Et un autre argument pour les retenir !
Avant, on parlait de “GIPD”. Maintenant, c’est plutôt “Charte emploi”. Mais le but reste le même : que l’équipe des partenaires soit réactive et efficace face aux besoins RH des entreprises qui s’implantent ou se développent.
Bernard Lauverjat, directeur de Cambrésis développement économique (CDE), le dit sans détour : “Le GIPD est un des arguments pour vendre le territoire. Quand un investisseur extérieur se présente, tout naturellement il visite les terrains avec CDE mais, très vite, il prend part à une première réunion sur le thème des besoins en recrutements. La première écoute se fait là.” Le directeur de CDE fait bien comprendre que les entreprises ont souvent tendance à marchander et à faire jouer la concurrence entre les territoires. Il faut donc les retenir. Un GIPD efficace et les aides, notamment de l’Etat, au titre de la restructuration de la zone de défense dans le cas du Cambrésis, servent à cela. La réactivité est nécessaire.
Dans le Cambrésis, le dispositif “Gestion prévisionnelle des implantations et du développement”, ou GIPD, existe depuis 2001. Ce sigle, très administratif, désigne en fait à la fois un groupe de travail et l’accompagnement qui s’organise dans ce domaine des ressources humaines. Deux cas peuvent se présenter : une entreprise extérieure au territoire (exogène) manifeste l’intention de s’y implanter ou alors une entreprise déjà présente (endogène) souhaite s’agrandir et recruter. En principe, il faut que les besoins de l’entreprise dépassent la création de dix emplois. Des exemples. Ce GIPD peut se révéler indispensable lorsque les besoins en personnels, qualifications et en formations sont importants. Un exemple : l’arrivée de Fleury Michon sur Actipôle, jalonnée de contretemps depuis 2005, a suscité quelque 2 500 candidatures pour 40 premiers postes à pourvoir ! Et il y en a 200 en tout de prévus. Depuis une dizaine d’années, les implantations (toujours sur Actipôle) de sociétés, telles que Columbia, Isap (Life Plastic), Tanis (Grupo Antolin) ou Florette, ont bénéficié de ce GIPD qui revient, on l’a compris, à organiser une forme de sous-traitance des RH au bénéfice d’une entreprise qui ne connaît pas le territoire. Plus récemment, des entreprises comme Gestamp à Gouzeaucourt, ou Renson international sur Actipôle, toutes deux en cours de développement et d’extension, ont sollicité le dispositif. La société DIDN (vente par téléphone de produits d’assurances) ou la plate-forme logistique de Lidl (200 créations annoncées) sont également accompagnées. Bernard Lauverjat précise que l’accompagnement des entreprises se veut vraiment complet : “Pour Lidl par exemple, qui ne disposait pas de local, on s’est organisé pour qu’il y en ait un durant la phase de construction de son site, en parallèle à l’accompagnement d’une première vague de recrutement de 90
CDI.” Antoine Lobbedez, directeur de Pôle emploi Cambrai, prend, lui, l’exemple de l’entreprise cambrésienne DIDN, venue de Douai, qui recherchait une quarantaine de téléopérateurs : “702 personnes ont été candidates, 307 ont passé des tests, 142 les ont réussis, 107 ont suivi une formation en situation, 77 ont abandonné car le stress est fort dans ce genre de métier. Tout au long de la procédure, recrutements et formations ont été ajustés, en faisant appel, au besoin, à des organismes privés plus spécialisés. On travaille jusqu’à ce que l’entreprise ait son effectif, d’autant plus s’il y a un fort turn-over.” Des partenaires. A l’origine, l’initiative en revient à la CCI du Cambrésis, celle d’avant la fusion. Depuis 2011, le dispositif est coordonné, dans l’arrondissement, par la Maison de l’emploi et porté par une “charte partenariale” réunissant Pôle emploi (en première ligne dans la mise en oeuvre de la procédure de sélections/ recrutements), les services de l’Etat de la Direccte (et ceux de la sous-préfecture), Cambrésis emploi qui réunit maintenant la Maison de l’emploi et le Plan local pour l’insertion et l’emploi (PLIE). On peut y ajouter le Conseil régional (pour les formations) et donc Cambrésis développement économique déjà cité et la CCI. Le premier contact se fait souvent via la Chambre de commerce ou alors via CDE selon qu’il s’agit d’une entreprise du territoire ou d’ailleurs. En langage administratif on parle d’ “endogène” ou d’ “exogène”. Valérie Delay, directrice de Cambrésis emploi, précise que les partenaires du dispositif s’adaptent à la stratégie de l’entreprise à accueillir et “ne communiquent pas à sa place”. “On n’engage pas la procédure avant d’avoir son feu vert” ajoute Antoine Lobbedez. Un contrat est signé. Concrètement, entre l’entreprise et les partenaires de la charte, un “contrat de service” est signé. Son intitulé est on ne peut plus explicite : “Offre de services aux employeurs créant de l’emploi sur le territoire”. Dès les premières lignes du document, l’interlocuteur unique est désigné à l’entreprise qui recherche CDI et CDD : il s’agit de Pôle emploi chargé de décliner l’offre en question, des études de postes à pourvoir au suivi des recrutements après l’embauche, avec, bien sûr, l’appui des partenaires déjà cités. Quant à l’entreprise, elle s’engage à “communiquer” avec Pôle emploi tout au long de la procédure et du rétroplanning organisé. Contact : Valérie Delay, Cambrésis emploi, rue Neuve à Cambrai. Tél. : 03 27 70 01 29.