EELV: Bayou accusé de "violences psychologiques", la plaignante veut "le procès féministe du siècle"

L'ancien leader d'EELV Julien Bayou est visé par une plainte pour harcèlement moral et abus de faiblesse de son ex-conjointe, Anaïs Leleux, qui a affirmé mercredi vouloir faire de cette...

Julien Bayou à Paris le 6 novembre 2023 © Bertrand GUAY
Julien Bayou à Paris le 6 novembre 2023 © Bertrand GUAY

L'ancien leader d'EELV Julien Bayou est visé par une plainte pour harcèlement moral et abus de faiblesse de son ex-conjointe, Anaïs Leleux, qui a affirmé mercredi vouloir faire de cette séquence "le procès féministe du siècle".

La plainte visant le député Europe Ecologie - les Verts a été enregistrée mardi et est "actuellement à l'analyse", a indiqué mercredi le parquet de Paris, joint par l'AFP et confirmant une information du site Les Jours.

"Les faits dont elle témoigne sont extrêmement graves et nous les prenons très au sérieux. Écouter la parole des femmes victimes, l'encourager et agir en conséquence, est de notre responsabilité en tant que parti", a réagi le parti écologiste.

Contacté, Julien Bayou, qui avait dû quitter la tête de son parti à cause des premières révélations sur cette affaire, ne s'est pas immédiatement exprimé.

Stress post-traumatique

Dans un long entretien diffusé mardi, Anaïs Leleux, militante féministe, a expliqué aux Jours reprocher "des violences psychologiques" à son ex-compagnon, qui lui a "fait croire" qu'elle était "folle".

"Je ne sortais plus de la maison parce que j'avais peur de faire peur, de faire du mal. Jusqu'au jour où j'ai vu une psychologue qui m’a demandé: +Mais qui vous dit que vous êtes folle ?+ Et quand je lui ai donné le nom de Julien Bayou, elle s'est liquéfiée et a fini par me dire qu'elle connaissait d'autres femmes qui avaient eu affaire à lui", affirme la plaignante.

Après la rupture fin 2021, Anaïs Leleux relate deux tentatives de suicide, bouleversée par "des témoignages d'autres femmes" qu'elle reçoit sur les "comportements problématiques" de son ex-compagnon.

La trentenaire, qui a milité au sein d'Amnesty International, du collectif NousToutes et fondé le think tank Pourvoir féministe, l'accuse aussi d'abus de faiblesse. 

Alors qu'elle était "suicidaire" et en "stress post-traumatique", elle signe "plein de papiers": "Une convention de séparation, un protocole d’accord, un acte de vente…". "Il s'est acharné sur moi alors que j'étais au bout du rouleau", juge-t-elle.

EELV ciblé

La militante a également porté plainte contre X "pour non-assistance à personne en danger", a-t-elle indiqué aux Jours. Cette plainte "contre EELV" est également à l'analyse, selon le ministère public.

Elle veut que la justice entende "tous ceux qui ont contribué à (la) violenter psychologiquement pour le défendre": "Un certain nombre de militants et cadres du parti EELV", qui n'ont "pas réagi".

"Dans un parti qui se dit féministe, on s'amuse à faire passer des femmes pour des idiotes superficielles", a-t-elle dénoncé mercredi après-midi lors d'une conférence de presse organisée à Paris, affirmant vouloir faire de cette séquence "le procès féministe du siècle".

Quelques membres d'EELV, parmi lesquelles deux candidates aux élections européennes et la conseillère régionale Annie Lahmer, qui avait dénoncé les agressions sexuelles de l'ancien cadre d'EELV Denis Baupin, se tenaient à ses côtés, a constaté un journaliste de l'AFP. 

L'affaire avait été révélée en juillet 2022, quand la cellule interne d'EELV sur les violences et harcèlements sexuels s'était autosaisie à la suite d'un courriel de son ex-compagne. À l'époque, aucune plainte n'avait été déposée ni aucune enquête judiciaire ouverte. 

Elle avait pris un nouveau tournant en septembre, lorsque la députée Sandrine Rousseau avait accusé M. Bayou de "comportements de nature à briser la santé morale des femmes", après avoir "reçu longuement" chez elle Mme Leleux. 

Julien Bayou avait démissionné quelques jours tard du secrétariat national d'EELV, dénonçant, par la voix de son avocate, "une instrumentalisation du combat" contre les violences faites aux femmes "à des fins politiques", à l'approche du Congrès du parti.

Anaïs Leleux estime, elle, que le protocole de la Cellule d'enquête sur les violences sexistes et sexuelles (CVSS) au sein d'EELV, saisie en juillet 2022, l'a "mise en danger": membres "pas solidement formés", enquête non "externalisée", "accès au nom des plaignantes"...

EELV a expliqué mercredi que cette cellule n'avait "pas été en mesure de recueillir la parole de Madame Leleux et, en l'absence de tout témoignage, a dû clore le dossier". 

Le parti a ajouté espérer que "la réponse judiciaire sera en mesure de mettre en lumière la vérité".

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