Entreprises
En Moselle, l’entreprise maillon déterminant dans l’égalité des chances dans l’accès au travail
La sphère entrepreneuriale mosellane a un rôle essentiel à jouer en amont du processus d’embauche, comme acteur autant social qu’économique sur les territoires. Hors de ses murs, elle peut mettre ses savoir-faire, ses savoir-être dans un objectif sociétal : (re) mettre le pied à l’étrier à des femmes et des hommes éloignés de l’emploi. Tout le sens du récent partenariat acté entre la Cravate Solidaire Metz, le bailleur social Batigère Grand Est, l’AMLI et l’EPNAK. Ambition commune : favoriser l’égalité des chances dans l’accès au travail et annihiler les freins en la matière.
Les statistiques ont souvent quelque chose de froid et de métallique, même si elles sont bien instructives pour jauger d’un état des lieux, d’une situation dans un espace temps défini, à un instant T. Prenons ce nombre émanant du territoire mosellan : 999. Trois chiffres similaires qui se font suite et qui prennent soudain une dimension humaine. Il s’agit du nombre de personnes éloignées de l’emploi sur le périmètre messin accompagnées l’an passé par l’association La Cravate Solidaire et ayant bénéficié du don d’une tenue pour se rendre à un entretien d’embauche, avec pour la plupart, le clé de l’insertion au bout. Car, ce qui peut paraître banal pour beaucoup d’entre nous, comme la mobilité par exemple, est moins évident pour encore de trop nombreux femmes et hommes. Il est difficile d'intégrer le monde de l'entreprise sans en respecter les codes vestimentaires. Celles et ceux ne disposant pas des moyens financiers d'investir dans une tenue adaptée sont forcément pénalisés, ce qu'elles que soient leurs compétences. C'est un sujet peu souvent abordé, mais il est bien réel dans notre vivre ensemble. Encore plus criant en cette période d'envolée des prix et de rétractation du pouvoir d'achat de nombreux ménages.
(Re) valoriser des femmes, des hommes...
On sait le travail de fond et de terrain, l’imprégnation sociale de la Cravate Solidaire, autour de sa directrice, Catherine Schweitzer, de son équipe et de la communauté de la centaine de bénévoles qui gravitent et s’activent à leurs côtés. La Cravate Solidaire organise son action autour du don de tenues professionnelles et de la transmission des codes de l’entreprise, afin de revaloriser l’estime de soi de ses bénéficiaires, et, ainsi, lutter contre la discrimination liée à l’apparence en entretien d’embauche. C’est tout le sens de ses ateliers «coup de pouce». Le principe est de permettre à un candidat à l’embauche de prendre conscience de son talent, de lui apprendre à se mettre en valeur, et, souvent, reconquérir des éléments perdus, des attitudes adéquates oubliées depuis plusieurs mois ou années. Ainsi, lors de ces ateliers, chaque demandeur d’emploi est accompagné par deux conseillers à l’image, puis par deux spécialistes en ressources humaines. Via des mises en situation réelles, l’accompagnement RH permet d’apprendre les codes verbaux, non verbaux, le savoir-être essentiel au monde de l’entreprise. Au terme de ces ateliers, chacun repart avec une tenue professionnelle complète (costume, tailleur) adaptée à son projet et une photo professionnelle. Et une confiance recouvrée. Un vrai tremplin vers l’emploi en bout de chaîne d’insertion.
Le partenariat récent signé entre la Cravate Solidaire, le bailleur social Batigère Grand Est, t l’association AMLI et l'EPNAK s’avère un chemin trouvé, efficace et synergique, pour l’égalité des chances dans l’accès au travail. Concrètement, une subvention de 15 000 € (7 500 € par structure) permettra de financier la réalisation d’ateliers «coup de pouce» au profit d’une soixantaine de bénéficiaires identifiés prioritairement parmi les locataires du bailleur, les résidents et les personnes hébergées de l’association AMLI. 20 d’entre eux, seront des stagiaires en situation de handicap provenant de l’EPNAK. Pour optimiser cette initiative, plusieurs collaboratrices et collaborateurs des mécènes seront mobilisés pour intervenir au sein des ateliers «coup de pouce» sur les volets coaching images et RH. Des événements de collectes de vêtements servant à alimenter le dressing de la Cravate Solidaire Metz seront tout au long de l’année organisés dans leurs locaux. Ce partenariat renforce la dynamique engagée depuis deux ans entre la Cravate Solidaire et le Pôle Orientation de l’EPNAK Metz. La signature est en fait la première étape d’un travail plus conséquent en cours de finalisation avec la Fondation d’entreprise Batigère qui a soutenu la Cravate Solidaire en 2021, en matière de mécénat de compétences.
Mobiliser les entreprises du territoire
Catherine Schweitzer
souhaite profiter de ce levier pour aller plus loin : «C’est
en travaillant ensemble, main dans la main, que nous pourrons
avancer. Cela se joue au niveau local. Les entreprises du territoire
peuvent largement contribuer à l’avancée de notre action
solidaire. Comme les particuliers ou les marques de prêt-à-porter,
en faisant des dons de vêtements, en accueillant des collectes. Nous avons aussi besoin de personnes bénévoles pouvant apporter leur expérience - cadres, DRH,
managers actifs ou retraités - pouvant intervenir dans notre soutien aux personnes préparant un futur entretien. Tout cela
rentre aisément dans les politiques RSE.» A l’heure où les
valeurs et les engagements sociétaux des entreprises sont
questionnés par pléthore de candidats, c'est un marqueur
fort de sélection pour ces derniers : cela vaut pour
l’environnement,
la parité hommes-femmes, l’égalité salariale ou sociale, la
diversité comme l'inclusion en général et le respect de
l'orientation sexuelle. Tous
ces paramètres sont désormais pris en compte par le futur
salarié
afin d'assurer, ou pas, une présence pérenne au sein de
l'entreprise, et ce, dès les premiers contacts avec celle-ci. La
Cravate Solidaire, poursuit, inlassablement, son implication.
Catherine Schweitzer trouve les justes mots en terme de conclusion :
«Tout cela, c’est à la fois donner et trouver du sens. Cela passe
dans et par les entreprises. Nous les sollicitons aujourd'hui, elles peuvent s'impliquer dans un authentique projet de territoire.»