Conjoncture régionale : entre résistance des acteurs et prudence affichée
L’Insee régional vient de faire paraître son bilan économique de l’année 2022. Ralentissement, essoufflement s’affichent comme les maîtres mots pour caractériser l’année écoulée, débutée avec une forte reprise d’activité. Ces stigmates enregistrés sont toujours palpables en ce milieu d’année 2023, le tout avec une certaine résistance des acteurs économiques. Jusqu’à quand ?
Coup de frein généralisé du fait du contexte international ! C’est ainsi que l’on peut résumer l’état de l’activité économique régionale l’an passé. Au début du mois, l’Insee Grand Est a présenté son bilan annuel de conjoncture. «L’économie résiste en 2022 dans le Grand Est comme en France, malgré la guerre en Ukraine, la stratégie «zéro Covid» en Chine et les tensions inflationnistes. Au niveau national, le produit intérieur brut progresse de 2,5 % en moyenne. Cette hausse s’est concentrée sur les six premiers mois de l’année, la consommation des ménages se repliant fortement en fin d’année», résume l’Insee Grand Est. Cet état de fait apparaît impacter l’ensemble des principaux secteurs de l’activité régionale. Dans le chapitre Bâtiment, le dynamisme post-crise sanitaire de la construction de logements se poursuit mais avec des signes d’essoufflement liés à la chute de la commercialisation de logements neufs. «En 2022, le nombre de logements autorisés à la construction s’élève à 36 000 dans le Grand Est. La région se situe parmi les plus dynamiques, avec une croissance de 9 % sur un an. L’année 2021 avait pourtant été caractérisée par un dynamisme remarquable au sortir de la crise sanitaire. Les autorisations dans le Grand Est en 2022, sont ainsi supérieures de 22 % à celles de 2019», note l’Insee. Si les demandes d’autorisation de logements se portent bien, l’évolution des mises en chantier est plus modérée du fait d’un effet conjoint de l’inflation continue des coûts de la construction et du prix des terrains. Ce relatif dynamisme est notamment présent dans les départements les plus urbanisés de la région à l’image de la Meurthe-et-Moselle et du Haut-Rhin. Reste une interrogation de taille, celle de l’essoufflement bien visible de la commercialisation de logements neufs. «Les réservation et les mises en vente chutent en 2022. Elles sont nettement en deçà de leur niveau d’avant-crise.»
Disparités sectorielles
Chez les cousins des Travaux publics, la donne est un peu différente, «si les entrepreneurs du bâtiment établissent des perspectives de vente en légère progression pour 2023 (principalement dans le second œuvre) ceux des travaux publics sont moins optimistes. Ce constat s’expliquerait par un recul du nombre de prestations auprès de la clientèle du secteur public (…) Plus de la moitié des entrepreneurs des Travaux publics entrevoient une inflexion de leurs bénéfices.» Dans le chapitre Industrie, toutes les branches du secteur ont enregistré une certaine croissance permettant d’affirmer une hausse générale d’activité globale de + 13,6 %. Le tout avec de fortes disparités. «Les branches des équipements électriques et électroniques et des industries agricoles et alimentaires sont celles dont les progressions sont les plus modérées avec respectivement + 7,8 % et + 10,6 %. La production des matériels de transport réalise un volume d’activité en nette augmentation (+ 23,7 %) soit la croissance industrielle la plus forte de l’année malgré des exportations peu soutenues.» Pour l’année en cours, les projections se font sous le signe de la prudence. «L’activité combine un ralentissement de la production et une inflation importante», note l’Insee. Dans le chapitre Tourisme, «après deux années marquées par la crise sanitaire, les hôtels, campings et autres hébergements collectifs de la région retrouvent leur attractivité. Avec 21,6 millions de nuitées l’an dernier, la fréquentation se rapproche de celle de 2019. Elle demeure encore en retrait de 4 % dans l’hôtellerie mais en hausse de 10 % dans les campings.» Au final, des indicateurs dans l’ensemble positifs mais également interrogatifs du fait des nombreuses incertitudes qui planent dans le ciel conjoncturel. Délicat pour la plupart des acteurs économiques de naviguer à vue dans des pans de brouillard conjoncturels plus ou moins épais.