Conjoncture : entre résistance, reprise et interrogations dans la région

Une résistance affichée, une reprise en cours mais qui pourrait être remise en cause avec l’évolution de l’épidémie de la Covid-19 et du variant Delta, et surtout des difficultés de recrutements récurrentes qui s’accentuent, l’écosystème économique régional est aujourd’hui entre deux eaux. Reste à savoir si cela va monter ou descendre...

La reprise d’activité est palpable dans la région depuis plusieurs semaines, reste que les interrogations sont aujourd’hui de mise depuis l’évolution du variant Delta.
La reprise d’activité est palpable dans la région depuis plusieurs semaines, reste que les interrogations sont aujourd’hui de mise depuis l’évolution du variant Delta.

Le variant Delta menace-t-il la reprise économique dans la région, et un peu partout dans l’Hexagone ? La question est plus que posée. Il y a encore quelques jours, elle ne semblait même pas être à l’ordre du jour pour une grande majorité des parties prenantes de l’économie régionale. En l’espace d’une semaine, la donne semble avoir complétement changé notamment avec l’extension du pass sanitaire. «La généralisation cet été en France du pass sanitaire ne menace pas la croissance, malgré les inquiétudes de nombre de commerçants sur une moindre fréquentation», a assuré François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France sur les ondes de France Info le 15 juillet. «L’extension du pass sanitaire, si elle entraîne une extension de la vaccination, devrait même plutôt consolider la croissance.» Après une chute à - 8 % l’an passé, les prévisions de croissance de Bercy sont maintenues à 5 % pour cette année. La Banque de France voit l’économie nationale rebondir de 5,75 % et l’Insee table elle sur une croissance de 6 % du PIB. Dans la région, au début du mois dans son enquête conjoncturelle régionale, l’Insee Grand Est assure que «l’économie dans le Grand Est résiste mieux aux restrictions sanitaires.» 


Résilience et adaptation

Des restrictions sanitaires, même s’il apparaît certain qu’elles soient renforcées au fil des jours et semaines à venir du fait d’une quatrième vague quasi évidente, n’apparaissent plus réellement comme des obstacles insurmontables pour une certaine partie de l’écosystème entrepreneurial. «Quand on regarde dans les trimestres passés, chacune des vagues a eu de moins en moins d’effets économiques négatifs», continue le gouverneur de la Banque de France. - 31 % en avril 2020 ; - 7,5 % en novembre 2020 et - 6 % en avril dernier. Dans leur ensemble, les entreprises (tous secteurs confondus) apparaissent beaucoup mieux organisées, notamment au niveau du télétravail. La mise en place des protocoles sanitaires semble plus que bien rôdée même si des piqûres de rappel sont toujours nécessaires. La résilience et l’adaptation de certains secteurs, via notamment l’appropriation de l’outil numérique pour développer des services et vente en ligne, peuvent laisser présager que la quatrième vague en vue pourrait être, non pas facilement mais certainement, absorbée par un important pan des secteurs d’activité. L’écosystème entrepreneurial a appris à vivre avec la Covid-19 même s’il apparaît plus qu’avéré (et dommageable) que certains secteurs seront durablement touchés. Reste que si le «tsunami viral» comme le qualifie Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, possible si les vaccinations n’augmentent pas franchement, entraînera inexorablement des conséquences économiques et sociales négatives, une autre «menace» est pointée du doigt par bon nombre d’analystes : les difficultés récurrentes (et en forte croissance) de recrutement. Le variant Delta n’est pas la seule menace. Les difficultés des entreprises à pourvoir des postes vacants demeurent l’une des principales préoccupations. «Cette situation est inacceptable économiquement et socialement au vu d’un taux de chômage toujours élevé à quelque 8 %», assure François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France. Sur ce point précis, reste à trouver le véritable vaccin...

Croissance : stop ou encore ?

«Pour le mois de juillet, continuité de la croissance (...) Et à court terme, un regain d’activité avec des répercussions favorables sur l’emploi», dixit la Banque de France dans son enquête mensuelle pour le Grand Est (parue le 15 juillet et traitant le mois de juin, l’enquête a été réalisée du 28 juin au 5 juillet). Une donne qui pourrait être remise en cause mais pas forcément. Le mois de juin a été marqué par un allégement des restrictions sanitaires, mais aujourd’hui la tendance apparaît complétement à l’opposé sur ce point précis. À côté des conséquences de l’épidémie : «l’envolée des prix des matières premières et des difficultés d’approvisionnement persistent.»