Vanderschooten, l'expert régional du linge de maison

Bastion de l’industrie textile française, le groupe Vanderschooten annonçait en juillet une évolution majeure dans sa gouvernance et sa stratégie avec la nomination de Jordan Tourneur au poste de directeur général, succédant à Bernard Vanderschooten. Rencontre.

Jordan Tourneur, directeur général. © Barbara Grossmann
Jordan Tourneur, directeur général. © Barbara Grossmann

Un nouveau chapitre s’est ouvert dans l’histoire du groupe Vanderschooten puisque, pour la première fois en 77 années, ce n’est désormais plus un membre de la famille – qui reste actionnaire principal – à la tête de l’entreprise. «Après un parcours dans la finance marqué par de nombreux voyages et une première rencontre avec le textile au Bangladesh, où j’ai découvert des conditions de vie catastrophiques, j’avais envie de changement, de retrouver une PME à taille humaine, avec des valeurs. Avec Bernard, j’ai eu un coup de foudre professionnel ! Il avait de grands projets pour l’entreprise et m’a confié la direction administrative et financière».

Sauvegarder la production en France

Dans la continuité de son prédécesseur, Jordan Tourneur entend poursuivre son engagement en faveur du Made in France en s’appuyant sur l’expérience et le savoir-faire de la société nordiste. «Le développement des marques propres et la distribution ont sauvé l’entreprise dans les années 90 face à la concurrence asiatique. Il y a eu un regain de la grande distribution à partir de 2016/2017, mais du fait du contexte international, de la guerre en Ukraine notamment, c’est plus compliqué depuis deux ans. Toutefois, la diversification de nos activités et le multicanal nous permettent de garder le cap. L’objectif est de continuer à gérer l’entreprise en bon père de famille, comme elle l’a toujours été. 

© Barbara Grossmann


L’entreprise est solide financièrement et ne dépend de personne puisque nous sommes indépendants. Nos 77 années d’expérience nous permettent d’anticiper et de développer les secteurs qui fonctionnent quand d’autres ont plus de difficultés, c’est la clé ! Et mon engagement, c’est le maintien et la sauvegarde de la production en France ; c’est celui de la famille Vanderschooten depuis toujours et c’est pour cela que j’ai accepté cette responsabilité». La flexibilité est également un atout de taille. «Contrairement aux fabricants asiatiques, nous pouvons offrir des petits volumes à nos clients dans des délais rapides».

Et de poursuivre : «Quand je lis qu’aujourd’hui 22% des colis gérés par la Poste sont issus des plateformes chinoises Shein et Temu, je me dis que ça vaut le coup de se battre pour maintenir notre tissu industriel ! Quand je vois les conditions sociales et écologiques de production dans des pays comme le Bangladesh, je suis convaincu que notre engagement a du sens. La concurrence est déloyale, nous n’avons pas les mêmes contraintes et c’est normal, c’est pour le bien commun et nous devons les accepter, mais cela nous oblige à être malins, résilients, à trouver des solutions… je suis ingénieur et j’adore travailler sous contraintes !» 

© Barbara Grossmann


Quant à la clé du succès, elle réside dans une stratégie de démocratisation du Made in France. «Sur le haut de gamme, nous avons de belles marques avec deux leviers de croissance que sont le e-commerce et l’export (15% du chiffre d’affaires est réalisé à l’export, ndlr). Sur l’entrée de gamme, nous devons nous démarquer avec l’excellence opérationnelle – des investissements ont par exemple été réalisés pour l’achat d’automates – pour fabriquer en France à un prix acceptable pour le consommateur. Nous devons rendre le Made in France accessible et c’est possible !»

Une prise de conscience collective

Jordan Tourneur souligne l’importance de l’Etat dans la préservation du Made in France, comme celle du consommateur. «Quand je suis arrivé il y a 3 ans et demi, je ne connaissais rien au textile et encore moins au linge de maison. Et l’une des choses qui m’a convaincu de rejoindre le groupe Vanderschooten, c’est qu’on passe un tiers de notre vie dans notre lit ! Nous n’utilisons que des matières naturelles, du coton, du lin, pas de polyester ni de pétrole, et on essaie d’avoir des matières premières de la meilleure qualité possible. Une frange de la population est désormais sensible à l’idée de ne pas dormir dans n’importe quoi, de ne pas passer un tiers de sa vie dans du ‘pétrole' produit au Bangladesh». Et de conclure : «ça vaut le coup de mettre un peu plus cher pour dormir dans du linge de maison de qualité et produit dans des conditions écologiques et sociales acceptables».

© Barbara Grossmann

Une entreprise fondée en 1947

Spécialisé dans la confection de linge de maison, le groupe nordiste a été fondé en 1947 par Joseph Vanderschooten. Il possède aujourd’hui 5 marques (parmi lesquelles Essix, Alexandre Turpault et Coucke) et une licence (Designers Guild) en linge de lit, linge de bain et linge de table pour près de 200 salariés répartis sur le siège de Nieppe et ses points de vente (7 magasins et 7 magasins d’usine).