Emeutes: Vincent Jeanbrun, l'élu LR propulsé symbole

Hier inconnu du grand public, propulsé symbole de la République après l'attaque de son domicile, le maire LR de L'Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun est un édile de terrain, porte-parole des...

 © Anahide MERAYAN
© Anahide MERAYAN

Hier inconnu du grand public, propulsé symbole de la République après l'attaque de son domicile, le maire LR de L'Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun est un édile de terrain, porte-parole des Républicains et proche de Valérie Pécresse.

L'élu de 39 ans, carrure de rugbyman et barbe soignée, s'est retrouvé sous les projecteurs ce week-end, après qu'une voiture destinée à prendre feu a été lancée en pleine nuit vers son domicile où dormait sa femme et ses deux enfants.

Une attaque "d'une lâcheté inqualifiable" pour cet enfant de L'Haÿ-les-Roses", grandi dans un bâtiment du quartier sensible des "Tours marrons", entre un père chauffeur-livreur et une mère au foyer d'origine italienne.

"Les thématiques d'intégration et de réussite, il les connaît, ce sont les siennes", assure un proche.

Ce diplômé d'une école de commerce, généralement décrit comme "pragmatique" et "consensuel", n'en a pas pour autant rejoint la gauche: attaché à la méritocratie, il représente une droite "très ferme sur le régalien et assez libérale sur le sociétal et l'économique", explique le conseiller régional Pierre Liscia.

Hostile à l'extrême-droite -- il avait organisé en 2002 une marche blanche contre Jean-Marie Le Pen -- il adhère à l'UMP pendant ses années étudiantes.

Ayant rejoint l'équipe parlementaire de Valérie Pécresse en 2012, il arrache à la gauche son bastion de L'Haÿ-les-Roses en 2014, devenant à 29 ans, et à la surprise générale, le plus jeune maire d'une ville de plus de 30.000 habitants.

Il fait alors partie de la jeune garde conquérante de LR, "toute une génération de bébés Pécresse (qui) ont été écrasés par la situation de la droite depuis dix ans", assure le député Renaissance Robin Reda, ex-LR qui partage avec lui "le goût de la conquête et la volonté d'aller vers des habitants pas forcément d'accord".

Malaise

Elu au conseil régional d'Ile-de-France en 2015, Vincent Jeanbrun en devient vice-président quatre ans plus tard. Il préside aujourd'hui le groupe majoritaire composé d'élus Horizons, MoDem, LR, écologistes...

A ce poste, la maire LR de Taverny Florence Portelli, une proche, le décrit comme "très bon président de groupe, homme de terrain, sympa".

Orateur de Valérie Pécresse pendant sa campagne pour la présidentielle en 2021, ce féru d'alpinisme (il a gravi le Mont Blanc) et de nouvelles technologies, est choisi début juin par Eric Ciotti pour devenir porte-parole du parti.

C'était un mois avant l'attaque de son domicile, qui a fait de lui un "symbole de le République qu'on attaque et qui résiste", comme le résume un proche. 

Plusieurs rassemblements en soutien aux maires de communes visées par les émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel ont été organisés dans le sillage de cette agression.

L'édile de L'Haÿ-les-Roses, secoué, n'en a pas moins multiplié les messages républicains, répétant que "c'est la démocratie elle-même qui est attaquée".

Depuis ce week-end son téléphone n'arrête pas de sonner -- au point qu'il a raté les premiers appels d'Emmanuel Macron, de Nicolas Sarkozy et de François Hollande -- et il multiplie les interviews.

Une marche de soutien a réuni lundi dans sa ville le gratin de la droite, de Gérard Larcher à Valérie Pécresse, sous les applaudissements des riverains.

Une médiatisation qui fait grincer quelques dents.

"On est un certain nombre a avoir un petit malaise, il surcommunique, ça nous choque", assure un élu francilien qui ne s'étonnerait pas de voir Vincent Jeanbrun appelé lors d'un éventuel remaniement.

"Il garde une très bonne intelligence avec la majorité présidentielle", note un député, en soulignant les "sourires contrits" des cadres LR pendant la marche de soutien au maire assailli par les micros -- il a même répondu, en italien, à la télévision italienne.

"Vincent Jeanbrun ministre, pourquoi pas? Si ce n'est pas dans six mois, ça peut tout à fait être dans cinq ou dix ans", sourit Pierre Liscia, selon qui le maire de L'Haÿ-les-Roses "fait partie des visages qui vont incarner quelque chose à droite".

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