En France, les riches sont moins nombreux mais plus riches
En France, 4,7 millions de personnes, soit 7,4% de la population, sont riches si on considère leurs revenus: en dix ans, ils sont devenus moins nombreux, mais sont en revanche "plus riches", selon un rapport...
En France, 4,7 millions de personnes, soit 7,4% de la population, sont riches si on considère leurs revenus: en dix ans, ils sont devenus moins nombreux, mais sont en revanche "plus riches", selon un rapport d'une association, l'Observatoire des inégalités, publié mercredi.
A partir de quels revenus est-on riche en France? 3.860 euros par mois en 2021 pour une personne seule, impôts déduits, 5.790 euros pour un couple, et 9.650 euros pour une famille avec deux adolescents, estime cet Observatoire, qui a choisi d'utiliser le même critère que l'OCDE et le gouvernement allemand, soit deux fois le revenu médian.
Si l'Insee définit un seuil de pauvreté (1.158 euros en 2021), il ne fixe pas de seuil de richesse.
Selon les calculs de l'Observatoire basé sur des chiffres de l'Insee, de 2011 à 2021, le pourcentage des personnes considérées comme riches selon ce critère a baissé de 1,5 point et leur nombre a reculé de 784.000, sous l'effet à la fois de réformes fiscales et de l'élévation du niveau de vie médian. Mais ces "riches" sont plus aisés.
Décalage énorme
Le profil type? Un cadre supérieur, âgé et masculin: 43% des salariés riches sont des cadres supérieurs du privé, 21% de la fonction publique et 3% des directeurs généraux ou adjoints d'entreprises. Si on considère les actifs riches, 23% sont des indépendants (médecins et spécialistes, avocats, notaires, experts-comptables...), selon des données de 2019 analysées par l'Observatoire.
Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à percevoir un revenu situé dans les 10% les plus hauts.
L'âge compte aussi: 1% des ménages ayant moins de 30 ans perçoivent des revenus leur permettant d'être considérés comme riches, 10% des 55-59 ans mais 15% des 60-64 ans, selon ce troisième rapport de l'Observatoire, mené grâce à un financement participatif.
Au-delà des 0,1% d'ultra-riches, "le décalage est énorme entre cette France qui vit bien, profite pleinement de la société de consommation, et les catégories populaires et moyennes", souligne son directeur, Louis Maurin, auteur du rapport avec Anne Brunner.
Les riches en revenus sont en grande partie les mêmes que les riches en patrimoine - catégorie atteinte à partir de 531.000 euros de patrimoine pour un ménage en 2021 (soit trois fois le patrimoine médian) - selon l'Observatoire.
Logements spacieux
Quelque 87% des "riches" en termes de revenus sont propriétaires de leur logement, contre 58% des autres ménages, et 63% possèdent un deuxième bien immobilier (résidence secondaire, logement mis en location...), contre 22%, selon les données de 2019 analysées par Vivien Charbonnet, directeur du développement de l'Observatoire.
"La constitution de ce patrimoine immobilier est le premier pas d'une stratégie d'accumulation: les revenus qui en sont issus permettent de faire grossir la fortune qui, à son tour, procure des revenus", note l'Observatoire.
Les 10% les plus fortunés captaient ainsi en 2021 47% du patrimoine total des ménages français, un chiffre en hausse de six points en dix ans.
Les "riches" vivent en outre dans des logements plus grands, avec quelque 50% de surface supplémentaire dans les petites villes et l'agglomération parisienne et près de 70% dans les grandes villes (hors Paris), selon des travaux menés par M. Charbonnet à l'Université de Tours.
Ces personnes aisées sont concentrées à Paris (en particulier dans les arrondissements de l'ouest) et dans les Hauts-de-Seine (Neuilly-sur-Seine...). En province, elles vivent en particulier près de la frontière suisse: Veyrier-du-Lac, près d'Annecy, arrive en tête en 2020 du classement de l'Observatoire des petites villes où les riches sont les plus riches, avec plus de 10.000 euros par mois de revenus pour 10% de ses habitants.
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