Eric Dupond-Moretti s'explique devant la CJR sur ses débuts de ministre

Au deuxième jour de son procès devant la Cour de Justice de la République (CJR) pour prise illégale d'intérêt, Eric Dupond-Moretti est revenu sur ses débuts de ministre de la Justice, expliquant notamment sa...

Croquis d'audience montrant le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti à l'ouverture de son procès pour "prise illégale d'intérêts", le 6 novembre 2023 à Paris © Benoit PEYRUCQ
Croquis d'audience montrant le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti à l'ouverture de son procès pour "prise illégale d'intérêts", le 6 novembre 2023 à Paris © Benoit PEYRUCQ

Au deuxième jour de son procès devant la Cour de Justice de la République (CJR) pour prise illégale d'intérêt, Eric Dupond-Moretti est revenu sur ses débuts de ministre de la Justice, expliquant notamment sa confiance dans les recommandations de son administration.

"Jamais je n'ai pensé que mon administration me proposait des choses en dehors des clous", a-t-il assuré lors de son interrogatoire.

L'ex-ténor du barreau est revenu sur les circonstances dans lesquelles il avait quitté la profession d'avocat après sa nomination surprise comme garde des Sceaux, en juillet 2020.

"C'était évidemment pour moi un grand bouleversement, d'abord à titre personnel", a-t-il déclaré, expliquant avoir alors découvert "un monde totalement étranger": des lieux qui "écrasent", "chargés d'une mémoire historique", les "cravates" à acheter, un cabinet à composer, une administration "complexe", une "langue administrative un peu technocratique", son langage notoirement "fleuri" à policer...

Il a aussi déploré des "rumeurs" qui auraient circulé sur la piètre qualité des membres de son cabinet et évoqué sa "très grande émotion" après les moqueries qui auraient suivi sa première intervention lors de la séance des questions au gouvernement au Parlement.

Eric Dupond-Moretti, jugé pour "prise illégale d'intérêts", est soupçonné d'avoir utilisé sa fonction de ministre pour régler des comptes avec quatre magistrats avec qui il avait eu des différends quand il était avocat, en ordonnant des enquêtes administratives à leur encontre. 

"J'ai toujours dit que je n'ai fait que suivre les recommandations de mon administration", a-t-il répété mardi.

Ce dossier inédit fait de lui le premier ministre de la Justice en exercice à être jugé.

Lundi, dans sa déclaration liminaire, le ministre avait qualifié ce procès d'"infamie" pour lui et ses "proches", déplorant les "contrevérités" entendues selon lui depuis sa mise en cause, et ajoutant qu'il entendait se "défendre fermement".

Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation, qui porte l'accusation au procès, s'était ensuite adressé aux juges (trois magistrats professionnels et douze parlementaires de tous bords), les appelant à un "souci permanent d'objectivité" dans ce procès "complexe".

Plusieurs d'entre eux sont "appelés, dans l'exercice de (leur) mission (...), à échanger régulièrement avec le garde des Sceaux", tandis que certains des témoins sont des magistrats "du ministère public et dont la carrière dépend de celui-là même que vous vous apprêtez à juger", a-t-il souligné.

Le procès est prévu jusqu'au 16 novembre.

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