EDF, acteur majeur de la transition énergétique
EDF, qui compte 130 000 salariés en France, dont 10 000 en Hauts-de-France, a pour mission de continuer à développer les ENR tout en relançant la filière nucléaire hexagonale. Un défi colossal qui devrait profiter au territoire picard. Rémy Vergriete délégué territorial EDF Picardie évoque les retombées locales engendrées par la filière nucléaire.
La Gazette : Quelles sont les activités du groupe EDF en Picardie ?
Rémy Vergriete : Nous appliquons en Picardie la stratégie nationale du groupe EDF qui fonctionne sur deux axes : l’indépendance énergétique et la stratégie bas carbone. Notre groupe intègre trois métiers qui sont la production d’énergie, son transport et sa distribution.
Et ce, en direction des particuliers, des professionnels et des collectivités. Enfin, nous proposons des services autour de la transition et de l’efficacité énergétique dans les secteurs les plus énergivores et émissifs de dioxyde de carbone que sont l’industrie, le transport et le bâtiment. Nous accompagnons, notamment, la réduction de la consommation d’énergie.
EDF compte de nombreuses filiales, quelles sont leurs missions ?
EDF et ses filiales permettent d’accompagner la transition environnementale. En Picardie et ailleurs, Dalkia est à la manœuvre sur les sujets collectivités et industrie, notamment sur les réseaux de chaleur, la gestion du besoin et de la performance énergétique. Il y a aussi EDF renouvelable qui construit et exploite des champs éoliens onshore et offshore ainsi que des centrales solaires au sol.
La Picardie étant un territoire très agricole, l’agrivoltaïsme fait partie de nos champs de développement locaux. Il y a beaucoup d’autres filiales que l’on pourrait citer, Izivia pour la mobilité électrique, EDF ENR pour le solaire en toiture... Toutes partagent un même objectif, celui de répondre aux enjeux environnementaux.
Quel regard portez-vous sur l’année écoulée ?
Nous avons vécu une année assez singulière avec un choc énergétique majeur. Celui-ci a totalement changé la donne. Avant cette crise, nous étions dans une logique d’énergie disponible, peu coûteuse. Aujourd’hui, nous avons radicalement évolué quant à l’accès à l’énergie, sa disponibilité et le besoin impérieux de souveraineté des pays. Les utilisateurs ont également su s’emparer du sujet fondamental qu’est la sobriété énergétique.
Qu'en est-il de l’industrie ?
Concernant la politique industrielle, nous sommes aussi sur une évolution majeure avec une stratégie appelée à fonctionner sur deux jambes avec le choix d’un mix énergétique qui s’articule autour du nucléaire et des énergies renouvelables. Cela nécessite de redonner ses lettres de noblesse à l’industrie et d’accompagner le besoin en ressources qui va être déterminant, notamment pour relancer la filière nucléaire.
Quel sera l’impact dans notre région ?
Pour répondre aux besoins en électricité qui s’annoncent dans les années à venir (cf encadré), le Président de la République a annoncé, lors de son discours de Belfort, la création de six EPR2 et le lancement d’études pour la construction de huit EPR2 additionnels. Pour les Hauts-de-France, ces déclarations sont très importantes puisque le premier EPR2 sera à Penly en Normandie et le suivant à Gravelines dans le Nord. Le début des travaux est programmé pour 2025/ 2026 pour une mise en service entre 2037 et 2038.
Qu’est ce que cela représente concrètement ?
Le chantier nécessitera entre 8 et 9 000 personnes pendant des années, et cela en plus des 2 500 salariés actuels qui exploitent la centrale de Gravelines. EDF évoque un besoin de recrutement au niveau national oscillant entre 15 et 20 000 personnes pour la production, le réseau et l’efficacité énergétique chaque année pendant dix ans. Tous les acteurs locaux doivent se mettre en ordre de bataille pour profiter de cette dynamique. La Picardie doit pouvoir saisir les opportunités qui se présentent à elle tant sur les emplois que sur les marchés.
Un changement majeur
« Nous travaillons sur la logique bas carbone depuis 20 ans. Sur la consommation, nous devons accompagner les acteurs publics et privés sur la décarbonation, les économies d’énergie et les l’efficacité énergétique. Sur la production, EDF s’inscrit dans la logique France énergie climat qui porte la stratégie nationale bas carbone et la programmation pluriannuelle de l’énergie.
Nous sommes passés d’une logique d’abaissement de la production nucléaire à 50% à l’horizon 2040 à la nécessité d’augmenter de 40% la capacité de production d’électricité d’ici 2040. C’est un changement majeur. En France, en 2022, nous avons produit 445 TWh d’électricité. Ce que prévoient RTE et l’Ademe, c’est qu’en 2035, il nous faudra 580 à 640 TWh d’électricité », explique Rémy Vergriete.