Effondrement de la biodiversité: Borne veut des résultats radicaux sans "brutalité"
La Première ministre, Elisabeth Borne, a présenté lundi la version finale de la "stratégie nationale biodiversité" (SNB), dont l'effondrement est "une menace existentielle" pour les sociétés, a-t-elle souligné, en prônant...
La Première ministre, Elisabeth Borne, a présenté lundi la version finale de la "stratégie nationale biodiversité" (SNB), dont l'effondrement est "une menace existentielle" pour les sociétés, a-t-elle souligné, en prônant une "radicalité des résultats" sans "brutalité".
Cette troisième SNB, attendue depuis deux ans, doit prendre la suite des deux premières, dont les objectifs n'ont pas été atteints.
Certaines associations ont toutefois jugé cette stratégie insuffisante sur la réduction des subventions agricoles dommageables à l'environnement, à propos desquelles le gouvernement promet l'élaboration en 2024 d'un plan de réorientation ou suppression "progressives".
"L'effondrement de la biodiversité est si fort, si rapide, si généralisé qu'une sixième extinction menace. (...) En un mot, l’effondrement de la biodiversité est une menace existentielle pour nos sociétés. Nous devons l’endiguer rapidement et inverser la tendance fortement", a déclaré la cheffe du gouvernement en présentant 40 mesures destinées à sauvegarder la nature et "stopper l'effondrement du vivant" d'ici à 2030.
Mais elle a souhaité que les objectifs suivent "un même principe: la radicalité des résultats sans la brutalité des mesures", laissant le ministre Christophe Béchu (Transition écologique) et la secrétaire d'Etat Sarah El Haïry (Biodiversité) en préciser les contours.
Cette stratégie est censée être la déclinaison française de l'accord de Kunming-Montréal, adopté en décembre 2022 par la communauté internationale à la COP15 Biodiversité: protection effective de 30% des terres et des mers, restauration de 30% des écosystèmes dégradés, réduction de moitié des pesticides, etc.
Frustration
Les axes principaux du plan visent à avoir plus d'aires protégées avec notamment un douzième parc national dédié aux zones humides, dont l'emplacement sera finalement connu au printemps, avec six mois de retard. Trois territoires ont été sélectionnés: la Camargue, la Loire et la Guyane.
L'objectif est aussi de restaurer la nature, avec un milliard d'arbres plantés, 50.000 km de haies en plus, ou encore des îlots de fraîcheur dans les écoles et de mobiliser davantage les entreprises et la jeunesse, en accueillant d'ici à 2030 10.000 jeunes de 16-25 ans en service civique "Jeunes et nature".
Sur les subventions néfastes à la biodiversité, la secrétaire d'Etat chargée de la Biodiversité Sarah El Haïry a promis une "mission" en 2024 avec les ministères de l’Economie et de l'Agriculture pour les "réorienter" vers l'accompagnement de la transition écologique.
Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue nationale pour la protection des oiseaux (LPO) a déploré les atermoiements du gouvernement à ce sujet. "On espérait un grand plan agriculture où l'on change de paradigme, donc frustration", a-t-il commenté. Pour lui, la concertation prévue à ce sujet "dessert l'ambition" de la SNB. Il a aussi posé la question d'interdire la chasse dans les zones à forte protection.
Michael Weber, président de la fédération des parcs régionaux et sénateur PS de Moselle, a déploré l'absence du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau. "Si on peut subventionner tout ce qu'on a comme politiques agricoles impactantes (négativement) sur l'environnement, ça ne sert à rien", a-t-il dit à l'AFP.
"On peut toujours vouloir faire plus, le fait est que nous n'avons jamais fait autant", a répondu Christophe Béchu.
A l'inverse, le président des chambres d'agriculture, Sébastien Windsor, a salué une volonté "d'embarquer et pas d'imposer", pour "ne pas mettre la nature sous cloche et ne pas stigmatiser telle ou telle profession".
Jet-skis
La Première ministre a confirmé qu'un milliard d'euros allaient être consacrés à la protection de la nature et de l'eau en 2024, en hausse de 250 millions d'euros. Les besoins complémentaires en 2027 sont estimés à 450 millions d'euros.
Le gouvernement veut d'ici à 2030 placer 10% du territoire national en "protection forte" (contre 4,2% en 2023). Mme El Haïry a aussi évoqué la création de Tracnat, un service pour lutter contre le commerce illégal de ressources naturelles.
Christophe Béchu a fait valoir la création "inédite" de 141 emplois, bien que "pas à la hauteur de ce qui a été supprimé" ces vingt dernières années.
Parmi les nouveautés du plan, une action de "réduction de la pollution sonore sous-marine" sera engagée avec les compagnies maritimes mais aussi les activités récréatives dans les aires marines protégées, notamment en Méditerranée pour les compétitions motorisées, du type jet-ski, dès 2024.
344L6TU