En mode survie...
Jusque-là tout va bien ! La maxime est souvent utilisée aujourd’hui par bon nombre de chefs d’entreprise et représentants de l’écosystème entrepreneurial, histoire de masquer l’inquiétude grandissante par rapport à la situation économique réelle et surtout celle à venir. Initiative France, réseau associatif de financement et d’accompagnement des créateurs et repreneurs d’entreprises, lève le voile dans sa récente enquête (parue mi-janvier et réalisée auprès de 4 400 entrepreneurs du 26 novembre au 13 décembre 2020) sur l’état d’esprit des entrepreneurs dans l’Hexagone et plus particulièrement des TPE et PME. En 2021, la priorité des entrepreneurs est la survie avant de rebondir, enfin pour celles qui le pourront. «Le temps n’est pas encore venu pour elles de se projeter dans un avenir fait de projets à long terme. Il est aujourd’hui question de survie et de résilience. Leur volonté est de préserver coûte que coûte les emplois et de saisir toutes les opportunités, notamment numériques, pour survivre, est remarquable et, d’une certaine manière, rassurante», explique Guillaume Pepy en préambule de cette enquête. «2021 sera l’année décisive ! L’année des choix stratégiques pour des entrepreneurs qui ont souvent mis de côté leur vie personnelle, souscrit des emprunts et misés sur une reprise de l’activité qui semble ne jamais arriver.» Deux tiers des entrepreneurs assurent être «gravement» ou «assez gravement» touchés et 27 % ne savent pas s’ils pourront poursuivre leur activité. L’impact de la crise sur l’activité est violent et des menaces durables pèsent sur l’avenir des entreprises. L’annonce récente du report des remboursements des PGE (Prêt garanti par l’État) par le gouvernement ne fait que déplacer le problème dans le temps. «Cela va être un bain de sang. Il faut arrêter de dire que l’État peut subventionner indéfiniment (...). Il faut s’attendre à une explosion des dépôts de bilans probablement vers 2022» assure Olivier Pastré, économiste et co-auteur avec Patrick Artus de «L’économie post-Covid : les huit ruptures qui nous feront sortir de la crise.» L’affaiblissement des entreprises s’affiche comme la problématique principale aujourd’hui et le fossé entre les TPE-PME et grandes entreprises se creuse de plus en plus. Impossible d’adapter les mêmes dispositifs dans une ETI et dans une entreprise artisanale. Des solutions sont mises en avant mais leur mise en œuvre est délicate. C’est une véritable révolution des consciences qui semble devoir opérer aujourd’hui. Écouter réellement celles et ceux qui constituent plus de 80 % du tissu économique hexagonal serait déjà une belle avancée...