En Normandie, des touristes venus honorer les "anges gardiens" du D-Day

Appareil photo ou téléphone en main, la foule a les yeux rivés vers le ciel. Des centaines de touristes venus honorer la mémoire des soldats ou découvrir leur histoire ont vu atterrir mercredi des parachutistes...

Un parachutiste au-dessus de Sainte-Mère-Eglise (Manche) le 5 juin 2024 © MIGUEL MEDINA
Un parachutiste au-dessus de Sainte-Mère-Eglise (Manche) le 5 juin 2024 © MIGUEL MEDINA

Appareil photo ou téléphone en main, la foule a les yeux rivés vers le ciel. Des centaines de touristes venus honorer la mémoire des soldats ou découvrir leur histoire ont vu atterrir mercredi des parachutistes à Sainte-Mère-Eglise (Manche), 80 ans après le Débarquement.

Assise sur une chaise de camping, face à l'église au clocher de laquelle le soldat John Steele était resté accroché dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, Amy Shaw applaudit des deux mains. 

Cette Anglaise de 46 ans, casquette kaki siglée "D-Day" sur la tête, a fait le voyage avec son mari et un couple d'ami. En camping-car, ces "amateurs d'histoire" sillonnent la côte normande pour la première fois, de plages en musées et de musées en villes libérées par les alliés.

A la veille de l'anniversaire officiel, le centre-ville de Sainte-Mère-Eglise est noir de monde, arpenté par des touristes de tout âge, des jeeps camouflage et des "GI" en uniforme. 

Une quarantaine de vétérans américains, fauteuils roulants poussés par de jeunes soldats, ont été accueillis dans l'après-midi sous les applaudissements, les sifflets et les remerciements. Une haie d'honneur a salué leur départ. 

"Ils sont nos anges gardiens", sourit Amy Shaw. 

A l'entrée de la commune, les visiteurs peuvent se promener dans le "camp Geronimo" parmi les tentes, les chars et les voitures d'époque. Certains prennent la pose, le "V" de la victoire entre les doigts.

"Conserver la mémoire, c'est primordial. Les années passent mais les commémorations doivent rester", affirme Marie-Christine Lemoigne, 58 ans, qui visite le camp avec sa petite fille de six ans. Habitante des environs de Cherbourg, elle avait emmené ses enfants "à la découverte de l'histoire" au même âge. 

Difficile d'imaginer

A quelques kilomètres de là, voitures, vélos et même kayaks affluent vers Omaha Beach. 

Drapeau américain planté dans le sac à dos, un groupe de trentenaires venus de l'Ohio prend la pose devant ce qu'ils appellent "la plage des héros". Ils passent quatre jours en Normandie après avoir découvert Paris. 

"Je suis là pour célébrer le D-Day mais aussi pour apprendre. Evidemment quand on regarde la mer bleue, le soleil, c'est difficile d'imaginer l'horrible bataille qui a eu lieu", affirme Michael, 32 ans, qui n'a pas souhaité donner son patronyme. 

Leur prochaine étape sera le cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Face à l'océan, au-dessus de la plage d'Omaha, 9.388 tombes blanches y sont alignées.

En contrebas, Igor Oriović dépose près du sable une couronne de fleurs à la mémoire de ses compatriotes croates enrolés dans l'armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale. 75 d'entre eux sont morts sur les plages normandes, affirme ce policier à la retraite, en uniforme GI. 

Son ami, en tenue militaire lui aussi, a ajouté un drapeau croate à ses insignes. 

Sur les routes alentour, camping-cars et bus de tourisme filent derrière les jeeps. Dans les villages, les maisons arborent à leurs fenêtres des drapeaux américains, britaniques et canadiens. 

Près des camps de reconstitution, des stands proposent uniformes militaires, casquettes souvenir et plaques marquées Omaha ou Utah Beach.

En 20 ans, "le nombre de visites associées au tourisme de mémoire a doublé", selon une étude publiée en 2023 par la région Normandie. "De très forts pics de fréquentation étant naturellement observés lors des anniversaires décennaux." 

Ce public, âgé en moyenne de 53 ans, compte 58% de Français, selon cette étude. Les étrangers viennent surtout des Pays-Bas, suivis par la Belgique, le Royaume-Uni et l'Irlande, l'Allemagne et les Etats-Unis. 

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