Equateur: les députés rejettent l'augmentation de la TVA pour financer la guerre contre les gangs

Le parlement équatorien, où le parti au pouvoir est minoritaire, a rejeté l'augmentation de 12% à 15% de la TVA proposée par le président Daniel Noboa pour financer la guerre contre...

Des soldats montent la garde autour de la base aérienne Simon Bolivar à Guayaquil, en Equateur, le 19 janvier 2024 © Marcos Pin
Des soldats montent la garde autour de la base aérienne Simon Bolivar à Guayaquil, en Equateur, le 19 janvier 2024 © Marcos Pin

Le parlement équatorien, où le parti au pouvoir est minoritaire, a rejeté l'augmentation de 12% à 15% de la TVA proposée par le président Daniel Noboa pour financer la guerre contre les puissants gangs de trafiquants de drogue.

Avec 83 voix contre, sur 137 députés, l'Assemblée nationale s'est opposée mardi soir en deuxième lecture à cette mesure visant à augmenter cet impôt sur la consommation à 15% jusqu'en 2026, puis à le ramener à 13%.

Mi-janvier, dans la foulée d'une vague inédite de violences dans le pays après l'évasion d'un célèbre baron de la drogue, le président Noboa, élu en novembre pour un mandat de 18 mois, avait présenté ce projet de loi d'urgence pour mobiliser les ressources nécessaires au déploiement de l'armée dans les rues.

Selon le ministère de l'Economie, l'augmentation à 15% de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) devait générer quelque 1,3 milliard de dollars par an de recettes supplémentaires pour financer ce "conflit armé interne". La TVA est l'une des plus importantes sources de devises pour l'Equateur, à l'économie dollarisée et qui dépend également fortement de ses exportations de pétrole.

Après le vote des parlementaires, le président Noboa a opposé son veto à la décision législative et a présenté un nouveau document dans lequel il fixe la TVA à 13% et prévient qu'il en peut "modifier le taux".

"En aucun cas le taux ne pourra être inférieur à 13% ou supérieur à 15%, sauf exceptions prévues par cette loi", a expliqué la présidence dans un communiqué.

"Les Equatoriens ne peuvent pas attendre un seul jour de plus pour que la lutte contre le terrorisme soit renforcée par des ressources et continue à porter ses fruits", a plaidé la présidence.

Le parlement dispose de 30 jours pour accepter le veto présidentiel ou maintenir sa décision initiale.

La puissante organisation indigène équatorienne (Conaie), qui a participé aux soulèvements ayant renversé trois présidents entre 1997 et 2005, a rejeté la hausse de la TVA.

"La TVA augmente, tout augmente (...). Nous ne pouvons pas permettre qu'ils nous imposent cet impôt injuste et régressif, qui touche ceux qui ont le moins", a déclaré le groupe avant le vote.

Gangréné par le narcotrafic, l'Equateur a connu début janvier une explosion de violences inédite après l'évasion de l'ennemi public numéro un, alias "Fito", chef du plus puissant gang criminel du pays.

Le jeune président Noboa a depuis décrété l'état d'urgence et déclaré la guerre à une vingtaine de gangs liés aux cartels mexicains et à la mafia albanaise, désormais considérés comme "terroristes" et belligérants d'un conflit armé. Les évènements ont suscité une brève unité nationale, dans un pays fortement polarisé politiquement.

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