Embellie fragile pour les promoteurs immobiliers
Malgré une hausse de près de 20 % de leurs ventes au premier semestre 2015, les promoteurs immobiliers s’inquiètent : cette dynamique est essentiellement portée par les ventes locatives, boostées par le dispositif Pinel.
Au premier semestre 2015, les ventes des promoteurs immobiliers ont bondi de 19,3 %, a annoncé la FPI, Fédération des promoteurs immobiliers, qui regroupe plus de 500 sociétés de promotion, dans un communiqué publié le 27 août. Au deuxième trimestre 2015, la croissance a été particulièrement élevée (+23,1 %), et plus de 30 000 logements ont été réservés. Pour l’essentiel, ils l’ont été par des ménages investisseurs dans la pierre, encouragés par le dispositif fscal Pinel, et qui ont profité des faibles taux d’intérêt. Au total, pour le premier semestre, l’observatoire de la FPI décompte donc 24 749 ventes locatives, en hausse de plus de 66 %. Cela représente 51 % du total des ventes au détail du semestre, soit plus de dix points de plus qu’à la même période en 2014, pour un volume comparable à celui de 2011. Au-delà de la croissance vive de ce segment de marché, le tableau que dresse la FPI comporte des zones d’ombre : les ventes au titre de l’accès à la propriété ne connaissent pas une dynamique aussi forte. Elles ont augmenté de 5 % sur le semestre. Pis, les ventes en résidence services (pour étudiants, seniors ou de tourisme) ont reculé d’environ 3 %, et les ventes en bloc jusqu’à chuter de 23,1 % par rapport à la même période de 2014. Par ailleurs, le regain de la demande pour les logements neufs pourrait engendrer des tensions sur l’offre, si cette dernière n’est pas nourrie par de nouveaux projets. Car, d’après l’observatoire de la FPI, pour l’instant, le rythme des mises en vente progresse moins vite (+ 15 %) que les ventes, ce qui engendre un léger recul du niveau de l’offre disponible (- 1,4 %). Signe de ce début de tension entre la demande et l’offre de logements, les prix sont très légèrement orientés à la hausse. Toutefois, les situations varient sur les différents marchés locaux. Ainsi, le prix de vente moyen a diminué de plus de 4 %, dans l’Eurométropole de Strasbourg et dans la communauté d’agglomération de Besançon entre le deuxième trimestre 2014 et 2015. Il a légèrement baissé dans la communauté d’agglomération de Rouen, dans la métropole Nice Côte d’Azur, et à Marseille Provence Métropole. En revanche, en Île-de-France, le niveau des prix a augmenté de 1,1 %. Quant à la communauté d’agglomération de Tours, la communauté d’agglomération de Montpellier, la communauté urbaine de Nantes métropole, et le Scot de Lille, ils connaissent des croissances de prix aux alentours de 1 %.
Des difficultés structurelles ?
Au total, signale la Fédération, cette embellie portée par le dispositif fiscal Pinel ne doit pas dissimuler une «fragilité globale» du secteur : non seulement les ventes hors investissement ne redémarrent pas, voire, sur certains segments, régressent, mais en plus, la remontée à deux chiffres de 2015 s’explique aussi par le faible niveau de départ. Finalement, «les difficultés structurelles du métier persistent», estiment les promoteurs. Et il est de fait que les chiffres sur les mises en chantier et les permis de construire sont orientés à la baisse fin juillet, d’après les données fournies par un communiqué du Ministère du logement du 28 août, cité par l’AFP. De mai à juillet dernier, les mises en chantier de logements neufs ont continué à baisser. Sur un an, le recul est de 6,3 % (86 100 unités). Quant aux permis de construire accordés, après une hausse fin juin, la première depuis neuf mois, ils ont eux aussi diminué de 7 % sur les trois derniers mois ( 93 900 unités). En conclusion du bilan de l’activité des promoteurs sur le semestre passé, Alexandra François-Cuxac, la nouvelle présidente de la FPI, depuis le 1er juillet , en appelle au gouvernement pour supprimer les obstacles à la construction et relancer l’accession à la propriété. «Pour reconquérir les accédants à la propriété, les outils actuels ne suffisent plus. L’offre de logements abordables est insuffisante», a expliqué Alexandra François-Cuxac, au quotidien économique Les Échos, le 28 août, réclamant «une TVA à 5,5 %, qui pourrait être accordée moyennant un prix de vente plafonné».