Implanté à Lambersart
Empreinte : l'audace dans l'assiette
En 2016, Ismail et Inès Guerre-Genton ouvraient le restaurant Empreinte à Lambersart. Dans ce lieu proche d'un sous-bois où se mêle végétation et modernité, on y déguste une cuisine contemporaine, portée sur le végétal et les produits des Hauts-de-France.
De la médecine à la cuisine : après
des études à Lille où il ne s'est pas trouvé de vocation, Ismail
Guerre-Genton a troqué la blouse pour le tablier de cuisinier. Ses
premiers liens avec la restauration, il les découvre en travaillant
comme commis. Il intègre l'Institut Paul Bocuse à Lyon pour
y suivre une licence en art culinaire et management de la
restauration. Pour son stage de fin d'études, il arrive chez Michel
Bras à Laguiole et poursuivra au sein de grandes maisons chez
Emmanuel Renaut, Julien Gatillon ou encore Christian Têtedoie, chez
qui il rencontre son épouse Inès.
Né dans les Hautes-Alpes mais avec une
enfance passée dans la Côte d'Opale, Ismail Guerre-Genton revient
dans les Hauts-de-France en 2016 : «Le
paysage culinaire n'était pas le même qu'aujourd'hui. Il y avait
tout à faire. On a acheté cet ancien bistrot traditionnel puis on a
fait quelques travaux»
explique le chef. C'est donc avenue de l'Hippodrome, à Lambersart –
à deux pas de La Laiterie – qu'Empreinte a vu le jour. Une salle
intimiste qui donne la part belle au bois et à la végétation.
Une
cuisine «vive,
audacieuse et surprenante»
Ce
que le chef propose, c'est un lâcher prise : chez Empreinte, tous
les menus sont à l'aveugle. Un véritable parti pris sur les trois
menus allant du «Spontané»
à l'«Initiation»
et pour les plus curieux, l'«Empreinte» avec ses neuf services.
«Dans notre société,
on est constamment dans le contrôle. J'aime le fait que les clients
n'aient pas de décisions à prendre et de pouvoir casser les codes.
Souvent au restaurant, on a tendance à choisir ce que l'on connaît.
Ici, c'est une table où l'on prend son temps»
poursuit Ismail Guerre-Genton.
Dans
les assiettes, on retrouvera une alliance de végétal, de produits
frais, locaux et de saison, une cuisine «basée
sur des jeux de texture avec une trame d'acidité».
Et autour des tables, une clientèle éclectique, composée de
fidèles, de locaux mais pas uniquement. En 2018, Ismail
Guerre-Genton se voit d'ailleurs remettre le trophée Jeune Talent
Hauts-de-France du Gault&Millau et quatre ans plus tard, le
trophée Excellence lors du Gault&Millau Tour Hauts-de-France.
Cet
amoureux de la terre veut surtout transmettre, dans ses assiettes,
son amour des beaux produits : «Je
ne suis pas un pur locavore. Par contre, je travaille avec des
produits de la région et quand ils sont bons, je ne suis pas contre
d'aller chercher des produits ailleurs tant qu'ils sont bien
travaillés.»
Des
chefs décomplexés
«Dans
la région, il y a une audace et une multitude d'identités
culinaires. Plus il y a de chefs, plus on transmet le goût du bien
manger aux clients. Les frites et le welsh, ça fait évidemment
partie de notre terroir mais il y a aussi les richesses des produits
de la mer, de la terre, sans oublier les fromages».
Le label «Région européenne de la gastronomie» contribuera à
mettre en valeur ce patrimoine et à l'ancrer sur la place
gastronomique française et européenne. «La
clientèle belge, néerlandaise et britannique nous connaît. Mais
pas les autres pays. Il faut que ce label ait un impact»
espère le chef, en véritable porte-parole régional.
Une
inflation qui pèse sur les assiettes
Si les augmentations de prix ont été nécessaires pour pallier à l'inflation, Ismail Guerre-Genton n'en a pour autant pas sacrifié la qualité de ses produits, indispensables à sa marque de fabrique : «On fait attention pour être à l'équilibre mais je ne négocie pas les tarifs avec mes producteurs qui ont eux aussi besoin de travailler. Nous sommes dans un esprit d'excellence, et cela a un coût» concède le chef pour qui l'inspiration vient du produit mais aussi d'une architecture, d'un tableau, d'une balade...
«Je
pense tout le temps 'cuisine'. Je ne note aucune recette, sauf pour
mes équipes. Je pars du principe qu'on a tendance à aller vers la
facilité en reprenant une recette et on en perd l'instinct».
Quand on parle d'audace, Ismail Guerre-Genton n'en oublie pas pour autant l'émotion et
la créativité.