mobilité...

Euramaterials, c'est aussi un incubateur, avec 18 entreprises accompagnées en 2020 – et trois créations d'entreprise d'ici la fin de l'année – et 1 400 m2 uniquement dédiés à l'accélération des entreprises. «Notre travail, c'est d'aller chercher le bon partenaire. Les deux tiers des projets ont une composante liée à l'économie circulaire. C'est par exemple le cas de l'agroalimentaire qui garde les restes de production pour en faire des packagings. Il y a une vraie demande de nos membres», constate Stéphan Vérin, secrétaire général.

Le plan de relance, accélérateur de la croissance

Pas toujours facile pour une PME de savoir à qui s'adresser : «Quand est arrivé le plan de relance, on a voulu accélérer les choses. Mais comment porter notre projet au niveau national ? Nous avons un réseau d'industriels mais pas de politiques. Le plan France relance nous permet de faire un grand saut en avant. Nous avions les idées, mais on a pu structurer le projet avec Euramaterials», détaille François Tortel, PDG de Cousin Surgery, spécialiste de la conception et de la fabrication de dispositifs médicaux implantables à base de textile.

La PME fabrique 260 000 implants chaque année et détient 31% des parts de marché en France sur la chirurgie du rachis en non-fusion et 27% en chirurgie hernie inguinale. «Cousin Surgery a été la première entreprise à passer de la fibre naturelle à la fibre technique dès les années 1980», explique François Hénin, directeur général. De la corde de yachting – le cœur de métier de la PME quelques années après sa création –, Cousin Surgery est passée au fil ultra technique pour les ligaments articulaires.

Dans le cadre du projet "Résilience" du plan de relance, les codirigeants décident de lancer le projet d'investissement «Cousin Reboost», avec l'ambition de moderniser l'outil de production des dispositifs médicaux implantables sur le site de Wervicq-Sud et de relocaliser l'ensemble de la chaîne de production au sein de l'entreprise. Au total, 5,9 millions d'investissement sur trois ans, financés à hauteur d'1,9 million par l'Etat et à 30% par Bpifrance.

"Le plan France relance nous permet de faire un grand saut en avant"

«On a l'ambition de doubler notre capacité de production en passant à une industrialisation plus poussée. Cet investissement était prévu sur six ans, mais grâce au plan de relance, on pourra le réaliser en trois ans», détaille François Tortel. Alors qu'actuellement, les opératrices mettent trois semaines pour coudre un implant (tout est réalisé à la main), avec la nouvelle machine il sera possible de diminuer ce délai à... deux jours.

La PME régionale face aux mastodontes

Cette nouvelle dynamique a d'ailleurs aussi été l'occasion de changer le nom de la société en juillet dernier : exit Cousin Biotech, place à Cousin Surgery pour mieux s'ancrer sur le marché médical. La PME de Wervicq-Sud a comme concurrent des mastodontes du secteur comme Johnson & Johnson, Medtronic... Mais il en faut plus pour décourager François Tortel et François Hénin, d'autant plus que la PME a réalisé un chiffre d'affaires de 29 M€ en 2020 (dont 50% à l'export), en croissance annuelle de 6%, auprès de 800 clients hospitaliers publics et privés.

«Il y aura toujours des fournisseurs américains, mais nous devons être le numéro un en France et les savoir-faire doivent rester au cœur de l'entreprise», poursuit François Tortel. Chaque année, 11% du CA est consacré à la R&D. Si la crise Covid a eu des effets sur le CA de l'entreprise – une baisse de 4,5% en 2020 – , elle n'a pas affecté la volonté de croissance et de diversification de l'entreprise qui se lance également dans une fabrication écoresponsable avec le nettoyage des implants avec du CO2 supercritique, à la place de l'éther.