Covid-19
En Seine-Maritime, le ministre Alain Griset rassure les chefs de PME fragilisées par la crise
Alain Griset, ministre délégué en charge des Petites et moyennes entreprises était en visite en Seine-Maritime, jeudi 25 février. L'occasion pour le ministre de rassurer les dirigeants d'entreprises fragilisées par la crise.
« Nous continuerons
d'accompagner les entreprises le temps qu'il faudra » :
c'est le message martelé par Alain Griset, ministre délégué en
charge des petites et moyennes entreprises, en visite en
Seine-Maritime, jeudi 25 février. Mais le temps paraît bien long
pour les chefs d'entreprises, dont certains sont sous perfusion des
aides de l’État depuis le début de la crise sanitaire. C'est le
cas de David Vergnory, dont la discothèque Le Velvet à Rouen est
fermée depuis bientôt un an. D'autres parviennent à s'en sortir
non sans difficulté comme Sylvie
Guillon, dirigeante de Technimetal
déjà passée par un redressement judiciaire ou encore Stéphane
Caron, menuisier à Flers (Orne).
Tous sont venus rencontrer le
ministre délégué aux PME, à la CCI
Normandie,
pour leur faire part de leurs difficultés.
Des difficultés que la CCI veut prévenir avec le dispositif "CCI Prévention", salué par le ministre. Cette opération a pour objectif de détecter les premiers signaux de fragilité d'une entreprise. Il est complémentaire à d'autres dispositifs comme le numéro unique (02 32 100 900) mis en place dès le premier confinement, ou encore "Comment va ma boîte", mis en avant par Pierre Goguet, président de CCI France. « Il y a trois signaux d'alerte pour les entreprises en difficulté : si vous ne payez pas votre TVA, si vous ne remboursez pas vos dettes et si vous ne payez pas vos cotisations sociales », souligne Alain Griset. Et d'ajouter : « Quand il y a des impayés, il faut se demander ce qu'il se passe. »
400 entreprises normandes suivies par les CCI Normandie
Ce dispositif de la CCI permet aux
chefs d'entreprises d'être orientés dans les aides proposées par
l’État. À l'heure actuelle, « 68
300 entreprises ont déjà bénéficié du fonds de solidarité en
Normandie (22 900 en Seine-Maritime), 23 200
disposent du PGE (8 000 en Seine-Maritime) et 58 000 utilisent le dispositif de chômage
partiel (21 300 en Seine-Maritime) »,
a indiqué le préfet de Normandie, Pierre André-Durand. Les CCI de
Normandie, quant à elles, suivent 400 entreprises, dont 57 %
appartiennent à l’hôtellerie, restauration et commerce.
Mais, l'inquiétude des dirigeants est surtout sur l'avenir. À l'image de David Vergnory : « Personne ne peut donner de date de réouverture », admet-il, précisant que les professionnels du secteur des discothèques parlent de janvier 2022. « L'inquiétude est la durée de la pandémie qui fait que pour les entrepreneurs, il y a une question de moral et de confiance. Notre travail est de les accompagner et leur expliquer la façon dont les choses vont se passer pour qu'eux-mêmes puissent tenir moralement », explique Alain Griset. Le ministre a assuré que l’État réfléchissait à élargir le dispositif de l'assurance-chômage dédié aux indépendants et qu'il était en négociation avec la Commission européenne pour allonger le délai de remboursement du PGE.
Si le nombre de défaillance des entreprises est en baisse, les acteurs économiques redoutent une flambée des dépôts de bilan en 2021, notamment lorsque les aides de l’État ne seront plus. Mais le ministre se montre optimiste : « J’entends tous les mois que ça va être l’apocalypse les mois suivants », ajoutant qu'il ferait tout pour éviter une hausse significative des défaillances.
Chloé Guérout
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Le ministre a visité l'entreprise Cocagne à La Rue-Saint-Pierre
CCI Prévention fait partie des
dispositifs qui ont aidé l'entreprise Cocagne, basée à La Rue-Saint-Pierre, à bénéficier des
aides de l’État. « Car seul, c'est très difficile »,
déclare Luc Alexandre, président de l'entreprise d'environ 100
salariés.
Cocagne est une entreprise spécialisée
dans la fabrication de produits cocktails surgelés. En 2020, la
société a perdu 60% de son chiffre d'affaires. Une baisse due
notamment à la suppression des rassemblements conviviaux,
professionnels comme personnels, à la fermeture administrative des
restaurants et à l'arrêt des activités traiteurs. Malgré cette baisse du chiffre d'affaires
significative, l'entreprise, étant considérée comme un
professionnel de l'agroalimentaire, ne pouvait pas bénéficier des
aides. Son code d'activité la rendant inéligible.
C'est alors le « parcours du combattant » qui a commencé pour Luc Alexandre, accompagné des CCI de Normandie et d'autres interlocuteurs comme l'URSSAF ou la DIRECCTE. Après quelques échanges et rendez-vous, il a finalement été éligible aux aides. Il a bénéficié de la prise en charge à 100% du chômage partiel et l'exonération des cotisations sociales. Ces aides ont permis à l'entreprise de se maintenir à flot, en parallèle d'une stratégie de diversification. Depuis 2020, Cocagne développe des produits snacking salés, des entrées et des desserts. Une diversification qui devrait se poursuivre en 2021 avec un investissement dans l'élargissement des gammes de produits.