En Chine, l'atelier du monde secoué par les taxes de Trump

Dans le coeur industriel de la Chine, le patron Andy Xiao s'inquiète pour son usine, déjà sous pression des nouveaux droits de...

Des employés dans un atelier de couture de vêtements à Canton, dans la province chinois du Guangdong, le 20 février 2025 © Pedro PARDO
Des employés dans un atelier de couture de vêtements à Canton, dans la province chinois du Guangdong, le 20 février 2025 © Pedro PARDO

Dans le coeur industriel de la Chine, le patron Andy Xiao s'inquiète pour son usine, déjà sous pression des nouveaux droits de douane imposés par Donald Trump.

Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, le président américain a pris pour cible de nombreux pays, alliés comme rivaux, en imposant notamment des taxes supplémentaires de 10% sur les produits importés de Chine.

Cette mesure pourrait avoir des répercussions sur les échanges commerciaux sino-américains à hauteur de centaines de milliards d'euros. Voire plus si Donald Trump met à exécution sa menace d'imposer des droits de douane encore plus élevés.

Pour Andy Xiao, ces taxes ont déjà "un impact majeur".

Son entreprise, située dans la ville de Dongguan (sud), produit du cuir synthétique pour des fabricants de chaussures, dont beaucoup envoient leurs produits aux Etats-Unis.

Ce modèle économique le rend vulnérable aux baisses des exportations. Une possibilité plus que jamais d'actualité avec un Donald Trump qui cherche à bouleverser les règles du commerce international.

"Cela met beaucoup de pression sur nous en Chine. Les usines sont aussi sous pression", déclare à l'AFP Andy Xiao.

"On est évidemment inquiets" d'éventuelles nouvelles hausses de taxes, "mais cela relève de la politique nationale" des Etats-Unis et "on ne peut rien y faire", affirme-t-il.

De nombreux fournisseurs chinois de Dongguan, où sont établis beaucoup d'exportateurs de vêtements, ont délocalisé leur production en Asie du Sud-Est ces dernières années, afin de réduire leurs coûts et de contourner les droits de douane sur le "fabriqué en Chine".

Mais Andy Xiao ne l'a pas fait, refroidi par les difficultés de certaines entreprises ayant franchi le pas, comme des retards de paiement.

Shein et Temu

A quelques kilomètres de là, dans une zone industrielle de Canton, la capitale provinciale, des ouvriers affairés sur leurs machines à coudre produisent des vêtements destinés notamment aux acheteurs américains en quête de bonnes affaires sur internet.

Ces ateliers font partie des milliers ayant vu leur nombre de commandes exploser ces dernières années en approvisionnant les plateformes de commerce en ligne ultra-réactives comme Shein et Temu, qui ont conquis le marché américain.

Ces entreprises ont notamment bâti leur succès sur le fait que les colis d'une valeur inférieure ou égale à 800 dollars peuvent entrer aux Etats-Unis sans être frappés de droits de douane.

Ils sont actuellement dans le collimateur de Donald Trump, qui veut également imposer des droits de douane supplémentaires de 10% à ces produits.

Les importations se poursuivent toutefois pour l'instant comme d'habitude, le temps que les autorités américaines mettent en place les mesures logistiques nécessaires pour taxer cet afflux de marchandises.

Responsable de la production dans une usine qui fournit la plateforme Shein, M. Zhu se dit d'ailleurs "relativement optimiste" quant aux débouchés de son entreprise.

"Les Etats-Unis ne vont certainement pas produire leurs propres vêtements" sur le sol américain, souligne-t-il. "Ils sont habitués à dépendre de la production en Asie du Sud-Est et en Chine (...) Donc les perspectives d'avenir pour le secteur du textile restent plutôt bonnes".

Trouver une solution

La Chine a exprimé sa "ferme opposition" à la salve de droits de douane imposés par Donald Trump, répliquant avec des taxes contre certaines importations venues des Etats-Unis et avertissant qu'elle prendrait d'autres dispositions pour protéger ses intérêts économiques.

Le géant asiatique est déjà confronté à une économie en perte de vitesse, en proie à une crise immobilière, une consommation des ménages toujours atone et un taux de chômage élevé chez les jeunes.

Or, les usines du sud du pays, tournées vers l'export, donnent des emplois à des millions de personnes.

Les ouvriers d'une zone surnommée "la ville Shein" relativisent toutefois la répercussion des droits de douane américains pour le moment.

"La production bat son plein, donc on se concentre là-dessus", résume M. Peng, un collègue de M. Zhu.

Les tensions commerciales Pékin-Washington n'inspirent pas non plus de véritable inquiétude à M. Zhong, un responsable d'usine textile dans la ville voisine de Zhongshan.

"Je pense que notre gouvernement saura répondre et trouver une solution", déclare-t-il à l'AFP, avant de reprendre son poste aux côtés de centaines de collègues.

pfc/mjw/ehl/tmt/zub 

36YC3G4