En mode résilience...
Pandémie hier (et probablement dans un futur plus que proche), crise sanitaire toujours active et aujourd’hui crise économique et sociale. Le sentiment de liberté, d’ouf de soulagement à l’occasion du déconfinement progressif et du passage de la quasi-totalité des régions en vert, s’est vite confronté à la dure réalité du terrain. La récession économique est en marche. En 2020, l’estimation de la chute du PIB (Produit intérieure brut) est annoncée de moins onze pour cent, un choc économique brutal avec une volonté de rebond souhaitée dès l’année prochaine par le gouvernement. Jeudi dernier, Emmanuel Macron, le président de la République et Édouard Philippe, le Premier ministre, ont réuni les différentes instances syndicales patronales et salariales pour tenter de trouver des solutions pour préserver l’emploi. Huit millions de personnes sont au chômage partiel et plus de six millions de demandeurs d’emploi ont été comptabilisés par Pôle emploi en avril. Une situation quasi inédite qui devrait s’amplifier dans les semaines à venir. «On va en prendre pour des générations pour remonter la pente», assure un secrétaire général d’une confédération de professionnels. Les différents chiffres fournis par bon nombre de fédérations et d’organismes laissent présager un nombre très important de destruction d’entreprises. Si le traitement médiatique est surtout (souvent) centré sur les grands groupes, à l’image de Renault, où l’annonce de la menace de la suppression de 4 500 postes fait froid dans le dos, cela n’est qu’une goutte d’eau dans la mer du marasme social annoncé. Si l’on commence à mettre bout à bout, les emplois directs ou indirects qui devraient être supprimés dans les PME et les TPE, les artisans, les commerçants ne pouvant faire face aujourd’hui, on arrive facilement à plusieurs milliers de personnes. Dans leur grande majorité, les solutions, remèdes annoncés et mis en œuvre sont naturellement plus que louables mais sont toujours issus des anciens modèles d’un système qui aujourd’hui semble bel et bien démontrer ses limites. Panser les plaies et repartir comme avant en espérant que la sacro-sainte croissance (portée uniquement par la consommation des ménages qui ne pensent qu’aujourd’hui à épargner, enfin ceux qui peuvent) relancera réellement la machine, apparaît s’avérer comme un vœu pieux mais en sera-t-il réellement ainsi ? Bon nombre l’espèrent et y croient. La résilience nécessaire face à la situation ne sera pas de trop… pour changer de modèle.