En Auvergne, Marc Fesneau tente de rassurer les éleveurs

L'élevage, "il faut que ça paie". Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a assuré qu'il n'était "pas question", au nom de la lutte contre l'inflation, "de revenir" sur les lois visant à augmenter le revenu des agriculteurs, mardi au premier...

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, le 26 juillet 2023 à Tigy, dans le Loiret © GUILLAUME SOUVANT
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, le 26 juillet 2023 à Tigy, dans le Loiret © GUILLAUME SOUVANT

L'élevage, "il faut que ça paie". Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a assuré qu'il n'était "pas question", au nom de la lutte contre l'inflation, "de revenir" sur les lois visant à augmenter le revenu des agriculteurs, mardi au premier jour du sommet de l'élevage, près de Clermont-Ferrand.

Depuis la première élection d'Emmanuel Macron en 2017, plusieurs lois (Egalim) ont été adoptées pour que les agriculteurs ne subissent plus la quête du prix le plus bas.

Cet édifice est ébranlé par l'inflation (encore +9,6% sur les produits alimentaires entre septembre 2022 et septembre 2023). Le gouvernement a présenté un projet de loi pour avancer les négociations annuelles entre les supermarchés et leurs grands fournisseurs de l'agroalimentaire (Mondelez, Nestlé, Danone...) dans l'espoir de faire baisser les prix plus vite.

"On ne va pas sacrifier l'agriculture", assure Marc Fesneau depuis l'arène du concours primant les meilleurs représentants de la race limousine, une vache à viande.  

Derrière lui, un juge détaille les qualités des taureaux présentés au concours: "bassins larges et ouverts", "épaisseur de filet", "finesse d'os". 

Un éleveur interpelle un peu plus tard: "Je voudrais savoir si le ministère de l'Agriculture a encore du pouvoir" face aux "conneries" du ministère de l'Economie qui s'est mis à dos la profession agricole en voulant avancer les négociations commerciales.

"Il n'est pas question de revenir sur Egalim", répond le ministre, soulignant qu'une meilleure rémunération est indispensable pour que des jeunes prennent la relève, alors qu'un exploitant sur deux partira à la retraite dans les dix ans.

Bon espoir

Les professionnels s'inquiètent de la baisse du cheptel -16,4 millions de vaches à lait et à viande contre 20,2 en 2000- et du recul de la production française de boeuf et de lait. 

Ils n'ont pas digéré un rapport de la Cour des comptes en mai recommandant de "définir une stratégie de réduction" du nombre de vaches  pour réduire l'empreinte carbone de la France.

"A chaque fois qu'on perd un animal, il est importé de l'autre côté de la planète" pour nourrir les Français, affirme Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine lors de la présentation d'un "manifeste" en faveur de l'élevage de ruminants porté par les associations spécialisées du syndicat majoritaire FNSEA, et signé par près de 1.000 élus locaux.

"On n'est jamais trop nombreux pour défendre l'élevage", dit le ministre.

L'Etat abondera "au moins trois millions d'euros" pour communiquer sur les "apports de l'élevage" et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire annoncera "dans la semaine" une mesure de défiscalisation pour les éleveurs, selon Marc Fesneau. 

Par ailleurs, "on mettra au moins 400 millions d'euros de prêts garantis par l'Etat" pour des investissements dans l'élevage, précise son cabinet.

Dans le hall des moutons, des éleveurs lui offrent un T-shirt sur lequel est écrit "les éleveurs face aux prédateurs": "Le plan loup (présenté le 18 septembre, NDLR) ne va pas assez loin, il faut une évolution radicale du protocole de tir" pour réduire la population, défend Claude Font (FNSEA).

Le ministre a répété qu'il soutenait la révision du statut de l'animal, à ce stade protégé.

Le salon professionnel, qui attend plus de 100.000 visiteurs jusqu'à vendredi, est perturbé par l'apparition en France de la maladie hémorragique épizootique (MHE) affectant principalement les bovins. 

Le dernier bilan fait état de 19 foyers dans le sud-ouest. Les mouvements d'animaux sont limités. Résultat: alors que le sommet accueille d'ordinaire environ 2.000 animaux, il manque 30% des vaches, chèvres et moutons (aussi touchés par la fièvre catarrhale ovine), indique à l'AFP le président du sommet, Jacques Chazalet. 

"On n'a pas fait de zèle" mais "il fallait être sérieux" sur le plan sanitaire, lui glisse Marc Fesneau. La France négocie toutefois pour rétablir les flux de bovins vivants vers l'Espagne, l'Italie et le Maghreb. 

"On essaie de régler l'histoire de la MHE", explique le ministre à des éleveurs de Salers. Il a fait savoir que la situation avec l'Espagne était "débloquée", qu'il avait "bon espoir" concernant l'Italie mais "ce sera un peu plus long avec l'Algérie".

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