Éducation: la ministre entre premières gammes et fausses notes

A la tête de l’Éducation nationale, la novice Anne Genetet promet d'être la ministre du "dialogue" et de "l'apaisement", mais connaît ses premières fausses notes et...

La ministre de l'Éducation nationale Anne Genetet à l'Élysée, le 1er octobre 2024 © Ludovic MARIN
La ministre de l'Éducation nationale Anne Genetet à l'Élysée, le 1er octobre 2024 © Ludovic MARIN

A la tête de l’Éducation nationale, la novice Anne Genetet promet d'être la ministre du "dialogue" et de "l'apaisement", mais connaît ses premières fausses notes et affronte un monde de l'éducation circonspect.

Moins de quinze jours après sa prise de fonctions, cette inconnue du grand public et des enseignants démarre à tâtons sa première expérience ministérielle. 

L'ex-députée macroniste des Français de l'étranger qui à l'Assemblée nationale, intervenait sur les sujets défense, a effectué sa première visite de terrain au collège Gabriel-Havez de Creil (Oise) qui fut en 1989, l'épicentre de "l'affaire du foulard" avec l'exclusion de trois jeunes filles voilées, prémices de quatre décennies de controverses autour de la laïcité à l'école. 

La ministre y a échangé précautionneusement avec des professeurs et élèves au sujet des différents projets mis en œuvre dans l'établissement, sur le harcèlement, la laïcité ou la sécurité civile.

A l'occasion de cet exercice aussi bordé que scruté, elle a évité la sortie de route immédiate de l'une de ses prédécesseurs Amélie Oudéa-Castéra, qui avait justifié la scolarisation de ses enfants dans un établissement privé huppé par des "paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public, suscitant un tollé.

Vilipendée dès sa nomination pour sa méconnaissance du monde éducatif, la nouvelle ministre a dû comme "AOC" affronter un premier procès en déconnexion, en raison de son activité passée de conseil pour les expatriés recrutant des employées de maison à Singapour dans les années 2010.

S'efforçant de se montrer à l'écoute, elle a lancé une invitation au ministère du TikTokeur SenseidesMots, auteur d'une pétition proposant le changement des rythmes scolaires pour que "les cours les plus exigeants" aient lieu "uniquement le matin", qui a recueilli plus de 300.000 signatures. 

Invitation aussitôt remisée après la publication d'anciens messages homophobes du TikTokeur dont le contenu a été dénoncé par des députés de gauche comme le LFI Rodrigo Arenas, qui a demandé "l'annulation de cette rencontre".

Vendredi, au cours de sa première interview sur RTL, la ministre s'est pris les pieds dans le tapis en annonçant "un temps de recueillement" pour le 7 octobre, jour de l'anniversaire de l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël, avant que le ministère ne rétropédale en précisant qu'il s'agissait d'une commémoration de la mort des enseignants tués Dominique Bernard et Samuel Paty, envisagée le lundi suivant.

"Amélie Oudéa-Castéra commence à me manquer", a ironisé sur X le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, spécialiste de l'éducation. "Same energy", a grincé Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré, en accompagnant son message sur X d'une vidéo où l'ancienne ministre glisse dans la Seine. 

pas de "big bang

Depuis sa prise de fonctions, Anne Genetet marche sur des œufs dans un monde éducatif en crise, échaudé par une instabilité ministérielle inédite avec cinq ministres depuis la réélection d'Emmanuel Macron en 2022.

Désireuse d'incarner stabilité et apaisement, elle a affirmé lors la passation de pouvoirs avec sa prédecesseure Nicole Belloubet ne pas vouloir "changer de cap" sur la politique éducative. 

Elle l'a répété jeudi devant les recteurs: elle "ne sera pas la ministre du +big bang+", promettant "apaisement" et "stabilité". 

"Des chantiers importants ont été ouverts ces dernières années et je m’engage à les mener à leur terme", a-t-elle ajouté, indiquant notamment qu'elle allait reprendre la réforme de la formation initiale des professeurs, mis sur pause depuis la démission du gouvernement Attal. 

"Le cap est donné et gardé. C'est quand même cette petite phrase qui, à mon avis, résume tout", a estimé Sophie Vénétitay, à l'issue d'une première rencontre avec Anne Genetet mercredi. 

"C'est une ministre qui est sous tutelle, qui est sous la garde rapprochée de Gabriel Attal et d'Emmanuel Macron pour poursuivre les politiques menées", juge la syndicaliste. 

Anne Genetet qui a dans son équipe plusieurs ex-collaborateurs de Gabriel Attal, a confirmé sur RTL "s'inscrire dans la politique de l'éducation que le président de la République a lancée dès 2017". 

Mais elle estime avoir été "choisie et nommée pour son travail et ses qualités d'écoute et de dialogue". "C'est ça que je mettrai en œuvre dans mon ministère", a-t-elle promis.  

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