Emeutes: Le Maire demande aux assureurs de baisser les franchises et d'indemniser rapidement
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a demandé samedi aux assureurs de prolonger les délais de déclaration, de réduire les franchises et d'indemniser rapidement les professionnels victimes des émeutes, envers qui les banques...
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a demandé samedi aux assureurs de prolonger les délais de déclaration, de réduire les franchises et d'indemniser rapidement les professionnels victimes des émeutes, envers qui les banques sont appelées à faire preuve de compréhension.
"Nous avons demandé aux assureurs de faire preuve de la plus grande simplicité dans le traitement des procédures" et de "réduire au maximum les franchises", a déclaré M. Le Maire devant des journalistes après avoir reçu des représentants des commerçants, hôteliers-restaurateurs, assureurs et banquiers à Bercy.
Pour le ministre, "les indemnisations doivent arriver le plus vite possible", "dans des délais qui doivent se chiffrer en jours et pas en semaines".
Un appel suffit !
Il a invité les victimes des dégradations et pillages à déclarer rapidement les sinistres à leur assurance. "Un appel suffit, ou un mail, ou un SMS!"
"Nous avons prévu d'étendre si nécessaire d'étendre les délais de déclaration", a-t-il ajouté.
"Il faut que les délais de déclaration soient allongés, mais les assureurs doivent aussi adapter les reconnaissances de sinistres", a remarqué Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes. "Je ne pense pas que les experts seront assez nombreux dans des délais courts, il faudrait que chaque sociétaire puisse photographier les dégâts pour pouvoir réparer sans attendre une expertise", a-t-il dit à l'AFP.
L'organisation professionnelle France Assureurs a assuré à l'AFP que ses membres étaient "tous mobilisés" pour répondre aux victimes des émeutes.
"Accélérer l'indemnisation est particulièrement crucial pour permettre aux professionnels dont l'outil de travail a été dégradé voire détruit de redémarrer rapidement leur activité", a-t-elle relevé.
Pas un mot, en revanche, sur les franchises pour l'instant.
Bruno Le Maire a également demandé aux banques "la plus grande compréhension en termes de traitement des échéances" des professionnels concernés.
Le président de la Fédération bancaire française Philippe Brassac a assuré qu'elles étaient "présentes, pleinement mobilisées pour répondre de façon personnalisée aux besoins de leurs clients touchés par les récentes émeutes".
Un report de paiement de charges sociales et fiscales pour les entreprises en difficulté sera également possible. Les commerçants réclament en outre un délai dans le remboursement des prêts garantis par l'Etat (PGE) accordés pendant la crise sanitaire.
Au bout de quatre nuits de troubles, on recense une dizaine de centres commerciaux et plus de 200 enseignes de la grande distribution attaqués et pillés - dont 15 incendiés -, 250 débits de tabac mais aussi 250 agences bancaires, des magasins de toutes tailles, des établissements de restauration rapide...
"C'est hyper critique et il y a vraiment des dégâts très importants", a indiqué à l'AFP Alain Di Crescenzo, président de CCI France (les chambres de commerce et d'industrie).
Pas suffisant
"On en est à plusieurs milliers de commerces", avec une prédilection pour les articles de sport, l'alimentaire et l'optique. Un bilan d'autant plus lourd selon lui que de nombreux vigiles ont fait valoir leur droit de retrait.
Chaque CCI a ouvert une cellule de crise --y compris psychologique--, selon M. Di Crescenzo, qui réclame aussi des aides pour compenser les franchises, les pertes d'exploitation si elles ne sont pas assurées, le paiement de vigiles et du chômage partiel. Il souhaite aussi, plus prosaïquement, la priorité dans les commissariats pour les commerçants afin qu'ils déclarent facilement leurs sinistres.
Pour Murielle Bourreau, vice-présidente de la Fédération française des associations de commerçants, le geste de M. Le Maire "ne sera pas suffisant".
"J'entends un énième report (des charges) après celui qu'on a eu après la Covid, qu'on a eu après la réforme des retraites ou les gilets jaunes. Je pense que les commerçants vont être pris à la gorge une fois de plus", a-t-elle déclaré sur le plateau de BFMTV, dénonçant au passage des procédures d'indemnisation trop lourdes.
Par ailleurs, la possibilité de prolonger d'une semaine des soldes pour les commerces affectés est à l'étude.
"Les soldes démarraient très bien, le tourisme se porte très bien. Nous avons tant de chances, tant d'atouts dans ce pays, il nous faut les préserver", a plaidé Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée notamment des PME et du commerce.
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