9 hectares, 350 000 pieds, 6 500 à 7 000 tonnes récoltées par an
Entretien avec Kévin Vandevelde, fondateur et gérant des Serres des Hauts-de-France
Inaugurées en 2018 à Arques, les Serres des Hauts-de-France se sont intégrées au sein du paysage horticole de l’Audomarois «sans faire de concurrence aux producteurs de légumes du territoire», assure Kévin Vandevelde, fondateur et gérant de l’entreprise. Une production qui se revendique respectueuse de l’environnement et destinée en priorité au marché local.
Issu d’une famille d’horticulteurs spécialisée dans la production de la tomate outre-Quiévrain, Kévin Vandevelde ne s’est pas lancé dans l’aventure par hasard.
«Aucune serre destinée à la production de la tomate n’est installée dans les Hauts-de-France alors qu’elles sont nombreuses en Belgique. J’ai commencé à travailler sur ce projet en 2014, notamment avec l’agence SOFIE et la CAPSO (communauté d'agglomération du Pays de Saint-Omer), pour choisir d’implanter la société à Arques pour diverses raisons. L’Audomarois est connu pour son agriculture, mais aucun horticulteur local ne produit de tomates sous serres. C’était important pour moi de me lancer sans faire de concurrence aux producteurs de légumes du territoire. Par ailleurs, le climat est idéal puisque humide, que les nuits sont fraîches et les journées assez douces.» Et de préciser : «Je suis belge, mais c’est une entreprise française ! J’habite ici désormais, tous mes employés sont français et notre production est dédiée au marché local.»
Une entreprise certifiée HVE
A ce jour, les Serres des Hauts-de-France emploient une cinquantaine de collaborateurs, jusqu’à 70 en saison, pour une production annuelle qui oscille entre 6 500 à 7 000 tonnes… sur une variété unique de tomate grappe.
«La grande majorité des salariés débutaient dans l’horticulture, c’était donc plus facile pour commencer.»
Pour répondre aux demandes des distributeurs, une ébauche de diversification autour de la tomate cerise est toutefois à l’essai, sans pour autant diminuer le volume de tomates grappes si elle venait à se concrétiser.
Un éventuel projet d’agrandissement est de ce fait à l’étude, mais «ce n’est pour le moment qu’un projet» tient à préciser l’entrepreneur : «Si cela doit se faire, cela ne sera pas avant 2022, voire 2023.»
Et si une partie de l’activité est automatisée, notamment la récolte et l’emballage de la production afin de réduire la pénibilité au travail, l’entreprise se veut également ancrée dans une démarche durable.
«Nous sommes certifiés HVE (Haute Valeur environnementale) niveau 3, autour d’une production intégrée afin de réduire notre impact environnemental. Les serres sont autonomes en consommation d’eau grâce à la récupération des eaux de pluie, nous n’utilisons aucun pesticide - nos tomates ne sont pas chimiques ! - mais des insectes pour entretenir nos tomates. Une installation de cogénération fonctionnant au gaz permet de chauffer les serres l’hiver, tout en revendant l’électricité produite, tandis que l’été nous utilisons uniquement une chaudière à condensation pour l’ensemble du site.»
Et pour polliniser les fleurs, des bourdons ont pris leurs quartiers dans les serres.
Trois années se sont écoulées depuis la mise en terre des premiers plants. Le bilan, s’il est loin d’être catastrophique, reste mitigé.
«La première année a été compliquée, nous avons eu beaucoup de pertes. Mais c’est normal car, comme je l’ai dit, beaucoup apprenaient le métier. La deuxième année, c’était mieux. Et 2020 a forcément été une année plus difficile en raison de la Covid-19, indirectement nous avons subi les conséquences de la fermeture des restaurants et beaucoup de personnes ont profité d’avoir du temps pour faire pousser des tomates dans leur potager...»