En sauvegarde accélérée, Casino avance dans la restructuration de sa dette

Le distributeur Casino, en difficultés financières, a franchi une nouvelle étape dans la restructuration de sa dette: il a annoncé mercredi son entrée pour minimum deux mois en procédure de sauvegarde accélérée, qui doit lui permettre d'avancer dans le passage de témoin au trio...

En sauvegarde accélérée, Casino avance dans la restructuration de sa dette © DENIS CHARLET
En sauvegarde accélérée, Casino avance dans la restructuration de sa dette © DENIS CHARLET

Le distributeur Casino, en difficultés financières, a franchi une nouvelle étape dans la restructuration de sa dette: il a annoncé mercredi son entrée pour minimum deux mois en procédure de sauvegarde accélérée, qui doit lui permettre d'avancer dans le passage de témoin au trio Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et Attestor. 

Ces trois derniers s'étaient portés au secours du groupe d'origine stéphanoise, étranglé par une dette de 6,4 milliards d'euros à la fin 2022, en prévoyant d'apporter 1,2 milliard d'euros d'argent frais sous réserve de la réduction de près de 5 milliards d'euros de la dette de Casino.

Le groupe, qui fête cette année ses 125 ans et qui compte 200.000 salariés dans le monde, dont 50.000 en France, sous des enseignes bien connues comme Monoprix, Franprix ou Grupo de Acucar, doit aussi être délesté de ses activités en Amérique latine.

Encore fallait-il que les détenteurs de sa dette acceptent les modalités de la renégociation de celle-ci, synonyme pour nombre d'entre eux d'importantes pertes financières.

Un accord amiable a été conclu fin juillet, avant un accord contraignant début octobre, permettant de convaincre la majorité d'entre eux.

Le groupe a annoncé mercredi entrer dans une procédure de sauvegarde accélérée "pour une période initiale de deux mois, qui pourra être renouvelée pour deux mois supplémentaires sans excéder une durée totale de quatre mois maximum".

Cette procédure doit permettre d'embarquer également les créanciers récalcitrants "de manière contrainte s'il le faut" puisque la loi le prévoit, relevaient plusieurs sources fin juillet au moment de la signature de l'accord de principe.

Casino précise que la procédure "concerne uniquement la dette financière" et n'aura "aucune incidence sur les relations du groupe" avec ses partenaires opérationnels, notamment ses fournisseurs ou ses franchisés.

Horizon 30 avril

L'entreprise, qui doit publier ses ventes du troisième trimestre le 31 octobre avant l'ouverture des marchés financiers, indique encore que "la mise en œuvre des augmentations de capital envisagées dans le cadre du plan de restructuration financière" devraient être réalisées "d'ici au 30 avril 2024 au plus tard".

Dans l'intervalle, des étapes restent à franchir, notamment un "rapport d'expertise indépendante confirmant le caractère équitable des conditions financières de la restructuration pour les actionnaires de Casino". 

En outre, les parties prenantes devront obtenir des autorisations réglementaires dans le cadre du contrôle des fusions et des investissements étrangers et l'autorisation par l'Autorité des marchés financiers (AMF) d'une dérogation à l'obligation de dépôt d'une offre publique (OPA) sur Casino. Cela est possible quand une entreprise est "en situation avérée de difficulté financière".

Mi-septembre, des représentants de salariés du distributeur s'étaient inquiétés de la situation commerciale du groupe d'ici à sa reprise par la nouvelle équipe, alors que Casino a essuyé une perte nette massive de 2,23 milliards d'euros au premier semestre, en partie due à un impressionnant recul de ses ventes dans les hypers et supermarchés au deuxième trimestre. 

Mais le groupe, qui a encaissé fin septembre d'importantes liquidités dans le cadre de la cession d'un nombre significatif de magasins à son concurrent Intermarché, se veut très confiant en la matière.

Au terme de l'opération de restructuration de la dette de Casino, son actuel PDG et premier actionnaire Jean-Charles Naouri en perdra le contrôle, a rappelé le groupe mercredi dans son communiqué.

C'est l'ancien cadre du distributeur allemand Metro - dont le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky est un important actionnaire - et du géant agro-industriel Lactalis, Philippe Palazzi, qui sera proposé par les repreneurs comme futur PDG du groupe.

33Z38WH