Emploi en Hauts-de-France : entre résilience et signaux d'alerte
Après un recul au deuxième trimestre 2024, les Hauts-de-France ont connu une très légère reprise de +0,1% des effectifs salariés ces trois derniers mois. Une petite éclaircie qui intervient avant de probables mauvaises nouvelles sur le front de l’emploi.
«Au troisième trimestre, les effectifs salariés du secteur privé augmentent de +0,1% au niveau national, ce qui représente 21 400 postes supplémentaires. En Hauts-de-France, la progression est identique, ce qui équivaut à la création de 2 180 postes», détaille Valérie Hadet, directrice régionale de l’Urssaf Picardie. Sur un an, 53 700 postes ont été créés (+0,3%) en France, dont 3 570 en Hauts-de-France (+0,2%). Une situation plutôt positive à relativiser, puisque si l’Urssaf bénéficie de chiffres récents, ces derniers sont issus des déclarations effectuées par les employeurs chaque 15 du mois. «Il faut ensuite un peu de temps pour fiabiliser les données avant de pouvoir les restituer», pointe Valérie Hadet.
Les résultats du quatrième trimestre 2024, qui devraient être plus inquiétants, seront disponibles le 20 mars prochain. D’ailleurs, comme un avant-goût de la crise à venir, le nombre de procédures collectives dans le secteur privé des Hauts-de-France continue d’augmenter à un rythme «assez élevé». Sur les trois premiers trimestres, 928 redressements et 2 620 liquidations judiciaires ont été enregistrés.
Une économie en légère croissance
Si l’industrie dans les Hauts-de-France est à la peine avec une baisse de 370 postes, la construction, qui avait enregistré un recul au premier et au deuxième trimestre, connaît au troisième trimestre une petite embellie (+0,1%) grâce à la commande publique. En région, la reprise de l’intérim (+0,4%) ne permet cependant pas de compenser les baisses successives, portant le bilan annuel à -2,6%. Dans les secteurs des services (+0,8% sur un an) et de l’hébergement/restauration (+1,1% sur un an), le bilan est positif, porté notamment par les Jeux olympiques.
Globalement, la masse salariale soumise à cotisations augmente de +0,6% au troisième trimestre et le salaire moyen, qui se situe à 2 625 euros, connaît une hausse de 0,4%. Il reste en revanche inférieur à la référence nationale, qui est de 2 998 euros. Toujours dans la région, l’Urssaf a identifié 16 zones d’emplois en progression par rapport au deuxième trimestre 2024. Les plus fortes hausses sont enregistrées à Arras (+510 postes), Dunkerque (+450 postes) et Roubaix-Tourcoing (+390 postes). Creil connaît une évolution de 330 postes (+0,5%), Beauvais de 220 postes (+0,4%), comme Laon (+4%, soit +70 emplois) et Amiens (+2%, soit +210 postes). En revanche, la situation de l’emploi à Compiègne (-660 postes), Soissons (-190 postes) et Lens (-90 postes) se tend.
Emploi : un bilan contrasté pour les départements des Hauts-de-France
Au niveau départemental, le Nord, le Pas-de-Calais et la Somme ont connu un troisième trimestre 2024 plutôt positif. Dans la Somme (+0,3%, soit 390 postes supplémentaires), ce bon résultat est surtout dû à l’industrie, la construction, l’hébergement et les services. En revanche, dans l’Aisne et l’Oise, la situation est plus contrastée. Sur l’année, l’Aisne a connu un recul de 0,7% de l’emploi, notamment à cause de l’intérim, qui a perdu 170 postes.
Mais c’est dans l’Oise que la situation apparaît comme la plus complexe, puisque sur un an, le département a comptabilisé une perte de -0,8%, soit une suppression de 1 530 postes. «Il s’agit du 7e trimestre consécutif de baisse. C’est le recul le plus marqué des 5 départements», constate Valérie Hadet. Hormis le commerce (+0,5%) et les services (+0,6%), tous les autres secteurs doivent faire face à des difficultés.