Emploi salarié : les effets de la crise sanitaire effacés, en 2021
Selon les chiffres dévoilés par l’Insee, le 9 mars, 677 700 emplois ont été créés dans le secteur privé en 2021, soit 323 700 de plus par rapport au niveau d’avant-crise, en hausse de 3,5%.
Fin décembre 2021, l’Insee dénombre 25,9 millions de salariés. Ce chiffre record constitue une preuve que la crise sanitaire n’a pas freiné la progression de l’emploi et que la situation économique est redevenue «normale», dans quasiment tous les secteurs.
Après un ralentissement marqué début 2021, l’emploi salarié a affiché une hausse de 0,4%
au dernier trimestre. Durant cette période, les effectifs salariés ont augmenté de 106 900. Cette progression de fin d’année, (la quatrième consécutive, après +0,7% au premier trimestre, +1,2% au second et +0,5% au troisième trimestre) est principalement portée par l’emploi salarié privé avec 117 900 postes supplémentaires, soit +0,6%. En revanche, l’emploi public a reculé de 0,2% (-11 000), après une hausse de 0,2%, au trimestre précédent.
Au total, fin 2021, l’emploi salarié s’accroit de 2,8%, par rapport à fin 2020, soit près de 700 000 postes supplémentaires (+697 400) et de 1,5% (+380 100) comparativement avec son niveau prépandémique (fin 2019). En 2020, sous l'effet de la crise sanitaire, quelque 320 000 emplois ont été détruits dans le secteur privé, après cinq années de hausse. Entre 2015 et 2019, 215 600 emplois, en moyenne, ont été créés, chaque année, rappelle l’Insee.
La tendance profite à tous les secteurs, sauf l’industrie
Boussole pour analyser les tendances du marché du travail, l’emploi intérimaire s’est « fortement » repris au dernier trimestre, dans l’ensemble des secteurs, en particulier dans les services. En hausse de 5,4%, il a gagné 42 300 emplois, et dépasse, pour la première fois, son niveau d’avant-crise à +6,3%, à fin 2021, avec un gain de 49 100 postes.
Dans le détail, progressant de 4,7% (+67 600 emplois) par rapport à son niveau d’avant crise, l’emploi dans la construction (hors intérim) a augmenté de 0,4% au dernier trimestre 2021 (+6300, contre -1500 le trimestre précédent). Il progresse de 2,5% sur l’ensemble de l’année, annonce l’Insee. Dans le tertiaire marchand (hors intérim), la hausse se limite à 0,5% (+56 900). Impacté par les mesures de restrictions sanitaires, l’emploi avait fléchi de 2,6% sur l’ensemble de l’année 2020, soit 306 900 emplois de moins, mais a rebondi de 4,3% sur l’année 2021 (+490 900 emplois). A fin 2021, l’emploi de ce secteur dépasse son niveau prépandémique, notamment dans l'hébergement-restauration et les services aux ménages, de 1,6%, soit 184 100 emplois créés.
De son côté, le tertiaire non marchand marque un léger recul au dernier trimestre (-0,1%), en raison de la baisse de l’emploi public qui occupe deux tiers de l’emploi du secteur. Cependant, ce dernier dépasse de 1,3% son niveau de fin 2019. La hausse est portée principalement par le secteur de la santé avec 61 000 emplois supplémentaires.
En revanche, si les effectifs dans l’industrie, n’ont que légèrement augmenté (+0,2%), en fin d’année, l’emploi demeure inférieur à son niveau d’avant-crise (-33 900 postes par rapport à fin 2019 ). En 2020, le secteur a perdu 55 000 emplois.
Vers un enrayement...
Les bons chiffres révélés par l’Insee confirment ainsi que les effets de la crise sanitaire se sont estompés. Mais cette dynamique risque d’être freinée par les effets de la guerre en Ukraine. Selon les estimations, du cabinet d’études Asterès, spécialiste du conseil dans le domaine économique, le conflit pourrait entraîner une faible progression de l’emploi salarié, suite au ralentissement de l’activité et à la hausse des prix qu’il va engendrer. Asterès estime que l’impact sur le PIB en 2022 serait une baisse d’environ 1% de croissance, (sans blocage massif des importations de pétrole et de gaz russe de la part de l’Europe), correspondant à une perte de quelque «200 000 emplois salariés privés». Le cabinet anticipe une croissance de l’économie à hauteur d’un peu plus de 2%, contre 3,5% prévus avant le déclenchement de la guerre.
AÏcha BAGHDAD et B.L