Egalité professionnelle : un tour de France pour mobiliser

Pour Marlène Schiappa, il faut aussi mener un combat culturel.
Pour Marlène Schiappa, il faut aussi mener un combat culturel.

Le Tour de France de l’égalité était de passage à Amiens le 19 octobre avec comme invitée d’honneur la secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa. L’occasion pour elle et les acteurs locaux d’échanger sur le sujet et de mettre en évidence des efforts qu’il reste à faire.

Pour Marlène Schiappa, il faut aussi mener un combat culturel.

L’égalité entre les femmes et les hommes, consacrée “grande cause nationale” par le Président de la République, est le thème d’un Tour de France qui a fait escale à Amiens le 19 octobre au Quai de l’Innovation. Un événement destiné à recueillir la parole des femmes et des hommes sur l’égalité au quotidien, les difficultés rencontrées et les propositions formulées pour la faire progresser. L’occasion également de faire émerger et partager les bonnes pratiques, faire connaître les dispositifs innovants qui existent à l’échelle du territoire et d’identifier les nouveaux chantiers à ouvrir. « Les droits des femmes et leur place dans la société ne doivent plus faire l’objet de grands discours. Il faut passer à l’action », s’est exclamé Philippe de Mester, préfet de la Somme, en guise de préambule, rappelant que l’écart de salaire entre les hommes et les femmes était encore de 26% dans la région.

DES ÉCARTS JUSQU’À LA RETRAITE

Cet indicateur n’est pas le seul témoignant de la nécessité de poursuivre les actions en faveur de la mixité. Selon Audrey Baehr, chef de projet à l’Insee, « les inégalités se dessinent dès le plus jeune âge avec des choix d’orientation très différents dès le lycée ». Durant leur carrière professionnelle, les femmes occupent le plus souvent des emplois à temps partiel dans des secteurs moins rémunérateurs que les hommes. La part de cadres n’atteint que les 12% chez elles alors qu’elle est de 17% chez les hommes. À l’âge de la retraite, les écarts se poursuivent. « Les femmes partent un an plus tard que les hommes et leurs pensions de droit direct sont inférieures de 42% en moyenne à celles des hommes. L’écart se réduit à 20% après la prise en compte des pensions de ré- version », note la statisticienne.

UN PLAN EN TROIS AXES

Une différence de traitement qui serait en grande partie due à la maternité, comme le souligne Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes : « La maternité supposée est un gros frein dans la carrière des femmes. Avant même de tomber enceintes et même si elles n’ont pas l’intention de fonder une famille, elles sont considé- rées comme des agents à risque ». Pour remédier au problème, « il y a un combat culturel à mener ». D’abord, par de la prévention, « en favorisant la mixité dès le plus jeune âge et en améliorant les congés maternité, paternité et parental », précise Philippe de Mester. Deuxième volet du programme dé- ployé par le gouvernement, l’action. « Il s’agit là d’accompagner et de conseiller les entreprises. Il existe notamment un guide à disposition des TPE et PME qui souhaitent se mettre en conformité avec la loi et agir en faveur de cette cause », indique la ministre. Enfin, la répression qui peut aussi être utilisée afin de « faire respecter la loi et de construire une société plus juste », note Philippe de Mester. Cela passe par des contrôles aléatoires pouvant aboutir à des amendes. « C’est assez rare d’en arriver là. Bien souvent après mise en demeure, le chef d’entreprise dépose un accord en bonne et due forme afin de se mettre en conformité avec la loi », se félicite Philippe Suchodolski, directeur du travail à la Direccte Hauts-de-France. Preuve que les mentalités évoluent déjà dans le bon sens, comme l’ont par ailleurs souligné plusieurs intervenants lors de l’étape amiénoise du Tour de l’égalité.