En France, Biden continuera à distance son duel avec Trump

Joe Biden s'est envolé mardi pour la France, où il va saluer l'héroïsme des troupes américaines en 1944, vanter les alliances des Etats-Unis et plaider pour la démocratie: autant d'occasions...

Le président américain Joe Biden à la Maison Blanche, le 31 mai 2024 © Brendan SMIALOWSKI
Le président américain Joe Biden à la Maison Blanche, le 31 mai 2024 © Brendan SMIALOWSKI

Joe Biden s'est envolé mardi pour la France, où il va saluer l'héroïsme des troupes américaines en 1944, vanter les alliances des Etats-Unis et plaider pour la démocratie: autant d'occasions de forcer le contraste avec Donald Trump.

"Nous sommes la grande puissance mondiale", clame le président démocrate dans un entretien diffusé par le magazine Time, en plaidant pour un rôle actif de l'Amérique dans le monde.

Les alliés des Etats-Unis craignent au contraire, en cas de victoire de son prédécesseur républicain en novembre, un nouveau virage isolationniste.

"J'ai une vision radicalement différente" de la sienne, affirme Joe Biden en ajoutant que "le principal élément (de la sécurité américaine), ce sont nos alliances."

"Lui, Trump, il voulait tout simplement les abandonner", assure le démocrate de 81 ans, faisant référence en particulier aux critiques du milliardaire de 77 ans contre l'Otan.

Le programme du président américain en France témoigne de cette volonté de se distinguer le plus possible de son adversaire.

Dimanche, Joe Biden ira ainsi déposer une gerbe au cimetière américain du Bois Belleau (Aisne), en hommage aux soldats tombés pendant la Première guerre mondiale.

En 2018, Donald Trump avait renoncé à s'y rendre, officiellement à cause du mauvais temps.

Losers

Il craignait, selon des propos rapportés au magazine The Atlantic par des témoins, que la pluie ne dérange sa coiffure. Et aurait dit: "Pourquoi devrais-je aller dans ce cimetière? Il est rempli de +losers+", de perdants.

Joe Biden, lui, se rendra jeudi dans un autre cimetière américain célèbre, celui de Colleville-sur-Mer, en Normandie, et il y rencontrera des vétérans.

Avant de participer, le même jour, à la cérémonie internationale commémorant le débarquement allié du 6 juin 1944, à Omaha Beach.

Puis il sera reçu vendredi à Paris par Emmanuel Macron, avec au programme une cérémonie d'accueil, une parade militaire et un déjeuner de travail, avant des déclarations conjointes à la presse.

La journée sera conclue par un dîner d'Etat, une manière pour le président français de rendre la politesse, lui qui avait bénéficié du même traitement à Washington en décembre 2022. 

Les deux dirigeants doivent selon la Maison Blanche faire des annonce sur la coopération dans la zone Asie-Pacifique, la transition énergétique et l'énergie nucléaire.

Entre la commémoration du "D-Day" et les fastes de l'Elysée, le président américain a réservé la journée du vendredi pour s'adresser à ses compatriotes.

Il prononcera un discours sur la démocratie et de la liberté depuis la Pointe du Hoc, un promontoire pris d'assaut par les "Rangers" américains pendant l'une des plus féroces batailles du débarquement.

Reagan

Il y a quarante ans, Ronald Reagan avait prononcé au même endroit un plaidoyer puissant pour la démocratie, "plus honorable forme de gouvernement inventée par l'homme", et pour l'affirmation de la puissance américaine dans le monde.

"Nous, en Amérique, avons tiré des deux guerres mondiales des leçons amères: il vaut mieux être ici (NDLR: en Europe), prêts à protéger la paix, que de nous terrer de l'autre côté de l'océan, pour ne riposter que lorsque la liberté est déjà perdue", avait dit le président républicain. 

En 1984, il faisait bien sûr référence à la rivalité avec l'Union soviétique.

En 2024, ces propos font écho à la volonté de Joe Biden de soutenir l'Ukraine face à la Russie, ou de tenir tête à la Chine.

Mais c'est bien sûr aussi à Donald Trump que pensera le président démocrate.

Le républicain, qui n'a jamais concédé sa défaite en 2020, fait campagne sur une promesse de "vengeance" contre ses adversaires politiques.  

"Quelque chose s'est brisé dans ce gars-là pour de vrai" il y a quatre ans, a lancé lundi Joe Biden lors d'une rencontre avec des donateurs démocrates. 

"Ça le rend littéralement fou", a-t-il ajouté, en répétant, comme il le fait à chaque fois, que la démocratie américaine serait "en jeu" lors du scrutin de novembre.

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